------La création de Relizane date
d'un décret impérial du 24 janvier 1857. Auparavant, Relizane
ne consistait que dans sa redoute, le fortin actuel.
------Notre ville compte donc aujourd'hui
68 ans ; bien rares sont, maintenant, les habitants qui connurent sa naissance.
L'installation du nouveau centre fut confiée au capitaine du Génie
Izambar et sa superficie, de 4000 hectares d'abord, fut immédiatement
portée à 10 625 hectares 67 ares.
------Inutile de dire que ses débuts
furent extrêmement pénibles ; de par son climat d'alors surtout,
Relizane était tellement déshérité qu'il méritait
bien vite et pour longtemps le peu favorable surnom de "Cayenne
de l'Algérie". Une plaine aride, parsemée de
marais pestilentiels, quelques touffes de tamarins et de lauriers-roses
aux abords de la Mina ; des jujubiers touffus sur l'emplacement actuel
de la ville tel était le décor général et
particulier de ce que l'on avait choisi pour l'installation d'un centre
dont aujourd'hui l'avenir est certain et dont la prospérité
économique atteint actuellement un degré envié.
------Point n'est besoin de dire que nous
devons un tel succès aux premiers colons qui vinrent planter dans
un tel milieu les jalons de la civilisation et les germes du progrès
par le travail, la persévérance, le courage à toute
épreuve.
Recherche de l'eau
------Honneur à ces
braves, honneur à leur mémoire. A cette époque, comme
aujourd'hui la question de l'eau était la plus angoissante ; il
fallait aller chercher l'eau d'alimentation à Zemmorah, distant
de vingt kilomètres et quand le convoi arrivait, chacun recevait
une très minime part ; et le soleil était terrible.
------Plus tard on eut recours à un
puits creusé en aval du barrage et dont les eaux étaient
filtrées uniquement par le sable des berges.
------En 1859, on répare le barrage
de la Mina et les anciens canaux turcs. La zone irrigable est augmentée,
la culture du coton trouve d'ardents promoteurs chez M. d'Armagnac et
le colonel Faure.
------A cette date remonte la création
du premier syndicat administratif des eaux de la Mina et la construction
du premier filtre qui donne de l'eau à peu près potable
à proximité de la ville (emplacement actuel de l'usine à
gaz). Des pistes sont tracées sur Mascara, Mostaganem,Tiaret.
Sur la place de l'Horloge (actuellement marché aux légumes),
on édifie une halle aux grains et crée les jardins qui entourent
le Nord de la ville ; grâce à la prospérité
des cultures cotonnières, en deux ans, une notable aisance apparaît
à Relizane.
------Puis survient un arrêt fort compromettant
dans l'essor de la ville : 1864 est douloureusement marqué de deux
graves épreuves : une invasion de sauterelles
et l'insurrection des Flittas qui éclate le 11 mars.
------Tous les habitants, doivent en hâte,
se réfugier au Fortin et les colons de la plaine sont avisés
de les rejoindre sans perdre une minute, tous n'ont pas le temps d'obéir
; les retardataires sont massacrés sans exception ; un seul, de
mémorable souvenir, M. Granet, parvient à se sauver avec
son jeune fils en résistant avec un courage inouï aux assauts
de l'ennemi, dans la ferme Cazalis, appelée depuis ce beau fait
d'armes, la ferme de la Résistance. L'arrivée de la colonne
Lapasset dégageait enfin Relizane et, dans la même année,
l'armée, qui venait de sauver son oeuvre, la transmettait à
l'autorité civile qui allait en prendre charge.
------Au moment où le capitaine Segard,
dernier chef du district, passe ses pouvoirs au Commissaire civil Sylvestre,
Relizane, avec ses annexes de l'Hillil et de Bouguirat, comptait une population
de 2 372 habitants et possédait un budget se soldant par une encaisse
disponible de 21 966,65 francs.
------Ces chiffres indiquent que, malgré
les épreuves de 1864, le peuplement et la situation économique
du centre étaient en bonne voie.
------Nous sera-t-il permis de rappeler ici
un épisode tragico-comique qui illustra la réception de
l'Empereur Napoléon III, de passage à Relizane ?
------Prévenus de son impériale
visite, les Flittas vinrent en foule à Relizane, uniquement préoccupés
par l'obtention de la grâce des nombreux prisonniers faits pendant
l'insurrection.
