------Comme nous
l'avons lu dans "hello,
hallowen", Saint-Gélase 1er
est né en Kabylie. A l'origine de la fête d'Halloween, nous
avons souhaité vous présenter ce pape hors du commun
-----Gélase fait carrière dans
le clergé de Rome et devient même le conseiller, d'ailleurs
écouté,
du pape Félix III. Il lui succède sur la chaise de Saint
Pierre le 1er mars 492. Le début de la renaissance du droit canonique
peut être fixé à l'élection de Saint-Gélase
1er. Dès les premiers temps de son pontificat, il manifeste la
haute conscience qu'il a de ses droits et de ses devoirs. Sa prudence
et sa fermeté dans le gouvernement de l'Eglise, son activité
de théologien et d'écrivain, le font remarquer entre tous
ses prédécesseurs de la seconde moitié du VIè
siècle, et ses mérites font évoquer Saint-Léon
1er le Grand (461). De Tertullien, il a le goût de la controverse
et aussi les talents, la verve et la vigueur. Il est intraitable par devoir
et par nature.
-----Gélase affirme avec noblesse
les droits du pouvoir spirituel dans une lettre à Anastase, empereur
de Byzance : "il y a, auguste empereur,
deux pouvoirs principaux pour régir le monde : l'autorité
sainte des pontifs et la puissance royale. Des deux, celle des prêtres
est d'autant plus importante qu'ils doivent, dans le jugement divin, rendre
compte au Seigneur des rois eux-mêmes". C'est ainsi
que ce Berbère
rétablit l'ascendant du Pape devant l'autorité des empereurs,
non seulement dans son temps, mais aussi pour les siècles à
venir. A la différence de Saint-Léon, il ne parle pas d'union
des pouvoirs,
et la pensée gélasienne s'explique sans doute par la personnalité
de son auteur.
Les Hérésies
sont là
-----Cependant,
politiquement et religieusement, les temps sont difficiles. Sous la conduite
de Théodoric les Ostrogoths viennent de s'établir en Italie
et Rome obéit à un prince arien. En Occident les sectes
renaissent de leurs cendres. L'Hénotique, cet abus de pouvoir de
l'empereur Zénon de Constantinople, qui prétendait régenter
la foi et qui voilait l'enseignement du concile de Nicée sur la
divinité et la nature humaine du Christ, continue d'être
en vigueur.
- Ramener l'Eglise d'Orient à l'unité romaine,
- Maintenir partout l'intégrité du dogme, l'indépendance
de l'Eglise, la pureté des moeurs chrétiennes, - Tenir tête
aux Byzantins insoumis, aux hérétiques et aux demeurants
du paganisme, telle est la tâche assumée par le pape Gélase
avec un zèle infatigable.
-----Sans relâche, pendant un règne d'un peu plus
de quatre ans, Gélase écrit des livres, tient des synodes
en 495 et 496, enseigne, reprend, veille sur la discipline ecclésiastique.
Il laissera après lui le modèle d'un Pape savant, administrateur,
zélé et pieux. Ses lettres reflètent sa physionomie
avec un particulier éclat. Leur nombre reste exceptionnellement
élevé pour la brève durée de son pontificat.
On en compte pas moins de quarante-trois auxquelles s'ajoutent quarante-neuf
fragments ou témoignages de lettres perdues, puis vingt-neuf autres
lettres ou fragments nouveaux qui seront ensuite découverts dans
un manuscrit du British Museum à Londres, et publiés en
1885 à Leipzig. Ce sont, pour la plupart, de courts billets, d'une
forme élégante et concise, qu'on dirait imités des
lettres familières des anciens.
-----Certaines se rapportent aux affaires
de l'Illyricum qui, relevant de l'Empire d'Orient pour les questions civiles,
est alors rattaché au Saint-Siège pour l'administration
ecclésiastique. D'autres concernent la discipline du clergé
et, bien qu'elles visent des circonstances particulières, elles
se trouvent applicables d'une manière générale.
Un travailleur acharné
-----Un bref
regard sur quelques-unes des directives de Gélase suffit à
nous montrer l'ampleur de son action, à laquelle se joint un souci
particulier du détail :
------ interdiction faite aux évêques
de se rendre à la cour de Ravenne sans l'autorisation pontificale
; de réclamer des clercs d'autres diocèses ; instauration
d'un contrôle pontifical strict de la gestion temporelle des évêques
; jugement des prélats dilapidateurs auxquels un administrateur
est imposé, ainsi qu'aux évêchés en vacance
de siège. Rappel des évêques d'Italie et de Sardaigne
au respect de la hiérarchie.
