sur
site le 23/10/2002
|
11
Ko / 9 s
|
précédent
|
suivant |
-----En Afrique du Nord, les
saints confesseurs et martyrs, au nombre de quatre mille neuf cent soixante-six,
durant la persécution des Vandales, sous Hunéric, roi arien
furent arrêtés. -----I1 y avait parmi eux des évêques des Eglises de Dieu, des prêtres, des diacres, auxquels s'étaient joints de nombreux fidèles. -----Après avoir été diversement torturés, ces chrétiens célébrèrent leur martyr. Parmi eux les principaux prêtres du Seigneur étaient les évêques Félix et Cyprien (483 ou 484). -----Pour remplir dans son martyrologe les jours laissés vides par ses prédécesseurs, Florus emprunta à l'Histoire de la persécution Vandale de Victor de Vite plusieurs groupes de martyrs qui n'avaient jamais été honorés d'un culte. Il leur assigna des jours choisis arbitrairement, en les annonçant par le terme vague de commémoraison pour éviter toute illusion. Le groupe des quatre mille neuf cent soixante-six clercs avait été placé au 11 octobre. Adon le fit passer au 12 sans aucun motif. LA PERSÉCUTION -----En 429, les Vandales débarquèrent en Afrique et se rendirent bientôt maîtres du pays. Ariens, ils menèrent contre les catholiques une persécution longtemps sournoise et intermittente. -----La mort de Genséric, en 477, avait semblé provoquer une amélioration ; mais son fils Hunéric prit au bout de quelques années des mesures encore plus violentes. -----Victor, évêque de Vite, nous a laissé de ces terribles évènements un récit qu'il composa en exil vers 487 ; c'est un témoignage de premier ordre, bien qu'il ne se soit nullement imposé le ton d'un observateur insensible. -----La déportation massive de clercs qu'il nous raconte eut lieu probablement, avant le pseudo-concile de Carthage (25 février 484), où les évêques ne furent pas autorisés à donner leur avis, mais où le roi porta une loi obligeant tous les catholiques à passer à l'arianisme. Hunéric avait fait arrêter quatre mille neuf cent soixante-six évêques, prêtres, diacres et "autres membres de l'Eglise", expression qu'il faut probablement rendre par clercs, en y comprenant des lecteurs qui étaient encore des enfants. -----Il les fit rassembler à Sicca Veneria (Le Kef) et à Lares (Lorba) (Le Kef est à deux cents kilomètres au sud-ouest de Tunis et les ruines de Lares sont à une vingtaine de kilomètres au sud du Kef). Deux comtes vandales vinrent essayer de faire fléchir les prisonniers qui répondirent : "Nous sommes chrétiens, nous sommes catholiques, nous proclamons toujours la Trinité en un seul Dieu". -----Les gardes n'étaient pas trop sévères, ils laissaient entrer les amis et célébrer les saints mystères. Les femmes venaient voir leurs enfants ; certaines se réjouissaient d'avoir donné le jour à des martyrs, tandis que d'autres essayaient de les amener à se soumettre, mais aucun ne faiblit. -----Une vieille femme, fille de l'évêque de Zuritana, eut le courage d'accompagner son petit-fils, pour que "l'ennemi ne le trouve pas seul et ne puisse le faire périr en le détournant de la vérité". -----Mécontents de la constance des prisonniers, les barbares les enfermèrent dans de sombres réduits où ils étaient entassés comme des sauterelles et d'où ils ne pouvaient sortir pour satisfaire leurs besoins naturels ; la puanteur devint le pire des supplices. -----Victor de Vite et quelques chrétiens achetèrent fort cher les gardes maures qui risquaient des coups de bâton, et purent visiter les captifs pendant que les Vandales dormaient ; ils s'enfoncèrent dans les ordures jusqu'aux genoux. |
-----Un dimanche enfin, les Maures donnèrent
le signal du départ. Les déportés avaient la tête
et les vêtements couverts d'excréments. Les fidèles
accouraient sur leur passage et se lamentaient en voyant que tout leur
clergé leur était enlevé : "Pourquoi
nous laissez?nous, lorsque vous allez cueillir des couronnes ? Qui baptisera
les enfants ? Qui nous confèrera la grâce de la pénitence
et nous délivrera des liens de nos péchés ? Qui nous
enterrera avec les prières solennelles ? Qui célébrera
le Saint Sacrifice ? Si c'était possible, nous voudrions vous suivre
pour que rien ne sépare les fils de leurs pères". Abbé Vincent Serralda |