cardinal Lavigerie à Notre-Dame d'Afrique
"Le Cardinal à Alger devant sa basilique". (Aujourd'hui des "vandales" lui ont brisé le bras portant la croix).


-Le CARDINAL LAVIGERIE
: la croix et le drapeau
pnha n°30, novembre 1992
sur site le 30 décembre 2001 ...+ le 30-1-2011

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-----Si 1992 rappelle la fin de l'Algérie française, elle nous fait honorer aussi celui qui en restera une des plus belles et fortes figures : le Cardinal Charles Lavigerie, mourait il y a cent ans. Né à Bayonne en 1825; prêtre à 24 ans, docteur en lettres et en théologie, professeur d'histoire ecclésiastique à la Sorbonne, directeur de l'œuvre des écoles d'Orient, juge au tribunal de la Rose à Rome, évêque de Nancy à 38 ans, Lavigerie semblait né pour les plus hautes fonctions.

-----Promis à l'archevêché de Lyon, il part pourtant pour Alger en 1867: le missionnaire apparaît. Ses incontestables talents d'homme d'État allaient être ainsi mis au service de la France et de la Foi : la christianisation des colonies étant pour lui la plus noble et la plus sûre assise de leur apport civilisateur.
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L'évangélisation des foules.
------Débarquant à Alger le 15 mai 1867, il explique: "ma mission est de faire de la terre algérienne le berceau d'une nation grande, généreuse, chrétienne, d'une autre France en un mot: de répandre autour de nous les vraies lumières d'une civilisation dont l'Évangile est la source et la Loi; de les porter au-delà du désert, jusqu'au centre de cet immense continent, encore plongé dans la barbarie.». Le monde officiel apprécia peu...En effet, plutôt que d'amener les arabes à la civilisation chrétienne par la charité, la justice et l'exemple, les gouvernements avaient préféré depuis 1830 exalter l'islam, croyant s'attacher les conquis. Napoléon III concédera alors à regret au fougueux archevêque d'Alger le titre de "grand aumônier de l'Islam" qui écrira alors magnifiquement: "la civilisation, c'est de compter le bien-être pour quelque chose, la vie de l'homme pour beaucoup et son perfectionnement moral pour le plus grand bien". Sa célèbre action politique et religieuse allait démarrer. Pour arriver à ses fins il lui fallait deux auxiliaires: la Presse et l'Argent. Les journaux pour convaincre l'opinion et s'imposer au gouvernement, l'or qu'il mendiait dans le monde entier, pour bâtir et entretenir ses églises, écoles, fermes et dispensaires. Humble et généreux, il était bien fidèle à sa devise épiscopale : Caritas. Il créa dans ce but, en 1868, l'ordre des Pères Blancs, vite aidés des Frères coadjuteurs et des soeurs Blanches, ainsi appelés pour la couleur de leurs habits, les mêlant aux indigènes: gandoura, burnous et chechia. Consacrés à la christianisation de l'Afrique par la prudence, la patience et la charité, ils étaient envoyés par trois à un poste et devaient y fonder successivement une pharmacie, une école... et une église.
------Les Frères s'occupaient des tâches matérielles et les sueurs devenaient paysannes ou infirmières ! Les débuts furent durs, cependant, l'Administration restait réticente et en conséquence, les musulmans ne se souciaient guère d'embrasser une religion mal vue par les maîtres de l'heure.
Lavigerie lance pourtant ses missionnaires aux portes du désert: Ghardaïa, Ouargla, Tombouctou ! 36Pères seront envoyés en 1878 en Afrique équatoriale pour Zanzibar : la terre était neuve et la moisson sera plus féconde dans ce monde noir malgré expulsions... ou assassinats. A la veille de la guerre de 14, l' oeuvre créée s'étend ainsi de Jérusalem à Dakar en passant par Tunis, Zanzibar, le Zaïre et le Soudan. Encore aujourd'hui, l'Ordre est présent dans 23 pays d'Afrique mais aussi au Proche Orient et aux Philippines ! Comptant 252 Frères, 1439 soeurs et 2173 Pères Blancs, originaires du monde entier. L'Ordre créé par le Cardinal Lavigerie ne compte plus que 300 Pères Blancs français en activité, et aujourd'hui la moitié des postulants sont noirs. Le flambeau fut donc bien transmis aux africains eux-mêmes selon la volonté du fondateur, qui percevait très bien les freins et les enjeux politiques de son action.

