Pieds-noirs d'hier et d'aujourd'hui nov 1999 n°106
Le Kadiche
Nous allons aujourd'hui dans ces colonnes parler du Kadiche
et expliquer ce qu'il est. Contrairement à ce que l'on voit dans
certains films relatant la vie de nos parents là-bas, le Kadiche
n'est pas la prière des morts. Si l'on prend le mot étymologiquement,
nous verrons qu il est décliné par rapport au mot Kédoucha
(qui signifie improprement en français sanctification), lui-même
ayant un rapport avec le Kidouche, la prière sur le vin que chaque
père de famille récite chez lui tous les vendredis soirs
en rentrant de la synagogue pour sanctifier la journée du chabath
qui commence. Ce n'est donc pas une prière triste, si l'on se contente
de ces exemples qui sont, ma foi, nombreux dans le même ordre d'idées.
Voilà donc l'entrée en matière du sujet d'aujourd'hui.
Les exemples sont nombreux qui
confèrent le sens de sainteté ou de sanctification à
tous les mots hébraïques calqués sur la racine trilétaire
(c'est-à-dire à trois lettres, comme la plupart des mots
hébreux) Koch.
Il existe plusieurs sortes de Kadiche. Bien que dans l'esprit, le sens
soit le même, suivant les circonstances c'est un Kadiche particulier
qui est lu, selon les besoins du moment. D'abord, parlons de ces moments
où l'on doit dire ce texte. Le Kadiche ne se dit qu'en présence
du Mynian, c'est-à-dire en présence de 10 hommes adultes,
majeurs et responsables (voir notre article de janvier 1999 ce sujet).
Il se prononce alors à chaque section de chaque prière.
Revenons un moment sur les 3 prières journalières. Les textes
que nous lisons aux offices, sont divisés en sections. Sans trop
entrer dans les détails, expliquons simplement que ce découpage
résulte des Maîtres de la
Kabbale (partie de la Thora développée d'après la
mystique) qui ont divisé le déroulement des prières
en plu-
sieurs parties, correspondant aux 10 mondes (ou 10 manières) de
la Révélation Divine. Ceci est long à développer
dans ces colonnes, fermons la parenthèse. A chaque étape
de la prière, l'officiant dit un Kadiche. Le premier prend place
au tout début de la prière du matin, juste après
les textes rituels d'introduction. Il est en général prononcé
par une personne en deuil. Mais ce n'est pas une obligation. Ce Kadiche
est dit Dérabanane (que l'on peut traduire par kadiche des Rabbins),
car il est dit chaque fois après une étude en Commun (avec
Mynian) de la Thora. Or les prières introductives du matin sont
considérées comme une étude. D'où la prononciation
de ce texte à cet endroit de la prière. D'ailleurs, si 10
personnes ne sont pas réunies alors, on attend que se forme le
Mynian pour pouvoir dire le Kadiche. Ceci est la preuve flagrante de l'importance
dont jouit ce texte... Un second Kadiche est récité après
la clôture des Psaumes du matin, (psaumes n0 144 à 150),
et qui font partie intégrale du rituel quotidien. Ce Kadiche est
plus court que le premier, et on l'appelle volontiers le demi-Kadiche,
car il ne comporte que 5 phrases. Ainsi, et sans s'étendre outre
mesure, l'office du matin est jalonné de kadiches. Les lundis et
jeudis et les jours où l'on lit dans le Rouleau de la Thora, le
dernier appelé un de ces jours-là, dit un demi-Kadiche (le
même texte que celui mentionné plus haut) après la
lecture de la Thora. C'est ce Kadiche-là que l'on réserve
en général à un endeuillé, dans l'année
du décès. Cependant, les communautés ashkénazes
ne suivent pas cet usage. C'est l'officiant, ou le lecteur de la Thora
qui le dit. Également, à la fin totale de chacun des trois
offices, on prononce un ou deux (usages variant d'une communauté
à l'autre et d'un pays à l'autre) kadiches, réservés
à tous ceux qui sont en deuil, ou qui ont un anniversaire de décès
à commémorer.
à suivre
G.SEBAG
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