le quartier de la Marine
Urbanisation du quartier de la Marine

Un nouvel ensemble urbain va intégrer la Casbah à la vie de la cité, reloger plus de trois mille familles, créer de grands organes nécessaires à un centre économique moderne tout en sauvegardant un aspect traditionnel.
Perso: M'en allant et revenant, "pedibus cum jambus"au et du lycée Bugeaud, j'ai assisté peu à peu à la modification des lieux: destruction des vieux immeubles, constructions de nouveaux..Pas eu le loisir de voir l'ensemble achevé.

Photos, textes extraits de "Alger-Revue, -printemps 1959"
Collection B.Venis

ici, le 12-10-2007

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Le nouveau quartier de la Marine (maquette). En gris : l'avenue du 8-Novembre el les mosquées
Le nouveau quartier de la Marine (maquette). En gris : l'avenue du 8-Novembre el les mosquées
A LGER. Ce nom évoque l'étagement blanc de la Casbah au-dessus des voûtes du front de mer et des fortifications du port barbaresque.

En fait, l'extension de la ville, la vétusté de certains quartiers et surtout l'écran maladroit de constructions nouvelles ont, depuis longtemps, effacé cet Alger-là.

C'est pourtant, encore, la silhouette que l'habitude lui prête et c'est ainsi qu'Alger existe dans le patrimoine imaginaire.

L'aménagement du quartier de la Marine, au coeur même de l'Alger historique, entreprend d'établir un ensemble urbain qui, sans prétendre reconstituer la silhouette classique, contribuera peut-être à faire revivre cet Alger. Ceci en réalisant les équipements correspondant au développement nouveau de la ville.

Les terrains du quartier de la Marine
- dont la reconstruction avait été confiée à la Régie Foncière en 1930
- présentent pour l'aménagement d'Alger des ressources importantes : situés à l'extrémité du promontoire de la Casbah, en un point où la plateforme littorale est resserrée, leur dégagement permet d'aménager les ouvrages routiers assurant les communications entre le littoral ouest et le port ;

Proches et facilement accessibles d'Alger-centre ils offrent, sur un puissant socle cristallin, de vastes terrains propres à l'édification des "buildings" de bureaux actuellement si nécessaires à l'expansion économique de la ville.
L'image classique d'Alger
L'image classique d'Alger
Ce que l'on peut voir maintenant
Ce que l'on peut voir maintenant ((en 1959, bien sûr!)
et l'mage que nous verrons demain.
et l'mage que nous verrons demain.(que nous aurions pu voir?)
Photo aérienne. Aspect définitif du quartier moderne de la Marine, inséré harmonieusement ( ?!?!?!) dans la basse ville.
Photo aérienne. Aspect définitif du quartier moderne de la Marine, inséré harmonieusement (?!?!?!) dans la basse ville.
Ils offrent également l'espace utile aux parcs de stationnement correspondants ;

Au contact de l'important et dense noyau de peuplement de la Casbah, dont l'équipement économique et social est urgent, ils offrent les surfaces nécessaires à l'établissement des groupes scolaires, des espaces verts, des quartiers d'habitation et des en-sembles d'équipement économique nécessaires à cette " ville dans la ville ".

Compris entre la mer. la place du Gouvernement, l'esplanade de la Caserne Pélissier et la rue Bruce, le quartier de la Marine a été divisé en deux zones par l'ensemble immobilier de l'avenue du 8-Novembre :
---une zone amont, qui correspond aux quartiers de la basse Casbah et de la rue Bab-el-Oued ;
---une zone aval, qui correspond aux terrains situés entre l'avenue du 8-Novembre et la mer.

Il a semblé raisonnable d'utiliser cette division pour :
---affecter l'ilot amont aux équipements sociaux et aux activités économiques - d'ailleurs traditionnelles
- assurant l'intégration de la Casbah à la vie urbaine, ainsi qu'à des ensembles d'habitations correspondant aux besoins du quartier.

---aménager sur l'îlot aval un ensemble d'installations routieres, de parking, de " building ", destinés à l'exercice d'activités administratives, professionnelles ou commerciales d'intérêt régional.

Ainsi, d'une part, réaliser le centre urbain nécessaire à l'équipement de quartiers qui, avec près de 150.000 habitants, forment une véritable ville; d'autre part, installer au coeur même d'Alger les équipements qui lui permettront d'assurer sa fonction de centre économique moderne.

