sur site le 17-3-2003
-Alger, Algérie : religions
Les 4 chabbath spéciaux de l'année
pnha, n°88, mars 1998.
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-------Dans une année juive, sans l'adjonction d'un treizième mois, on peut compter soit 48, soit 54 chabbath. A raison d'un par semaine, nous obtenons des années de 48 à 54 semaines. Nous savons aussi, qu'à chaque chabbath, nous lisons une section de la Thora, de façon à étaler la lecture de la Thora sur une année entière. Celle-ci est divisée en un nombre de sections correspondant au nombre de semaines de l'année, chaque semaine portant le nom de la section de la Thora que nous lirons le samedi.
-------Le texte lu en public et à la synagogue à l'office du matin chaque samedi, est pris dans l'ordre, c'est-à-dire que l'on commence la lecture de la Thora, le samedi qui suit la dernière fête de Souccoth, par le récit de la création du monde (Genèse premier chapitre). On la termine le dernier jour de la fête de Souccoth l'année d'après, par le récit de la bénédiction de Moïse et la mort de ce dernier (Deut. chap. 34). C'est le même jour aussi que nous recommençons la lecture de la Thora : mais nous ne lisons que le premier chapitre, la totalité de la première section (Génèse jusqu'au chapitre 6, verset 10) est remis au chabbath suivant.
-------Notre objet d'aujourd'hui n'est pas le fonctionnement de la lecture de la Thora, que nous avons déjà développé ici nous allons nous entretenir des samedis spéciaux, où non seulement, nous lisons la section sabbatique coutumière, mais une autre en rapport avec un événement particulier. Mais toutes ces sections ont pour but de nous préparer à l'arrivée de la Pâque juive.
-------Après les têtes de Tichri (Rosh-Achana, Yom Kippour et Souccoth), nous recommençons, le premier samedi après cette dernière fête, à lire le rouleau de la Thora, une section par semaine, plus ou moins longue. Tout un chacun est censé connaître l'Histoire de la Bible : point n'est besoin ici de s'attarder davantage sur les textes lus dans les synagogues.
-------Le cas le plus fréquent d'un chabbath spécial est la coïncidence qu'il peut avoir avec un jour de Rosh-Hodesh (voir notre article à ce sujet). Nous avons déjà dit qu'à un moment de ce type, nous sortions 2 Séfère-Thora, un pour la lecture de la portion hebdomadaire régulière : le second pour la mention du jour (en l'occurrence, Rosh-Hodesh - Livre des Nombres, Chap. 28, versets 9 à 15). Ne nous y attardons pas plus.
-------A l'approche des fêtes de Pâque, il y a 4 chabbath particuliers, où nous sortons également un deuxième Séfère-Thora.
-------Pourquoi un deuxième Séfère-Thora, alors que tout le texte sacré est écrit sur un seul et même rouleau ? Ne pourrait-on faire la lecture sur le même ?
-------A ces deux questions, on peut répondre en disant que d'abord, les deux passages que l'on doit lire sont très loin l'un de l'autre (la section sabbatique régulière et le passage obligatoire du jour). Alors, pour ne pas faire attendre les fidèles en déroulant le Séfère, (ce qui peut prendre un bon moment), nos sages ont institué qu'il fallait sortir un deuxième Séfère, par respect des fidèles.
-------Evidemment, les synagogues qui, par manque de moyens, ne peuvent avoir plus d'un Séfère-Thora, la lecture supplémentaire se fera dans celui que les fidèles auront à disposition. En aucun cas, la lecture supplémentaire ne devra être supprimée pour ce motif !
-------Voyons de plus près à quels moments il y a obligation de sortir un deuxième rouleau de la Thora.
-------A l'époque du Temple, quelque temps avant Pourim (fête qui commémore le miracle d'Esther - voir le livre du même nom et notre article à ce propos), les juifs étaient tenus d'acquitter un impôt sur les offrandes du Temple. De par la Thora, tout le monde est tenu d'offrir chaque jour, deux holocaustes (sacrifices entièrement consumés par le feu). Comme il est impossible que toute une nation agisse ainsi en même temps, le Roi David a instauré (avant la lettre) une sorte de représentation du peuple (un peu comme des députés) qui assistait à ces sacrifices publics (public parcequ'ils étaient offerts au nom de la Communauté). L'argent pour l'achat des bêtes, venait de cet impôt, qu'on appelait le demi-shékel. Cette taxe était collectée au plus tard, le jour de Rosh-Hodesh Adrar (mois qui correspond à février/mars, dans lequel on fête Pourim). Le public avait jusqu'à cette date pour s'acquitter de cet impôt, égal pour tous, riches ou pauvres. Par devoir de mémoire, de nos jours, les sacrifices ne se faisant plus, on a coutume, le chabbath qui précède la néoménie d'Adrar, de sortir un deuxième Séfère-Thora dans lequel nous lisons ce passage du prélèvement de cet impôt, tiré du chapitre 30 de l'Exode. Ce chabbath ne prend pas le nom de la section que nous lisons, mais celui de Shekalim (pluriel de shekel). Le shekel était l'unité monétaire utilisée en Terre sainte à l'époque du Temple ...A noter que ce nom de monnaie est le même que celui qui a cours légal encore aujourd'hui en Israël ! Si ce chabbath coïncide avec Rosh-HodeshAdrar, ce n'est pas 2, mais 3 Séfère-Thora que nous sortirons. Dans le premier, nous lirons la section hebdomadaire régulière ; dans le second, celle de Rosh-Hodesh et dans le troisième, la section de Shélakim.