Au service de la nation
------Promoteur de l'influence politique française qu'il liait à la réussite de son apostolat, il mènera aussi des négociations brillantes en Afrique noire au Levant ou en Tunisie. Etant dès 1875 à l'origine du protectorat français en Tunisie, il obtient du Pape le cardinalat en 1882 et le siège de Carthage qu'il rattache à Alger en 1884: Primat d'Afrique, 1/3 de ce continent passe sous sa responsabilité. Forçant l'admiration de Gambetta, il reçoit dès 1878 un budget pour les constructions d'écoles, d'orphelinats, de paroisses. Le vieux républicain avoue alors au prince de l'église que "l'anticléricalisme n'est pas un produit d'exportation" ... On ne peut oublier non plus l'efficacité de sa lutte contre l'esclavage. Constatant en 1888 que 400.000 noirs souffrent du trafic musulman il propose leur rachat, et leur protection des razzias par des "pionniers du Sahara sorte de moines soldats ! trop chers ou anachroniques, ces mesures s'effaceront devant une conférence officielle mondiale présidée à Bruxelles par le Roi des Belges en 1889. Là encore, ses interventions enflammeront les foules. L'archevêque d'Alger, fondateur des missionnaires d'Afrique, pourfendeur de l'esclavage, était donc une plus haute figure de l'Église de France lorsqu'il prononce son fameux toast le 12 novembre 1890.

------Après l'échec de la Restauration d'Henri V, comte de Chambord qu'il avait fermement soutenu en 1874, l'aventure boulangiste (1889) acheva de la convaincre des erreurs politiques des milieux catholiques. Les persécutions n'en étaient que plus violentes. Expliquant dans une lettre au Pape Léon Xlll de 1880 "qu'un complot immense et redoutable est formé en France pour la destruction de l'Église" il constate amèrement que les légitimistes (contestant la légalité républicaine) sont nos alliés les plus compromettant à l'heure présente". I1 estime alors qu"en reconnaissant ses droits indiscutables (à l'état républicain), en traitant amiablement avec lui, on peut tout sauver en France, comme nous l'avons fait en Algérie". Encouragé par le vatican (encyclique de 1884) et négociant avec le président Sadi Carnot. il est chargé d'initier ce ralliement des catholiques à la République qu'il croit nécessaire à la paix
civile et à la vie de l'Église de France.
------ Ayant réuni à sa table tous les hauts fonctionnaires civils et militaires, il invite lors de son toast à St Eugène à Alger, à l'union de "tous les fils de la Mère Patrie". Appelant ainsi les catholiques à la soumission et au respect des institutions républicaines, il allait déclencher un tollé dès le lendemain en France. La droite l'insultait, la gauche le raillait . Pourtant soutenu par Léon Xlll, le vieux missionnaire accepta mal la secousse. Il rendra à Dieu son âme de Français et d'apôtre le 26 novembre 1892 à 67 ans. C'est là même où St Louis était tombé, près de Tunis, qu'il repose aujourd'hui . S'il eut un tristement célèbre Mgr Duval pour successeur, gageons que celui qui "pour mieux servir la France fait de l'Afrique sa seconde patrie" restera un flambeau.

Guy Lastours


Dernières manifestations du centenaire
o 22 nov : messe télévisée (F2) cathédrale de Bayonne
o 10 déc. : célébration à l'Église St Sulpice Paris, Marseille, Toulon, Nancy.

Renseignements
Maison généralisse des Pères Blancs
49 rue de Romaiville
75019 Paris