L'organisation de l'opération, les besoins en espaces bâtis et en équipements d'intérêt collectif, la nécessité de reloger la population des immeubles à démolir impliquent un très strict équilibre financier et imposent, évidemment, la création d'une importante masse de constructions rentables

On pourrait regretter que l'aménagement du quartier de la Marine n'ait pas été l'occasion de créer ces parcs et ces jardins dont le besoin se fait tellement sentir à Alger ;

On pourrait aussi préférer une composition architecturale qui aurait reconstitué l'échelle heureuse des quartiers anciens.

En pratique, vains regrets, car il n'y avait pas de choix possible entre :
- soit le respect d'impératifs de rentabilité,
- soit l'abandon du quartier dans son état actuel.

En effet, il s'agit non seulement de rénover un quartier insalubre mais surtout de :
- créer les organes nécessaires au bon développement de la ville.
- reloger plus de 3.000 familles dans de nouveaux ensembles d'habitations

Pour cela, il fallait prévoir des constructions importantes et accepter les conséquences architecturales des impératifs financiers.

Conçu selon ces données logiques et sévères le projet d'aménagement et de construction du projet de la Mari-ne a été approuvé en conseil municipal le 24 février 1959 et son finance-ment garanti au conseil d'administration de la Régie Foncière du 23 décembre 1958.

Avec la réalisation de ce projet, non seulement le nouveau visage va être formé, mais encore, l'image classique du vieil Alger peut renaître et l'ambiance des anciens quartiers reprendre vie.

En effet :
- La Casbah est actuellement masquée, étouffée : l'aménagement de la place commerçante prévue aux alentours de la rue Bab-el-Oued - dont le tracé et même les arcades seraient conservés - dégageront à nouveau les perspectives de l'ancien "djebel ".

- La place du Gouvernement est inaccessible, encombrée de voitures ; son unité architecturale est mutilée : l'aménagement de parkings souterrains, Io construction d'immeubles restituant l'ordonnance classique, l'a-ménagement de plantations rendront à cette place son caractère original.

- Les mosquées de la Pêcherie sont isolées par le trafic automobile, étouffées par les constructions environnantes : les aménagements routiers, le déplacement du Palais consulaire, l'ex-tension de la place des voûtes de la pêcherie vers la vieille mosquée permettront de rendre à ces monuments leur échelle originale et le cadre de calme qui leur convient.

- Dans le prolongement du môle de l'Amirauté, une ordonnance de bâtiments dont l'échelle et les volumes rappelleront l'ordonnance du boulevard front de mer, assureront la transition entre les constructions anciennes et la place du Gouvernement, palliant les effets du barrage établi par les masses de l'Avenue du 8-Novembre.
maquette du quartier de la Marine. établie en 1931 par Le Corbusier dans son "Prolel d'urbanisation de la Ville d'Alger"
Comparé à ce qui sera, ce qui aurait pu être : maquette du quartier de la Marine. établie en 1931 par Le Corbusier dans son "Prolel d'urbanisation de la Ville d'Alger" - (L'architecture vivante, édit. A. Marancé).
- Du côté du lycée Bugeaud et de l'ancienne rue de la Fonderie, un ensemble d'immeubles d'habitation et de groupes scolaires, implantés dans les parcs :
---établiront les transitions entre la basse ville et la haute Casbah,
---étendront les jardins de la mosquée de Sidi Abderrhamane vers les monuments historiques de l'archevêché, du Palais Bruce, de Notre-Dame des Victoires, mis en valeur dans ce cadre.

Jusqu'ici, l'aménagement des espaces, la disposition des volumes bâtis recomposent les ambiances sinon les formes du vieil Alger. Pas de surprise. Avec les gratte-ciel et la grande place qui doublerait l'avenue du 8-Novembre sur la pointe de l'amirauté, avec les ouvrages routiers du front de mer, une série de formes nouvelles composent volontairement les traits d'un Alger nouveau.

On peut s'étonner : cela est bien loin du vieil Alger. Pourtant la beauté de l'ancienne ville était faite, non pas de l'uniformité du style et des formes, mais d'une heureuse juxtaposition de formes, de volumes mis en place au cours des siècles sans que jamais per-sonne n'ait songé à renier son époque, à reconstituer l'ancien.

Et voici que cette heureuse juxtaposition du nouveau à l'ancien se trouve fidèlement respectée par le projet. Car l'harmonie de ses lignes convergeant vers le djebel, laisse intactes les traditionnelles perspectives qui, de la mer, donnent de la vieille ville une vision quasi légendaire.

En élevant sur le front de mer les hautes constructions propres aux techniques actuelles, on ne fait que continuer cette composition qui de la ville mauresque aux monuments turcs, du penon aux voûtes du port, forme le visage illustre d'Alger.