 

-------Le chabbath avant Pourim, a lieu le deuxième chabbath spécial, appelé Zakhor, (du souvenir). Nous lisons à ce moment, dans le deuxième Séfer-Thora, en ce jour, la fin du chapitre 25 du Deutéronome. Ce morceau nous recommande de ne pas oublier ce qu'à fait Amalek aux Israélites à peine émancipés de l'esclavage égyptien.
-------Quel est le rapport entre Amalek et Pourim ?
-------Dans le livre d'Esther que nous lisons à Pourim, nous voyons que l'un des protagonistes de l'histoire s'appelle Amane. C'est lui qui a voulu exterminer les Juifs qui habitaient dans le royaume d'Assuérus. Or ce personnage est descendant d'Amalek. Si laThora nous exhorte à chercher la paix à tout prix avec nos ennemis, elle nous conjure, par contre d'exterminer tout ce qui est d'Amalek, même ses biens. A noter que de nos jours, par assimilation des peuples, nous ne savons plus qui est Amalek, ancêtre éponyme des Amalecites, peuple que nous croisons souvent en tournant les pages de la Bible (avec les rois Saül et David, par exemple). La Haftara que nous lisons alors ce chabbath, évoque justement le combat de Saül contre Amalek, à l'époque de Samuel, le Voyant. Certaines autorités pensent que Hitler serait un descendant d'Amalek.
-------Troisième chabbath particulier : il est appelé Para, par référence aux premiers mots du texte (en hébreu) qui est lu dans le deuxième Séfer-Thon ce jour-là. Il s'agit du fameux passage dit de la Vache Rousse (Nombres, chapitre 19). On nous relate une loi de pureté irrationnelle nécessaire à la célébration de la Pâque juive. En effet, à l'époque du Temple, il fallait se trouver dans un état de pureté absolu pour fêter la Pâque. Pour ce faire, il fallait procéder au rituel de la vache rousse (se reporter au texte biblique). Comme de nos jours, nous sommes considérés comme impurs (nous reparlerons de ces notions une autre fois), le fait de lire ce texte nous rappelle nos devoirs du passé, pour ne pas oublier et pour pratiquer dès que le moment sera venu, c'est-à-dire, à l'époque du Messie. La Haftarah est tirée du prophète Ezéchiel, qui nous explique comment on fera pour purifier le peuple à la fin des temps.
-------Enfin dernier chabbath spécial. Il suit immédiatement le chabbath Para et est appelé Ha-Hodesh, autrement dit du mois (le Ha devant le mot Hodesh est l'article défini en hébreu - Hodesh est le substantif qui signifie mois). Ce mois par excellence, c'est Nissane, mois de la célébration de la Pâque juive. Ce chabbath peut coïncider avec RoshHodesh. Voir plus haut comment l'on procède. La section supplémentaire que nous lisons en ce jour, est le Chapitre 12 de l'Exode, où D.ieu dit à Moïse que ce mois-ci est le premier des mois de l'année. C'est également en ce jour que nous annonçons à l'office le Rosh-Hodesh (voir notre article à ce propos), à condition que ce ne soit pas Rosh-Hodesh, puisqu'on n'annonce par Rosh-Hodesh le jour même!
-------Ces quatre sections particulières s'étendent sur 6 semaines. Il y a par conséquent, 2 semaines où l'on ne sort pas un second Séfer-Thora. Cependant, les chabbath Para et Ha-Hodesh se suivent sans intervalle. Par contre, entre Shelakim et Zakhor, ou entre Zakhor et Para, il peut se trouver ce qu'on appelle un chabbath vacant, c'est-à-dire, sans lecture spéciale.

G.Sebag