Un arrêté en date du 26 avril 1960, a autorisé
la Société Unilever à créer dans la zone industrielle
de Rouïba-Réghaïa, des établissements destinés
à la fabrication de produits chimiques d'utilisation courante.
L'installation en Algérie d'une des plus grandes firmes mondiales
de l'industrie chimique n'est pas un fait isolé. Il s'agit en réalité
d'un des aspects, mais un aspect particulièrement remarquable,
du plan général d'industrialisation de l'Algérie.
L'essor économique de l'Algérie impose en effet un effort
extrêmement vaste : loin de devoir se borner au développement
de l'industrie lourde et de la production énergétique, cet
effort implique également la fabrication sur place d'articles de
consommation courante. L'expansion du marché algérien assurera
à cette production de larges débouchés.
Or, la nature et l'étendue des activités de la grande société
anglo-hollandaise correspondent parfaitement à cet impératif.
Aucune firme n'a un éventail de produits aussi large et aussi diversifié
: savons, articles de toilette, produits alimentaires, huiles et graisses,
tourteaux, aliments pour les animaux, contreplaqué, etc...
La production
comprendra des détergents, des dentifrices, des crèmes
à raser et des shampooings.
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II est évident qu'avant de décider ce nouvel
investissement, les responsables de la firme ont dû se livrer à
un examen approfondi des conditions économiques et sociales, la
création d'une nouvelle usine posant des problèmes de rendement.
Tous les facteurs devant rentrer en ligne de compte, ont été
pesés et cette étude préalable s'est révélée
en définitive favorable.
L'essor démographique de l'Algérie n'est plus à souligner
; cet élément présente pour l'installation d'une
usine Unilever un double avantage : d'une part, aucun problème
de main-d'uvre ne se posera ; d'outre port, les produits fabriqués
seront facilementécoulés, d'autant plus qu'ils correspondent
aux besoins courants d'une population dont le niveau de vie tend à
s'élever progressivement. Par ailleurs l'usine trouvera sur place
une partie des matières premières nécessaires à
la fabrication de produits de qualité, et pourra bénéficier
des sources d'énergie locales et sahariennes.
Ainsi une économie de frais de transport sera réalisée
en fabriquant des produits finis sur place au lieu de les importer d'Europe
et en outre en réduisant au maximum les importations de matières
premières.
Enfin la proximité d'Alger et de ses installations portuaires représente
un avantage appréciable.
Toutes ces raisons ont dicté la décision des dirigeants
d'Unilever.
Mais une fois la décision de principe prise, il fallait mettre
au point les modalités, régler les conditions techniques
de l'installation. Unilever contrôle de nombreuses sociétés
spécialisées installées en France métropolitaine
; il eût été possible de fonder en Algérie
des filiales de chacun de ces établissements.
Une solution plus rentable et plus efficace a été préférée
: une société unique a été créée
en Algérie et assurera l'ensemble des productions Unilever. Unilever-Algérie
possède un capital de 5 millions de nouveaux francs ; elle o son
siège social à Alger, Maison-Carrée, aux Cinq-Maisons.
La nouvelle société est présidée par M. Poiret.
Parmi les administrateurs figurent M. J. P. Tissier directeur des dépôts
Astra en Afrique du Nord, et M. de Coninck qui a pour mission l'étude
des problèmes techniques de toutes les usines françaises
contrôlées par Unilever, ainsi que M. Jurgens, membre des
Conseils d'Administration de Londres et Rotterdam.
Unilever-Algérie, ainsi constituée, a acquis à Rouiba-Réghaia
un terrain de 10 ha, situé entre la route nationale 5 et la ligne
de Chemin de fer Alger-Constantine. Les bâtiments industriels proprement
dits, dans lesquels seront groupées les opérations de fabrication
couvriront 6.000 m2.
Une vue du
chantier à Réghaia: les premières ossatures
métalliques et fondations des bâtiments de fabrication
; au fond la voie ferrée de la ligne Alger-Constantine.
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Les travaux de construction sont actuellement en cours
et la mise en route de l'usine est prévue au cours du premier semestre
de l'année 1962.
La production comprendra des détergents, des dentifrices, des crèmes
à raser et des shampooings. Le programme initial prévoit
un tonnage annuel d'environ 12.000 tonnes, dont 2.000 tonnes de poudre
à récurer et 500 tonnes de produits de toilette. Mais les
installations techniques prévues permettront de doubler ce tonnage
qui ne constitue qu'une production de départ.
Ces installations occuperont une centaine d'ouvriers, pour la plupart
musulmans, ainsi qu'une vingtaine d'employés et de contremaîtres.
Pour mener à bien ces activités, Unilever-Algérie
devra importer de la Métropole environ 6.000 tonnes de phosphate,
sulfate, perborate de soude, d'alcali et de bobines carton ; par contre,
et dès maintenant, 6.000 tonnes de matières premières
seront fournies sur place : alkane, soude caustique, silicate de soude,
silice. Enfin la nouvelle usine consommera du gaz d'Hassi R'Mel (2 millions
de m3 quand elle aura atteint son activité maximum).
II est certain qu'il ne s'agit là que de projets de départ,
la production pourra par la suite augmenter, et dans cette mesure les
projets formés par les responsables de la Société
pourront se modifier dans le sens d'une extension et d'une modification
de la production. Dans ce domaine l'évolution des conditions économiques
et les réactions des consommateurs seront les facteurs déterminants.
Par ailleurs, au cours des prochaines années le développement
de l'industrie chimique Algérienne contribuera à réduire
le tonnage de matières premières importées.
C'est là un des éléments qu'il importe au plus haut
point de souligner dans l'installation d'Unilever en Algérie :
la transformation sur place de produits. bruts fournit des emplois à
une main-d'uvre pléthorique et entraîne une hausse
du niveau de vie des populations.
La nouvelle usine apparaît donc comme le reflet assez exact de l'évolution
économique et sociale de l'Algérie.
R. D.
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