-------Dans
une année juive, sans l'adjonction d'un treizième mois,
on peut compter soit 48, soit 54 chabbath. A raison d'un par semaine,
nous obtenons des années de 48 à 54 semaines. Nous savons
aussi, qu'à chaque chabbath, nous lisons une section de la Thora,
de façon à étaler la lecture de la Thora sur une
année entière. Celle-ci est divisée en un nombre
de sections correspondant au nombre de semaines de l'année, chaque
semaine portant le nom de la section de la Thora que nous lirons le samedi.
-------Le
texte lu en public et à la synagogue à l'office du matin
chaque samedi, est pris dans l'ordre, c'est-à-dire que l'on commence
la lecture de la Thora, le samedi qui suit la dernière fête
de Souccoth, par le récit de la création du monde (Genèse
premier chapitre). On la termine le dernier jour de la fête de Souccoth
l'année d'après, par le récit de la bénédiction
de Moïse et la mort de ce dernier (Deut. chap. 34). C'est le même
jour aussi que nous recommençons la lecture de la Thora : mais
nous ne lisons que le premier chapitre, la totalité de la première
section (Génèse jusqu'au chapitre 6, verset 10) est remis
au chabbath suivant.
-------Notre
objet d'aujourd'hui n'est pas le fonctionnement de la lecture de la Thora,
que nous avons déjà développé ici nous allons
nous entretenir des samedis spéciaux, où non seulement,
nous lisons la section sabbatique coutumière, mais une autre en
rapport avec un événement particulier. Mais toutes ces sections
ont pour but de nous préparer à l'arrivée de la Pâque
juive.
-------Après
les têtes de Tichri (Rosh-Achana, Yom Kippour et Souccoth), nous
recommençons, le premier samedi après cette dernière
fête, à lire le rouleau de la Thora, une section par semaine,
plus ou moins longue. Tout un chacun est censé connaître
l'Histoire de la Bible : point n'est besoin ici de s'attarder davantage
sur les textes lus dans les synagogues.
-------Le
cas le plus fréquent d'un chabbath spécial est la coïncidence
qu'il peut avoir avec un jour de Rosh-Hodesh (voir notre article à
ce sujet). Nous avons déjà dit qu'à un moment de
ce type, nous sortions 2 Séfère-Thora, un pour la lecture
de la portion hebdomadaire régulière : le second pour la
mention du jour (en l'occurrence, Rosh-Hodesh - Livre des Nombres, Chap.
28, versets 9 à 15). Ne nous y attardons pas plus.
-------A
l'approche des fêtes de Pâque, il y a 4 chabbath particuliers,
où nous sortons également un deuxième Séfère-Thora.
-------Pourquoi
un deuxième Séfère-Thora, alors que tout le texte
sacré est écrit sur un seul et même rouleau ? Ne pourrait-on
faire la lecture sur le même ?
-------A
ces deux questions, on peut répondre en disant que d'abord, les
deux passages que l'on doit lire sont très loin l'un de l'autre
(la section sabbatique régulière et le passage obligatoire
du jour). Alors, pour ne pas faire attendre les fidèles en déroulant
le Séfère, (ce qui peut prendre un bon moment), nos sages
ont institué qu'il fallait sortir un deuxième Séfère,
par respect des fidèles.
-------Evidemment,
les synagogues qui, par manque de moyens, ne peuvent avoir plus d'un Séfère-Thora,
la lecture supplémentaire se fera dans celui que les fidèles
auront à disposition. En aucun cas, la lecture supplémentaire
ne devra être supprimée pour ce motif !
-------Voyons
de plus près à quels moments il y a obligation de sortir
un deuxième rouleau de la Thora.
-------A
l'époque du Temple, quelque temps avant Pourim (fête qui
commémore le miracle d'Esther - voir le livre du même nom
et notre article à ce propos), les juifs étaient tenus d'acquitter
un impôt sur les offrandes du Temple. De par la Thora, tout le monde
est tenu d'offrir chaque jour, deux holocaustes (sacrifices entièrement
consumés par le feu). Comme il est impossible que toute une nation
agisse ainsi en même temps, le Roi David a instauré (avant
la lettre) une sorte de représentation du peuple (un peu comme
des députés) qui assistait à ces sacrifices publics
(public parcequ'ils étaient offerts au nom de la Communauté).
