sur site le 04/01/2002
Saint ARCADE, martyr
,
illustre par sa naissance et par .ses miracles. (vers 304 ?)
PNHA n°32 janvier 1993

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------Les Actes de son martyr que nous possédons ne précisent pas 1' époque ; d'après les uns ce serait sous Valérien, d'après les autres sous Dioclétien. Le même embarras existe pour déterminer le lieu du supplice, car si la passion indique l'Achaïe, divers martyrologes classent Arcade parmi les martyrs d'Afrique. On s'accorde à penser, écrit Paul Monceaux, que cette dernière indication est exacte, et qu'Arcade souffrit à Césarée de Mauritanie (Aujourd'hui Cherchell).

------Au moment où Arcade eut à professer sa foi devant les bourreaux, la fureur de la persécution était à son comble. Sur le moindre soupçon, les agents de l'empire pénétraient par effraction dans les maisons. faisaient les recherches les plus minutieuses et, s'ils trouvaient un chrétien, ils le traitaient sur place avec la plus extrême cruauté, sans attendre les formalités d'un jugement en règle.

------Chaque jour se commettaient de nouveaux sacrilèges, les fidèles étaient contraints de prendre part aux cérémonies superstitieuses, de conduire eux - mêmes aux autels les victimes couronnées de fleurs à travers les rues, de brûler de l'encens devant les idoles, et de prendre part aux chants en l'honneur de Bacchus. On espérait ainsi arracher de leurs cœurs la foi en Jésus Christ.

------Pour échapper aux dangers d'apostasie, Arcade, fidèle chrétien, habitant Césarée de Mauritanie, dans la province d'Afrique, s'enfuit de sa maison et alla se cacher non loin de la ville, en une retraite où il pouvait servir Dieu dans les veilles, la prière et les autres exercices d'une vie pénitente.

------Comme il jouissait d'une certaine notoriété, son absence ne tarda pas à être remarquée ; les autorités, ne le voyant pas paraître aux sacrifices offerts en public, envoyèrent des satellites qui entourèrent la demeure, forcèrent les portes et, furieux de ne trouver qu'un parent d'Arcade. qui refusait de les renseigner sur la retraite de celui qu'ils cherchaient. ils emmenèrent le parent et le présentèrent au gouverneur. Celui -ci n'en put rien obtenir et il décida de le garder en prison jusqu'à l'arrestation d'Arcade

.------Instruit du danger que courait son parent, désireux d'ailleurs de souffrir pour Jésus - Christ, Arcade sortit de sa retraite et vint de lui - même se présenter au gouverneur ; il fit connaître son nom, sa qualité de chrétien, et réclama l'élargissement du prisonnier : " c'est à cause de moi, dit- il, que vous le retenez dans les fers, rendez - lui la liberté, car il est innocent et n'a jamais connu le lieu de ma retraite.
- Volontiers, reprit le juge, je lui pardonne ; et vous - même, dès ce soir, vous serez libre si vous consentez à sacrifier aux dieux.
- Pouvez - vous bien dit Arcade, me faire une pareille proposition ? Ne connaissez - vous donc pas les chrétiens, et croyez - vous que la crainte de la mort pourra jamais me faire manquer à mon devoir ? Jésus - Christ est ma vie, et la mort m'est un gain ; inventez tous les supplices qu'il vous plaira, mais sachez que rien ne pourra me taire trahir mon Dieu."

------Se voyant bravé de la sorte, le juge entre en fureur ; il songe à inventer pour sa victime des tourments inouïs. Les ongles de fer, les fouets, le chevalet ne suffisent pas, il va forcer sa victime à désirer la mort sans qu'il puisse voir ce désir satisfait.

------Alors il commande aux bourreaux de saisir Arcade, de couper successivement toutes les articulations des bras jusqu'aux épaules. puis des jambes jusqu'aux cuisses. Arcade, entendant cet ordre barbare, lève les yeux au ciel, prie le Seigneur et sent que sa prière lui donne des forces. Puis il sacrifie ses membres les uns après les autres avec la même douceur que si Dieu lui ? même les lui demandaient.

------Pendant ce long supplice, il ne cesse de bénir le Seigneur. On a oublié de lui couper la langue, il s'en sert pour rendre grâce à Dieu : "Heureux membres, dit ? il, c'est à présent que vous m'êtes véritablement chers, car vous appartenez véritablement à mon Dieu, vous lui êtes offerts en sacrifice, il voua est avantageux maintenant d'être séparés pour être réunis plus tard dans la gloire".

------Puis il s'adresse aux témoins de cet affreux spectacle : "Apprenez, leur dit - il, que tous les tourments ne sont rien à celui qui a devant les yeux une couronne éternelle. Vos dieux ne sont pas des dieux, renoncez donc à leur rendre un culte sacrilège. Celui seul pour qui je souffre et je meurs est le Dieu véritable. Mourir pour lui, c'est vivre véritablement, souffrir pour lui, c'est être au milieu de délices ineffables"
.
------Ayant ainsi parlé, il expira doucement, en présence des païens frappés de stupeur en face d'un tel prodige de patience (I2 janvier vers 304). Les chrétiens recueillirent les membres épars du martyr et les placèrent dans un tombeau.

Abbé Serralda