(suite
de PNHA n° 28
Outre
les pasteurs de paroisses, il y avait aussi des "Aumôniers",
chargés d'assurer le ministère pastoral auprès des
militaires. Ils étaient parfois invités à présider
le culte dans les temples, mais cela se faisait à titre exceptionnel,
vu que le ministère de l'Aumônier était "itinérant".
Cependant certains aumôniers ont été chargés
de paroisses mixtes, c'est-à-dire mi-civils mi-militaires, comme
à Colomb-Béchar. En 1962, il y avait 9 postes d'aumôniers,
sans compter les étudiants en théologie qui faisaient leur
service militaire dans l'aumônerie. D'autre part, au moment des
fêtes de Noël et de Pâques, une dizaine de pasteurs de
Métropole, ou des aumôniers de réserve, étaient
envoyés en renfort
pour une quinzaine de jours.
L'uvre missionnaire protestante
en Algérie
------Au moment de la conquête de l'Algérie,
deux voies semb laient s'ouvrir à la présence de l'Église
Protestante
-- d'une part, l'installation des protestants dans les villes et le bled.
-- d'autre part, la fondation de postes missionnaires.
------En effet, dès les premiers jours,
les protestants français ont estimé que le Seigneur, en
accordant à la France la Conquête de l'Algérie, avait
ménagé aux chrétiens de grandes facilités
pour entreprendre une mission évangélique auprès
des musulmans.
------Le 4 Août 1830, le Comité
de la "Société des Missions Évangéliques
de Paris" (créée en 1824) désigne deux pasteurs,
MM. Arbuusset et Casalis, comme devant être les premiers missionnaires
protestants français en Algérie. Ils apprennent la langue
arabe, en vue de cette "Mission". Mais les dispositions des
Autorités françaises ont fait avorter ce projet.
------En effet, le Gouvernement n'était
pas favorable à une telle vision missionnaire, de peur qu'elle
ne suscite l'hostilité des musulmans, que le Pouvoir tenait à
se concilier. D'ailleurs la sauvegarde et le respect de la religion et
des coutumes islamiques avaient été inclus dans les clauses
de l'Acte de Capitulation intervenue entre le Dey d'Alger et le Maréchal
de Bourmont. Cependant la Société des Missions Évangéliques
de Paris, qui avait, dès le début du XIX° siècle,
envoyé de nombreux missionnaires en Afrique Noire, en Afrique du
Sud, dans l'Océan Indien et jusqu'aux Iles du Pacifique. n'a pas
renoncé à prendre sa part dans l'oeuvre missionnaire en
Algérie.
------C'est ainsi qu'en 1852, elle charge
un de ses missionnaires, le Pasteur Pfrimmer, d'effectuer un voyage d'étude
en Algérie, pour y installer éventuellement un champ de
mission.
------Malheureusement, les conclusions du
rapport ont été négatives, estimant que le moment
n'était pas venu d'entreprendre une telle oeuvre.
------Ce sont donc des protestants étrangers,
notamment des Anglais. qui ont entrepris l' ouvre missionnaire en Algérie.
Les Missions étrangères
------En 1831, la "Mission auprès
des Juifs" envoie à Alger un missionnaire, qui visite la familles
juives, vend des Bibles. I1 s'intéresse aussi à la population
protestante, vendant des Bibles et des Nouveaux Testaments, en français,
allemand. espagnol et italien. Des musulmans achètent aussi des
Bibles en arabe. L'uvre progressait, mais les Autorités françaises
l'ont stoppée, et le missionnaire a dû quitter l'Algérie.
------D'autres tentatives sont faites par
des missionnaires anglais. Elles échouent aussi. C'est cinquante
ans plus tard, en 1881, que s'organise la "Mission en Kabylie".
Ses promoteurs pensaient que les, Berbères seraient plus sensibles
à l'uvre de l'Évangile que les Arabes.
------Elle est la première Mission
protestante en Algérie. Elle a pris le nom de "North Africa
Mission".
------La même année de la fondation
de cette mission en 188 1, apparaît également en Algérie
"La Société Biblique Britannique et Étrangère",
dont les colporteurs vont aller partout, offrant l'Écriture sainte
aux européens et aux autochtones.
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------Une clientèle
toute spéciale s'est manifestée, celle des soldats de la
"Légion Étrangère", et la Société
Biblique fournissait des Bibles en quatorze langues étrangères.
------Des protestants Méthodistes
français s'intéressent aussi à la fondation d'une
"Mission" en Afrique du Nord. En Avril 1888. une mission est
installée à El-Mattes. Mais dix ans plus tard, en 1909,
elle est transmise à l'Église Méthodiste Épiscopale
qui commençait son ouvre en Algérie.
------En 1886. la Société des
Missions de Paris se décide à financer une mission indépendante,
fondée à Moknéa (en Kabylie). Mais cette aide a été
stoppée huit ans après, en 1894.
------En 1909, l' Eglise Méthodiste
Épiscopale commence son oeuvre missionnaire, travaillant à
la fois parmi les européens ainsi que parmi les musulmans.
------Elle inscrit à son actif des
écoles primaires, des écoles ménagères, des
foyers pour jeunes gens et d'autres pour jeunes filles, des dispensaires.
Cela montre l'importance des moyens en hommes et en argent que l'Église
Méthodiste a mis en oeuvre, apportant aux différentes populations
une assistance sociale remarquable.
