guerre d' Algérie et les Juifs :
la fin d'une présence millénaire
En janvier 1962, le FLN commet des attentats dans le quartier
juif d'Qran et à Mostaganem, où un lycéen de treize
ans et un enseignant sont tués en février, une grenade est
lancée sur un marché du quartier juif de Constantine en
mai, après les accords d'Evian du 18 mars et le cessez-le-feu du
19, les enfants Amram, âgés de deux et six ans, sont égorgés
à Alger, par la domestique musulmane qui les gardait. Après
le référendum sur l'autodétermination du 1e juillet
et la proclamation de l'indépendance du pays, le 3, de nombreux
Européens sont encore assassinés ou portés disparus.
Parmi eux des Juifs, comme à Oran neuf morts et un disparu le 5
juillet, encore un disparu après cette date. Les " disparus
" sont dans la plupart des cas tués immédiatement,
parfois torturés et mutilés avant d'être mis à
mort.
Les attentats du FLN touchent davantage les synagogues et les rabbins
que les lieux de culte et les prêtres chrétiens qui ne sont
qu'exceptionnellement visés. Pour Daniel Timsit, ancien membre
du réseau clandestin de I'ALN, cette situation s'explique par le
fait que le " FLN est une mouvance, une organisation pas toujours
rigoureuse " dont les " hautes instances désapprouvaient
les attentats antijuifs ". Des Juifs d'Algérie furent également
victimes de l'OAS. En novembre 1961, dans le quartier de Bab-el-Oued,
à Alger, William Lévy secrétaire de la SFIO est assassiné.
" Il comprenait le FLN, écrit Henri Chemouilli. À aucun
moment, il n'avait épousé sa cause, il n'en était
pas. Socialiste parce que Français, libéral parce que Juif,
il incarnait toute une génération dont l'idéal mourait
avec lui. " En décembre 1961, Moïse Choukroun, vice-président
de l'association culturelle de Maison-Carrée est exécuté,
pour, selon un tract de l'OAS, " avoir malgré l'ordre général
de mobilisation tenté de quitter le territoire algérien
pour s'établir en métropole ". A ces victimes de I'OAS
s'ajoutent de nombreux assassinats de juifs victimes de mystérieuses
équipes. Des Juifs sympathisent avec l'OAS, à Alger et à
Oran essentiellement, et participent d'autre part, et là ils sont
plus nombreux, à des 'casserolades". Ils sont particulièrement
actifs en Oranie, où des commandos regroupant une centaine de militants
juifs auraient été actifs sur la colline 7", la circonscription
de l'OAS englobant le quartier juif. Ces groupes liés aux réseaux
France Insurrection, conduits par Elie Azoulai et Ben Attar ne sont pas
constitués sur une base confessionnelle. Beaucoup de leurs membres
sont attirés par la solde de 400 francs que paye l'OAS. Ils seraient
responsables des attentats les plus meurtriers que connut Oran en 1961
et 1962, et leur action déborderait de loin " l'autodéfense
" du quartier juif.
La diversité de la communauté se retrouve ainsi dans la
diversité des engagements. Si les organisations communautaires
font preuve d'une extrême modération, refusent de prendre
politiquement position, car elles considèrent que ce n'est pas
de leur ressort, certains embrassent la cause du FLN d'autres, plus nombreux,
s'engagent dans l'OAS. Pourtant, ces militants, pour voyante qu'ait été
leur action, ne sont qu'une minorité et ne doivent pas faire oublier
un fait essentiel l'extrême modération de la grande majorité
des Juifs pendant la guerre d'Algérie.
Fin
Richard Ayoun " Archives Juives chez
Liana Levi "
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