Au moment de l'arrivée, ils entourent les voitures à tel
point que celles-ci ne peuvent plus avancer, et présentent leurs
suppliques avec force démonstration de fidélité.
------Toutefois, Mac-Mahon, qui était
aux côtés de l'Empereur, voyant le danger qu'un tel rassemblement
pouvait faire naître, dépêche un aide de camp dans
chaque recette de la ville avec ordre de rapporter immédiatement
tout le numéraire disponible, et par poignées, le jette
généreusement de droite et de gauche aux indigènes
qui oublient aussitôt leurs requêtes et se précipitent
pour prendre part à l'aubaine. La route devient libre, le Maréchal
rallie l'escorte et au galop, le cortège reprend sa route, passant
en vitesse devant la halle préparée pour le banquet, et,
par le boulevard de Mascara, gagne à toute allure la route de Mostaganem.
Mac-Mahon avait bien manoeuvré.
L'essor de la ville
------L'année 1865
fut spécialement consacrée à réparer les dommages
de l'insurrection, c'est à cette date également qu'il faut
placer la construction de bâtiments qui, longtemps, servirent de
Mairie, justice de Paix et Eglise.
Les travaux d'ouverture de la route nationale et de celle de Tiaret sont
poursuivis ; on commence les travaux de la ligne ferrée
-----Toutes ces entreprises, qui se poursuivent
pendant les années 1866 et 1867, attirent naturellement de nombreux
travailleurs dont quelques-uns se fixent à Relizane et concourent
au peuplement de la ville un moment cruellement éprouvée
par la famine de 1867.
------Les années 1868 et 1869 sont
marquées de résultats heureux : le chemin de fer est inauguré,
le pont de la Mina ouvert à la circulation enfin, le service des
Ponts et Chaussées établit la machine qui, élevant
l'eau dans trois grands bassins à filtre, permet d'alimenter les
abreuvoirs et les fontaines de la ville.
Le réseau des canaux d'irrigation étant terminé,
on commence aussitôt un système de canaux d' assèchement
destiné à faire disparaître, avec les marais de la
plaine, la malaria, cause de tant de décès.
------Le 6 juillet 1869, Bouguirat
cesse d'être une annexe de Relizane et devient commune de plein
exercice. En 1870, on construit l'abattoir actuel, et le 15 juin le tronçon
Relizane-Orléansville est livré à l'exploitation.
------En juillet la guerre éclate
; Relizane veut y prendre part et un corps franc s'organise sous les ordres
du capitaine Deschène, qui fait campagne sous les ordres de Garibaldi
et prend part à toutes les opérations de ce corps d'armée
dans l'Est de la France.
------Enfin le 5 janvier 1871, c'est-à-dire
quatorze ans après sa création, Relizane naît à
la vie municipale. M. Agard est son premier
maire. Après quelque temps, celui-ci rentre définitivement
en France.
------En janvier 1872 M. Victor Save lui
succède,
et garde la Mairie jusqu'à sa mort, survenue en mars 1891, laissant
en exécution le projet d'alimentation de la ville en eau potable.
C'est la municipalité Carriol qui inaugura en 1893, la conduite
de 24 kilomètres de long qui, depuis nous alimente en eau des sources
de Tilouanet. Cet événement, considérable à
l'époque était en particulier l'oeuvre de notre ancien et
regretté conseiller général
M. Caralis.
------Sous l'administration de M. Sauve,
il y a à signaler, de 1876 à 1878, la construction de l'école
des garçons et de l'hôpital ; de 1883 à 1889, la construction
de la Mairie, dugroupe scolaire des filles, de la prison, du Temple protestant,
du chemin de fer de Mostaganem à Tiaret, la construction du syndicat
des eaux.
------Bien qu'éprouvée en 1881
par l'inondation de son territoire qui fait de nombreux dégâts
et deux victimes, et plusieurs fois par des invasions de sauterelles,
Relizane poursuit sa bonne destinée, sa population et son commerce
augmentent.
Promise à un
extraordinaire avenir
------Le
recensement de l'époque accuse 3 986 Européens et 3 033
indigènes. C'est que Relizane, était une ville de grand
avenir, appelée à un essor et à une prospérité
que bien peu de centres algériens pouvaient lui disputer.
