-Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui octobre 99 n°105 -,
guerre d' Algérie et les Juifs: la fin d'une présence millénaire

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guerre d' Algérie et les Juifs : la fin d'une présence millénaire

En janvier 1962, le FLN commet des attentats dans le quartier juif d'Qran et à Mostaganem, où un lycéen de treize ans et un enseignant sont tués en février, une grenade est lancée sur un marché du quartier juif de Constantine en mai, après les accords d'Evian du 18 mars et le cessez-le-feu du 19, les enfants Amram, âgés de deux et six ans, sont égorgés à Alger, par la domestique musulmane qui les gardait. Après le référendum sur l'autodétermination du 1e juillet et la proclamation de l'indépendance du pays, le 3, de nombreux Européens sont encore assassinés ou portés disparus. Parmi eux des Juifs, comme à Oran neuf morts et un disparu le 5 juillet, encore un disparu après cette date. Les " disparus " sont dans la plupart des cas tués immédiatement, parfois torturés et mutilés avant d'être mis à mort.
Les attentats du FLN touchent davantage les synagogues et les rabbins que les lieux de culte et les prêtres chrétiens qui ne sont qu'exceptionnellement visés. Pour Daniel Timsit, ancien membre du réseau clandestin de I'ALN, cette situation s'explique par le fait que le " FLN est une mouvance, une organisation pas toujours rigoureuse " dont les " hautes instances désapprouvaient les attentats antijuifs ". Des Juifs d'Algérie furent également victimes de l'OAS. En novembre 1961, dans le quartier de Bab-el-Oued, à Alger, William Lévy secrétaire de la SFIO est assassiné. " Il comprenait le FLN, écrit Henri Chemouilli. À aucun moment, il n'avait épousé sa cause, il n'en était pas. Socialiste parce que Français, libéral parce que Juif, il incarnait toute une génération dont l'idéal mourait avec lui. " En décembre 1961, Moïse Choukroun, vice-président de l'association culturelle de Maison-Carrée est exécuté, pour, selon un tract de l'OAS, " avoir malgré l'ordre général de mobilisation tenté de quitter le territoire algérien pour s'établir en métropole ". A ces victimes de I'OAS s'ajoutent de nombreux assassinats de juifs victimes de mystérieuses équipes. Des Juifs sympathisent avec l'OAS, à Alger et à Oran essentiellement, et participent d'autre part, et là ils sont plus nombreux, à des 'casserolades". Ils sont particulièrement actifs en Oranie, où des commandos regroupant une centaine de militants juifs auraient été actifs sur la colline 7", la circonscription de l'OAS englobant le quartier juif. Ces groupes liés aux réseaux France Insurrection, conduits par Elie Azoulai et Ben Attar ne sont pas constitués sur une base confessionnelle. Beaucoup de leurs membres sont attirés par la solde de 400 francs que paye l'OAS. Ils seraient responsables des attentats les plus meurtriers que connut Oran en 1961 et 1962, et leur action déborderait de loin " l'autodéfense " du quartier juif.
La diversité de la communauté se retrouve ainsi dans la diversité des engagements. Si les organisations communautaires font preuve d'une extrême modération, refusent de prendre politiquement position, car elles considèrent que ce n'est pas de leur ressort, certains embrassent la cause du FLN d'autres, plus nombreux, s'engagent dans l'OAS. Pourtant, ces militants, pour voyante qu'ait été leur action, ne sont qu'une minorité et ne doivent pas faire oublier un fait essentiel l'extrême modération de la grande majorité des Juifs pendant la guerre d'Algérie.


Fin

Richard Ayoun " Archives Juives chez Liana Levi "