sur site le 9/12/2002
-Sainte Emilie de Vialar, au service des plus humbles
...elle se lance dans la fondation d'un institut religieux qui prendra le nom de Saint-Joseph-de-l'Apparition...
pnha n°72, octobre 1996
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-----Née en 1797 à Gaillac, dans le Tarn, la petite Emilie est une enfant d'où transparaît déjà une forte énergie. A cinq ans, elle sait résister à la tentation de s'admirer dans une glace le jour où elle porte une robe neuve. Adolescente qui cherche sa voie, à sa communion, elle décide de se corriger de l'habitude de mentir et y parvient si bien que, racontant ce souvenir longtemps après, elle ajoute : "Depuis, je n'ai rien tant haï que le mensonge".
-----Elle perd sa mère alors qu'elle a à peine quinze ans et doit se consacrer à la maison de son père.
-----Cela ne l'empêche pas de se dévouer au service des pauvres et des malades, ce qui irrite fortement son père, veuf irascible et brutal qui n'hésitera pas dans la rue, à renverser la marmite de soupe qu'Emilie apportait aux pauvres. Un jour, à table, alors qu'il est question de vie religieuse, il jette une carafe à la tête de sa fille.
-----En 1832, la mort de son grand-père procure à Emilie une belle fortune et elle se lance dans la fondation d'un institut religieux qui prendra le nom de Saint-Joseph-de-l'Apparition (il s'agit de l'apparition de l'Ange du Seigneur à Saint-Joseph qui lui dit "ne crains pas de prendre chez toi Marie, car ce qui a été engendré en elle vient de l'EspritSaint).
-----L'habit de ces religieuses était strict : une robe de laine noire, un grand tablier à bavette, la coiffe de l'époque qu'on appelait capote (et sur laquelle, plus tard seulement, on ajoutera un voile noir), une croix sur la poitrine, au bout d'un cordon.

L'ALGÉRIE

-----Et, cette même année 1832, son frère Augustin, débarque en Algérie. D'un tempérament ardent comme sa soeur, il y accomplit du bon travail ayant compris la nécessité d'apporter à ce pays toute l'aide nécessaire à son développement.
-----En 1835, il appelle sa soeur à le rejoindre. Au mois d'août Emilie et trois autres religieuses (elles viennent juste de faire leur profession religieuse) arrivent à Alger en pleine épidémie de choléra. Elles se font aussitôt infirmières dans une villa transformée en ambulance à Boufarik, gros marché où viennent chaque semaine plus de 5 000 arabes et où l'épidémie sévit presque continuellement. Elle y rencontra un prêtre magnifique l'abbé Montera, qui se dépense sans compter. Un même amour de Dieu et des âmes unit les deux missionnaires.
-----En 1836, elles installent dans une maison acquise à Alger une école et une infirmerie, suscitant une affectueuse admiration des autochtones.
-----L'un d'entre-eux, montrant la croix que la soeur portait sur son coeur, lui dit : "Celui-ci est bon qui te fait faire ces choses".
D'autres soeurs arrivent. En 1837, quatorze religieuses oeuvrent à l'hôpital civil, en 1838, sept autres à l'hôpital de Bône et en 1839, elles sont à Constantine.
-----Mais bientôt un malheureux différend s'élève entre Emilie de Vialar et Mgr Dupuch, provoquant le départ des religieuses (Mgr Dupuch, premier évêque d'Alger, autoritaire et fort brouillon voulut diriger la congrégation religieuse et diviser entre elles les soeurs, cherchant à éliminer Emilie qu'il trouvait trop indépendante et trop active à son goût). Mgr Dupuch enverra même une lettre à Émilie lui demandant de s'engager à lui obéir sans réserve pour tout ce qu'il déciderait Elle ne put évidemment le faire son Institut dépendant d'abord de l'archevêque d'Albi. Il lu retira aussitôt son approbation et Émilie rentra en France. De nombreux indigènes (dont le grand Mufti) signent une lettre qui est envoyée au Pape pour supplier qu'elles ne les abandonnent pas.

 

-----Mgr Dupuch paiera très cher son imcompétence et son entêtement. N'ayant pas su administrer son diocèse, il devra bientôt s'enfuir, poursuivi par ses créanciers. Traqué par la colère générale, c'est par Augustin de Vialar qu'il sera sauvé. Belle revanche de la charité chrétienne !
-----Mère Émilie s'inquiète, pleine de pitié pour celui dont elle a eu tant à souffrir.
-----Revenu de ses erreurs, le malheureux évêque en exil lui demanda de lui pardonner le mal qu'il lui a fait. Elle brûla la lettre en disant : "Il ne convient pas qu'un évêque s'humilie devant une religieuse". La mère Emilie fit de grandes dépenses en Algérie et elle partit presque ruinée. Malgré de multiples difficultés, son Institut se développa. Infatigable missionnaire, Mère de Vialar retourne bientôt en Tunisie et installe son Institut à La Marsa.

LE TEMPS DES DIFFICULTÉS ET DE L'EXTENSION

-----Bien des difficultés surgiront encore dans la vie de Mère Émilie : Soeur Pauline, une des premières, mettra l'Institut dans de très grandes difficultés financières, la mort de l'abbé Mercier qui l'avait tant aidé, sa fortune personnelle anéantie.
-----Ennuis ou peines, rien ne peut empêcher Émilie de poursuivre son oeuvre. C'est maintenant l'apostolat des filles dans les prisons, en Italie, qu'elle aimera, instruira et rééduquera à la vie chrétienne. -----Puis Chypre et encore la Tunisie puis la Grèce, le Liban, la Birmanie et même Jérusalem réclament l'oeuvre. Le succès est mondial aussi bien à Tripoli qu'à Marseille où l'Institut s'est désormais installé pour être plus proche de l'OutreMer. Puis Mère Émilie enverra des soeurs en Syrie, en Arménie et à sa mort, en 1856, il comprenait 42 maisons de par le monde.
-----Elle mourra d'une banale hernie étranglée qu'on n'a pas, à cette époque, les moyens de soigner comme aujourd'hui. Elle lui vient d'un sac de blé beaucoup trop lourd, qu'elle avait apporté aux pauvres, à vingt ans.
-----A vrai dire, elle en a souffert toute sa vie, sans rien dire. Près de quarante ans après, c'est de cela qu'elle va mourir en deux jours. Dans Marseille, on entend déjà chuchoter partout : " La sainte est morte !"
-----Emilie de Vialar a été béatifiée en 1939 et canonisée en 1951 par le même Pape : Pie XII.
-----Actuellement, les sueurs de Saint-Joseph de l'Apparition ont 130 maisons disséminées sur quatre continents, Australie, Inde, Thaïlande, Argentine, Guatemala, Angleterre, Irlande...
-----Sa devise est magnifique : "Se dévouer et mourir". Dans sa châsse, en l'Église SaintPierre à Gaillac dans le Tarn, Mère Émilie de Vialar est vénérée et sa fête est le 17 juin.
-----La Maison généralice de la Congrégation missionnaire des Sceurs de Saint-Joseph de l'Apparition est domiciliée 90 avenue Foch 94120 Fontenay-sous-Bois.

Paule BUSCAT