------Située au centre d'une plaine
fertile et saine, grâce à l'assèchement de ses marais
et à une irrigation de plus en plus abondante, desservie par un
puissant réseau de routes et de voies ferrées sur Oran,
Alger,
Mostaganem,Tiaret,
c'est-à-dire du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, dotée
d'un marché des plus fréquentés parce que des plus
importants d'Algérie, d'un commerce intense de céréales,
de bétail, de laines, de produits maraîchers,
de conserves de fruits, favorisée par une température estivale
beaucoup moins dure et d'un climat merveilleux pendant tout le reste de
l'année, Relizane, capitale d'un grand centre de productions, d'élevage,
doit fatalement prospérer.
------Sa ceinture d'orangeries et de jardins,
sa colline du fortin couverte de pins sur le versant Nord, de laquelle
s'élève le vieux moulin à vent, vénérable
vestige de l'époque, qui alimenta à partir de 1865 les populations
qui lui portaient toutes les moutures. Il fut construit par un vieux pionnier
de Relizane, M. Gayétano Hernandez. Ses ressources pour les amateurs
de la pêche et de la chasse, sa température
hivernale y appellent les amateurs du tourisme et des stations climatiques.
Dominique Rivière
Ancien Maire
Tiré de "La formidable épopée des Oraniens"
Le livre d'or de l'Oranie
Éditions de l'Afrique du Nord illustrée
Une association existe
La Relizanaise - Émile Inesta
6 bis rue Paul Gauguin
79000 Niort
Le blason
------Pour
qui ne connaît pas Relizane, il ne sait pas ce qu'est la ville certainement
la plus chaude d'Algérie ; elle avait mérité le nom
de "Cayenne de l'Algérie", sans aucun jeu de mot !
------Le décret
impérial de création du 24 janvier 1857 ne prévoyait,
bien sûr, pas d'armoiries pour ce village de colonisation qui allait
devenir la belle Relizane où il faisait bon vivre... avant que
ne souffle un certain vent de l'histoire ! Et dans les premières
décennies personne à Relizane n'y pensa ou ne réalisa
des armoiries pour sa ville.
------D'après
ce que j'ai pu glaner de droite et de gauche parmi mes amis, anciens de
la ville, cela se serait passé lors du premier mandat comme maire
de Monsieur Monreal. Celui-ci aurait été assisté
d'érudits relizanais. Ces armoiries auraient (?) parues dans le
bulletin municipal de la ville. Qui peut m'aider, qui peut retrouver,
qui peut consulter ces bulletins aux Archives d'Aix ? On peut lire les
armes de Relizane de la manière suivante
------"Ecu
français moderne, écartelé ;
------au 1,
de gueules au coq d'or la patte destre posée sur un globe du même
;
------au 2,
d'or au croissant de sinople accompagné en chef d'une étoile
de même ;
------au 3,
de sinople à trois gerbes de blé d'or ; (2 et 1).
------au 4,
d'argent à l'arraché contourné de cheval".
------L'écu
est timbré d'une couronne murale d'or maçonnée de
sable à trois tours et deux demitours crénelées du
même.
Symbolique
------Le coq,
la patte sur un globe terrestre, représente la présence
et la suprématie de la France sur le terre d'Algérie, les
gueules étant la couleur héraldique du continent Afrique.
------- Le
croissant et l'étoile de sinople pour la plaine devenue par le
travail acharné des colons français, fertile et génératrice
de céréales, entre autres.
------- La
tête de cheval pour le gigantesque marché aux bestiaux et
principalement aux chevaux, certainement le plus vaste d'Algérie.
------La couronne
murale aux tours crénelée rappelle le fort bastion de la
ville, de l'époque héroïque ! Ces armes sont très
parlantes comme beaucoup d'armes des villes de l'Algérie française.
------Mais
toujours les mêmes questions ! A l'aide, Amis Pieds-Noirs. Si nous
voulons laisser des traces, de notre vie quotidienne de là-bas
à nos enfants, petits-enfants, c'est vous qui pouvez nous aider
à le faire.
------Qui
a élaboré ces armoiries ? Quand furent-elles enregistrées
à la Maintenance Héraldique de France ? Quand furent-elles
adoptées par le Conseil Municipal, sous quelle municipalité
?
------Beaucoup
de questions mais j'espère beaucoup de réponses. Le Dieu
des chercheurs par votre intermédiaire m'aidera, j'en suis sûr.
Théo Brunnd
d'Uzelle
Cercle Algérianiste
Franche-Comté/Bourgogne
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