sur site le 11/02/2002
-l'Église d'Afrique
-Au IVè s., l'Afrique romaine (le nord-est du Mahgreb) est une province prospère. Elle fournit l'empereur, Rome et l'Italie en blé et en huile.
-------Son Église est l'une des plus florissantes du bassin méditerranéen.

pnha n°45 avril 1994

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Prospérité
-------Au IVè s., l'Afrique romaine (le nord-est du Mahgreb) est une province prospère. Elle fournit l'empereur, Rome et l'Italie en blé et en huile.
-------Son Eglise est l'une des plus florissantes du bassin méditerranéen. En 411, on dénombra plus de 250 évêques catholiques et autant chez les donatistes. Comme toutes les Eglises de cette époque, elle jouit d'une grande autonomie par rapport au pape. De fréquents conciles réunis autour de son chef, l'évêque de Carthage, la gouvernent.
-------On ne possède pas de documents sur l'origine de l'Eglise africaine. Mais vers l'an 180, les noms de douze martyrs attestent que le christianisme y est déjà implanté.
Propagation de la bonne nouvelle
-------Depuis la mort du Christ et la prédication des premiers Apôtres, c'est principalement à l'est du bassin méditerranéen que la Bonne Nouvelle a pris racine. Entre la Cyrénaïque (la Lybie) et l'Asie Mineure (La Turquie).
-------L'Asie Mineure regroupe les provinces de Cappadoce, de Galatie et de Cilicie. C'est là que les chrétiens sont les plus nombreux. De l'autre côté de la Méditerranée, une autre Eglise est également prospère : celle d'Egypte, avec Alexandrie.
-------A l'Ouest, c'est surtout au coeur de la péninsule italienne, entre Ravenne et Naples, que la foi s'est propagée. En Espagne, l'Andalousie est le bassin du christianisme. En Gaule, l'Eglise est bien implantée en Provence, à Lyon, à Tours et dans les grandes villes.
Les communautés chrétiennes s'étaient développées à l'est de la Palestine, en direction de l'empire sassanide (Iran et Irak). Soumises à une vive répression, elles ne progresseront pas.
Prestige
-------L'Eglise d'Afrique du IVè siècle compte déjà des figures prestigieuses.
-------Des martyrs, dont deux jeunes femmes : Félicité et Perpétue (martyrisées en 203). Des penseurs de premier plan : Tertullien dont les réflexions sur la Trinité et la divinité du Christ ont servi de base au concile de Nicée. Et Saint-Cyprien.
-------La vie de Cyprien, évêque de Carthage, n'est pas sans points communs avec celle d'Augustin. C'est un rétheur (professeur d'éloquence) dont la conduite, avant la conversion, ne fut pas particulièrement édifiante ! Baptisé, il est élu évêque, contre son gré. Grand théologien de Dèce (250). Sous le règne de Valérien, il meurt martyr (258).
Constantin
-------Un grand bouleversement est intervenu dans la vie de l'Eglise au début du IVe s. En 313, l'empereur Constantin a publié l'Edit de Milan, qui équivaut à la reconnaissance officielle du christianisme comme religion d'Etat. Depuis, sauf sous Julien l'Apostat, l'Eglise a bénéficié du soutien et de l'appui des maîtres de l'Empire.
-------En 320, le dimanche a été déclaré jour férié. Le palais du Latran a été offert aux papes comme résidence. A Rome et à Constantinople, on a édifié de magnifiques églises. Si le paganisme est encore présent, partout le christianisme progresse.
-------Les persécutions disparues, les chrétiens se font de plus en plus nombreux. Ils se recrutent désormais dans toutes les couches de la société. Certaines grandes familles romaines et de hauts fonctionnaires adhèrent à la foi du Christ. Cette progression ne va pas sans contrepartie. Les nouveaux convertis n'ont pas tous l'ardeur et l'héroïsme des premiers croyants qui encouraient le martyre... Mais il y a des exemples de renoncement à d'énormes richesses : Paulin de Nole et sa femme Thérésia, entre autres.
-------Durant cette période, les controverses au sein de fEglise sont nombreuses. Les hérésies fleurissent : l'arianisme, le manichéisme, le pélagianisme, le donatisme... Augustin l'africain se battra contre elles. Pour les siècles à venir, sa pensée, sa doctrine et sa théologie seront une référence.
 

Les pères de l'Eglise
-------L'Edit de Constantin inaugure pour l'Eglise une ère de paix. Un siècle exceptionnel qui comptera parmi les plus brillants de son histoire. C'est l'âge d'or des Pères de l'Eglise. On appelle « Pères de l'Eglise » , des hommes qui se sont caractérisés par la sainteté de leur vie et par la valeur de leur réflexion théologique.
-------Il y a les Pères grecs, originaires de l'Asie Mineure, de Cappadoce, d'Alexandrie, de
Palestine... Leur langue est le grec. Ce sont Athanase d'Alexandrie, Basile de Césarée Grégoire de Nysse, Grégoire de Naziance Théodore de Mopsuete, Cyrille d'Alexandrie.. Il y a les Pères latins, originaires d'Afrique, de Gaule, d'Espagne... Leur langue est le latin. Ce sont Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan Martin de Tours, Jérôme, Augustin...
En passant par les monastères...
-------Ils ont ensemble de nombreux points communs La plupart sont nés entre 330 et 350. Ils appartiennent tous à l'élite de la société de leur temps. Ils font de fortes et solides études, essentiellement littéraires : la rhétorique. S'ils abordent la philosophie ou la découvre ( comme Augustin) par des lectures ou des rencontres, ce ne sont pas des philosophes de formation (sauf Grégoire de Nysse).
-------Ils ont trouvé la foi à leur berceau. Certains sont issus de familles chrétiennes depuis plusieurs générations. D'autres ont eu une mère très croyante, c'est le cas d'Augustin, d'Ambroise de Jean Chrysostome et de Basile.
-------Leurs études achevées, ils commencent souvent une carrière de professeur de rhétorique. Sauf Martin de Tours qui est officier dans la légion romaine et Ambroise qui est gouverneur. Certains prennent une épouse : Grégoire de Nysse se marie, Augustin vit d'abord avec une compagne.
-------Cette première phase de leur vie est interrompue par une "conversion", un bouleversement Et après avoir longtemps différé leur baptême ils le reçoivent vers la trentaine. La plupart s'orientent vers la vie monastique qui représenta alors l'idéal de la perfection chrétienne. Après trois à cinq ans de vie ascétique (certains se retirent dans la solitude du désert), répondant à l'appel del'Eglise, ils sont nommés évêques et assurent les lourdes responsabilités qui leur incombent.
Leaders d'opinion
-------C'est souvent durant cett période qu'ils participent aux grands débats d'idée qui agitent l'Eglise de cette époque, et à la lutte contre les diverses hérésies. Leurs lettres, leur méditations, leurs thèse théologiques, fournissent pour les siècles à venir la base de la doctrine catholique.
-------Peut-être manquons-nous aujourd'hui de ces penseurs qui, à l'image des Pères de l'Église, sachent formuler les réponses de la foi aux questions que les hommes de notre temps se posent.

Pierre Dhombre