L'argent pour l'achat des bêtes, venait de cet impôt, qu'on
appelait le demi-shékel. Cette taxe était collectée
au plus tard, le jour de Rosh-Hodesh Adrar (mois qui correspond à
février/mars, dans lequel on fête Pourim). Le public avait
jusqu'à cette date pour s'acquitter de cet impôt, égal
pour tous, riches ou pauvres. Par devoir de mémoire, de nos jours,
les sacrifices ne se faisant plus, on a coutume, le chabbath qui précède
la néoménie d'Adrar, de sortir un deuxième Séfère-Thora
dans lequel nous lisons ce passage du prélèvement de cet
impôt, tiré du chapitre 30 de l'Exode. Ce chabbath ne prend
pas le nom de la section que nous lisons, mais celui de Shekalim (pluriel
de shekel). Le shekel était l'unité monétaire utilisée
en Terre sainte à l'époque du Temple ...A noter que ce nom
de monnaie est le même que celui qui a cours légal encore
aujourd'hui en Israël ! Si ce chabbath coïncide avec Rosh-HodeshAdrar,
ce n'est pas 2, mais 3 Séfère-Thora que nous sortirons.
Dans le premier, nous lirons la section hebdomadaire régulière
; dans le second, celle de Rosh-Hodesh et dans le troisième, la
section de Shélakim.
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-------Le
chabbath avant Pourim, a lieu le deuxième chabbath spécial,
appelé Zakhor, (du souvenir). Nous lisons à ce moment, dans
le deuxième Séfer-Thora, en ce jour, la fin du chapitre
25 du Deutéronome. Ce morceau nous recommande de ne pas oublier
ce qu'à fait Amalek aux Israélites à peine émancipés
de l'esclavage égyptien.
-------Quel
est le rapport entre Amalek et Pourim ?
-------Dans
le livre d'Esther que nous lisons à Pourim, nous voyons que l'un
des protagonistes de l'histoire s'appelle Amane. C'est lui qui a voulu
exterminer les Juifs qui habitaient dans le royaume d'Assuérus.
Or ce personnage est descendant d'Amalek. Si laThora nous exhorte à
chercher la paix à tout prix avec nos ennemis, elle nous conjure,
par contre d'exterminer tout ce qui est d'Amalek, même ses biens.
A noter que de nos jours, par assimilation des peuples, nous ne savons
plus qui est Amalek, ancêtre éponyme des Amalecites, peuple
que nous croisons souvent en tournant les pages de la Bible (avec les
rois Saül et David, par exemple). La Haftara que nous lisons alors
ce chabbath, évoque justement le combat de Saül contre Amalek,
à l'époque de Samuel, le Voyant. Certaines autorités
pensent que Hitler serait un descendant d'Amalek.
-------Troisième
chabbath particulier : il est appelé Para, par référence
aux premiers mots du texte (en hébreu) qui est lu dans le deuxième
Séfer-Thon ce jour-là. Il s'agit du fameux passage dit de
la Vache Rousse (Nombres, chapitre 19). On nous relate une loi de pureté
irrationnelle nécessaire à la célébration
de la Pâque juive. En effet, à l'époque du Temple,
il fallait se trouver dans un état de pureté absolu pour
fêter la Pâque. Pour ce faire, il fallait procéder
au rituel de la vache rousse (se reporter au texte biblique). Comme de
nos jours, nous sommes considérés comme impurs (nous reparlerons
de ces notions une autre fois), le fait de lire ce texte nous rappelle
nos devoirs du passé, pour ne pas oublier et pour pratiquer dès
que le moment sera venu, c'est-à-dire, à l'époque
du Messie. La Haftarah est tirée du prophète Ezéchiel,
qui nous explique comment on fera pour purifier le peuple à la
fin des temps.
-------Enfin
dernier chabbath spécial. Il suit immédiatement le chabbath
Para et est appelé Ha-Hodesh, autrement dit du mois (le Ha devant
le mot Hodesh est l'article défini en hébreu - Hodesh est
le substantif qui signifie mois). Ce mois par excellence, c'est Nissane,
mois de la célébration de la Pâque juive. Ce chabbath
peut coïncider avec RoshHodesh. Voir plus haut comment l'on procède.
La section supplémentaire que nous lisons en ce jour, est le Chapitre
12 de l'Exode, où D.ieu dit à Moïse que ce mois-ci
est le premier des mois de l'année. C'est également en ce
jour que nous annonçons à l'office le Rosh-Hodesh (voir
notre article à ce propos), à condition que ce ne soit pas
Rosh-Hodesh, puisqu'on n'annonce par Rosh-Hodesh le jour même!
-------Ces
quatre sections particulières s'étendent sur 6 semaines.
Il y a par conséquent, 2 semaines où l'on ne sort pas un
second Séfer-Thora. Cependant, les chabbath Para et Ha-Hodesh se
suivent sans intervalle. Par contre, entre Shelakim et Zakhor, ou entre
Zakhor et Para, il peut se trouver ce qu'on appelle un chabbath vacant,
c'est-à-dire, sans lecture spéciale.
G.Sebag
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