------Une autre oeuvre mérite d'être
mentionnée. En 1888, une missionnaire anglaise, Miss Trotter, fonde
une "Mission" qui groupe une trentaine de missionnaires, oeuvrant
dans dix localités.Après 19 ans d'activité, elle
reçoit le nom de "Algiers Mission Band".
------En 1928, année de la mort de
Miss Trotter, la Mission comptait 13 stations et une trentaine de missionnaires.
------Dans le développement de l'oeuvre
missionnaire en Algérie, le Protestantisme français était
presque absent. Mais il a fini par trouver un peu d'existence, grâce
à une petite mission indépendante, la "Mission Rolland"
qui a assuré le ministère d'évangélisation
des musulmans en Kabylie
.
Une oeuvre française La "Mission Rolland"
------Cette "Mission" a été
fondée par Émile Rolland qui était ouvrier à
l'Usine Peugeot, au pays de Montbéliard.
------Appelé en 1896 à collaborer
avec la "North Africa Mission", il accepte avec empressement.
II apprend le kabyle. Organise la station missionnaire à Djemaa-saharidj.
------II prêche l'Évangile,
organise des réunions pour lire la Bible, chanter des cantiques,
prier et discuter. Des Kabyles se convertissent.
------En 1908, il fonde la station de Tizi-Ouzou.
Il poursuit ses tournées d'évangélisation, voyageant
à bicyclette, allant jusque dans le Sud, visitant les marchés,
les termes isolées, pour y
annoncer l'Évangile. De son côté, Mme Rolland et des
demoiselles missionnaires visitaient les femmes chez elles.
Pour leur donner du travail, un ouvroir est créé : vannerie,
tissage de couvertures, confection de tapis. Les femmes recevaient un
salaire, et elles entendaient l'Évangile chaque matin.
------Un "foyer" est aménagé.
Les jeunes gens des différents douars y trouvent un gîte
et un climat favorable à leur formation intellectuelle et au développement
de leur personnalité.
------Un petit dispensaire est ouvert, assurant
les soins aux malades, surtout aux enfants.
Un "Refuge" est créé pour accueillir les femmes
fautives abandonnées. Enceintes, elles se réfugiaient à
la "Mission", où elles trouvaient asile et protection.
Les nouveaux - nés étaient adoptés par le missionnaire
Rolland. Plus de 30 enfants ont été ainsi sauvés,
adoptés et élevés par M. et Mme Rolland.
------Cette "Mission" s'est poursuivie
à Tizi-Ouzou (en Kabylie) jusqu'à 1976, date à laquelle
l'oeuvre a pris fin, les Autorités algériennes ayant confisqué
les biens de la "Mission", et ordonné le départ
du Missionnaire Alfred Rolland, et l' oeuvre a pris fin.
------ Ainsi s'est terminé la mission---d'évangélisation
sur la terre islamique d'Afrique du Nord, et cela est attristant et navrant.
Je voudrais ajouter quelques mots sur l'oeuvre personnelle à laquelle
je me suis consacré en Algérie et que je poursuis actuellement
en France.
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L'oeuvre du Pasteur Tartar
------En 1955, j'ai été appelé
à assurer le ministère pastoral dans La Paroisse de Boufarik-Cherchell,
qui s'étendait sur la Mitidja et le Sahel jusqu'à Francis-Carnier.
------Arabisant et islamologuc, il m'a paru
justifié de contribuer à la fraternisation et à la
paix en Algérie, par une meilleure compréhension religieuse
entre Musulmans et Chrétiens.
------En 1959, j'ai fondé l'Association
"Union des Croyants", et je publiais un Bulletin trimestriel
en français et en arabe, adressé à plus de 2.000
Imans, responsables des mosquées, qui lisaient ce bulletin avec
intérêt.
------Des "Ouvroirs" pour jeunes
filles musulmanes ont été créés à Boufarik
et à Blida, grâce au concours bénévole de plusieurs
darnes protestantes.
------Mais la solution qui a prévalu
en Algérie n'a pas été celle que j'espérais.
Les protestants de ma Paroisse sont rentrés en France, et je pouvais
faire de même.
------Cependant il m'a paru nécessaire
de poursuivre le dialogue islamo-chrétien, et d'assurer aussi une
présence protestante sur une terre islamique.-
------ Pour poursuivre mon ministère
et l'oeuvre à laquelle je m'étais consacré, je me
suis engagé comme professeur d'arabe, à l' Office Universitaire
et Culturel pour l'Algérie, et j'ai enseigné aux lycées
français à Alger.
------J'ai poursuivi la publication du Bulletin
"Union des Croyants". J'ai créé un "Foyer
Culturel" pour les lycéens de Boufarik ik, et ma femme dirigeait
un "Ouvroir" pour les jeunes filles musulmanes.
------J'ai mis à la disposition des
jeunes de Boufarik une salle de réunion et de lecture, avec bibliothèque
et un cinéclub. Plus d'une centaine de jeunes profitaient de cette
"ouvre" culturelle.
------Les Autorités algériennes
m'ont laissé faire. Mais en 1970, la Police m'a donné trois
jours pour quitter l'Algérie.
Pasteur 'l'artar
( suite
de l'article paru dans le magazine n° 28)
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