------ Défense renouvelée aux
clercs de se livrer au commerce, de se marier, impossibilité à
ceux insuffisament instruits d'être promus à l'ordre supérieur;
détermination du nombre de diacres selon l'importance de chaque
ville (3, 5 ou 7) ; approbation par l'évêque du postulant
aux ordres, alors que l'on procédait souvent par acclamation du
peuple, et prescription au clergé d'effectuer lui-même l'enquête
préalable. Droit assuré aux clercs, victime d'une sanction
de leur évêque, de s'adresser directement au Pape. Interdiction
aux diacres de consacrer la Sainte Hostie, pratique introduite sous les
persécutions, et aux prêtres de conférer le sacerdoce
sous peine d'excommunication. L'évêque seul également
peut donner la Confirmation, réconcilier les pénitents,
imposer le voile aux vierges consacrées ou aux veuves, consacrer
une nouvelle église.
------ Déclaration contre l'exclusion
perpétuelle des pénitents et des excommuniés qui
sont invités à introduire dans l'année leur demande
de pardon et de réintégration.
- Prescription faite à toute personne qui érige une église
nouvelle de la doter d'une terre dont les revenus serviront à subvenir
à ses besoins de la manière suivante : un quart pour l'évêque,
un quart pour les pauvres et les voyageurs, un quart pour les clercs,
un quart pour les bâtiments et hospices. Cette pratique durera jusqu'au
début du VII-1 siècle. Chaque fondation doit recevoir nécessairement
l'autorisation du Pape.
------ Rappel aux femmes de leur incapacité
à remplir une fonction sacrée. A la correspondance il faut
joindre les nombreux traités, commencés sous le règne
de ses prédécesseurs, qui traitent du schisme de l'évêque
Acace, du pélagianisme, de la fête païenne des luperçales,
toujours célébrée à Rome, et que Gélase
supprime.
-----En ce qui concerne Acace, son parti semblait diminuer la parfaite
divinité du Christ et voulait faire rentrer les hérétiques
dans l'Église en demandant à la foi commune de célébrer
le Christ, non en sa divinité substancielle, mais seulement en
sa ressemblance avec le Père Éternel. Et Gélase de
répondre avec l'Évangile que Jésus est Dieu, tout
comme le Père Éternel.
-----Comme ses devanciers, il professe la
doctrine de Saint-Augustin
dans les questions de la grâce, sans insister sur les problèmes
de la prédestination et des diverses efficacités de la grâce
divine. Gélase déclare risible la prétention de Constantinople
à une autorité religieuse égale à celle de
Rome.
-----Il rappelle la primauté romaine
sur toute la chrétienté et sur tous les sièges épiscopaux
:
-----"Ce
n'est pas par des décisions des conciles que l'Église de
Rome a été mise au-dessus des autres Églises, mais
elle a obtenu cette primauté par la parole du Seigneur, notre Sauveur,
dans l'Évangile :Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai
mon Église. Le premier siège de l'apôtre Pierre est
donc l'Église romaine !".
-----Après avoir ainsi proclamé
le droit divin de la primauté pontificale, il soutient partout,
avec la plus grande énergie, que le Pape est qualifié pour
juger seul tous les évêques, y compris les patriarches, sans
le concours d'un concile, sans avoir à tenir compte de décisions
conciliaires, et sans qu'il puisse être fait appel de son jugement.
-----Donc le Pape, quelle que soit sa dignité
ou son indignité personnelle, ne peut jamais être soumis
à un tribunal humain. Il distingue les bons et les mauvais conciles.
Les premiers se reconnaissent par leur conformité aux Écritures,
à la doctrine des Pères de l'Église, ainsi qu'aux
règles ecclésiastiques reçues par toute l'Église.
Notons enfin que, dans le domaine de la liturgie, les oraisons gélasiennes
contiennent le texte le plus ancien sur l'Assomption de la Vierge.
-----Saint-Gélase
1er meurt, après quatre ans et demi de gouvernement, le 19 novembre
496.
-----Nombreux sont ses ouvrages qui n'ont
hélas pas survécu.
Abbé Vincent
Serralda
|