-Alger,« le quartier de la marine »
l'avenue du 8 novembre.

ALGER d’hier…. ALGER d’aujourd’hui
Le quartier de la Marine

Croquis de Charles Brouty
Extrait de l'Echo d'Alger du 2-9-1954 - Transmis pa
r Francis Rambert

ALGER d’hier…. ALGER d’aujourd’hui
Le quartier de la Marine

Quelques maisons subsistent encore à la démolition, derniers témoins de ce que fut autrefois le berceau de la ville européenne : le quartier de la Marine qui abrita l’école des Beaux-Arts, la préfecture et son pittoresque marché, tapi à l’ombre des palmiers de la petite place Soult-Berg.

Cette place était traversée par la rue d’Orléans. A l’angle formé par cette dernière et l’impasse du Soleil, on pouvait voir les « Caves Sainte-Philomène » où se donnaient rendez-vous les nouveaux débarqués d’Espagne.

On y buvait du vin d’Alicante, du Jerez, du Benichama que le patron tirait à même de petits tonneaux de chêne et qu’il lui est arrivé, parfois, de servir à sa clientèle dans des verres rincés et essuyés par... Louis Bertrand !

Taillé en colosse, l’air bourru, mais bon comme du bon pain, Louis Bertrand professait au lycée d’Alger, tout proche de là.

C’était l’époque du « Sang des Races », de « Répète le bien-aimé » et pour mieux connaître ses modèles, l’illustre écrivain prenait, à l’occasion, la place du plongeur de l’établissement.

Manches retroussées, l’œil inquisiteur, oreilles aux aguets, tout en rinçant distraitement les verres, il observait et notait.

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Place Soult-Berg, rue d'Orléans et rue Bisson.
Place Soult-Berg
, rue d'Orléans et rue Bisson.
Extrait de plan de 1865.

les Béas-Fonds d'Alger





ALGER d’hier…. ALGER d’aujourd’hui
Le quartier de la Marine

Quelques maisons subsistent encore à la démolition, derniers témoins de ce que fut autrefois le berceau de la ville européenne : le quartier de la Marine qui abrita l’école des Beaux-Arts, la préfecture et son pittoresque marché, tapi à l’ombre des palmiers de la petite place Soult-Berg.

Cette place était traversée par la rue d’Orléans. A l’angle formé par cette dernière et l’impasse du Soleil, on pouvait voir les « Caves Sainte-Philomène » où se donnaient rendez-vous les nouveaux débarqués d’Espagne.

On y buvait du vin d’Alicante, du Jerez, du Benichama que le patron tirait à même de petits tonneaux de chêne et qu’il lui est arrivé, parfois, de servir à sa clientèle dans des verres rincés et essuyés par... Louis Bertrand !

Taillé en colosse, l’air bourru, mais bon comme du bon pain, Louis Bertrand professait au lycée d’Alger, tout proche de là.

C’était l’époque du « Sang des Races », de « Répète le bien-aimé » et pour mieux connaître ses modèles, l’illustre écrivain prenait, à l’occasion, la place du plongeur de l’établissement.

Manches retroussées, l’œil inquisiteur, oreilles aux aguets, tout en rinçant distraitement les verres, il observait et notait.

Il y avait aussi, dans le quartier, une fameuse « boite » dont la réputation, portée au delà des mers par les navigateurs et les touristes de passage, avait fait une attraction mondiale.
C’étaient les « Bas-Fonds d’Alger ».

Un café unique au monde situé à l’extrémité d’une étroite ruelle où deux hommes ne passaient pas de front.

D’extraordinaires trophées : baïonnettes, masques à gaz, coupe-coupe nègres, pistolets d’arçon, casse-tête et que sais-je encore ? voisinaient sur les murs avec un squelette d’une allure un peu spéciale.
Des carapaces d’animaux étranges, des crabes géants, de formidables mâchoires de mérots, des tibias de chameaux, des peaux de bêtes, des crânes, des maxillaires et toutes sortes encore d’invraisemblables objets dotaient cet établissement d’une atmosphère étrange qu’éclairait l’ineffable sourire du nain Coco dont Jean Launais traça un si émouvant portrait.

Derrière le comptoir, tout encombré (c’est bien le mot) d’amuse-gueule et de « kémias » trônaient les patrons de la boîte : Georgeot, Antoine le fou (qui ne l’était pas du tout), P’tit Zouave et P’tit Louis, le seul survivant de l’époque qui puisse se vanter d’avoir versé à boire à tout ce qu’Alger comptait de bien à ce moment-là.

Avocats célèbres, docteurs réputés, romanciers et romancières en vogue, belles madames, mauvais garçons accompagnant leurs « protégées » se frayaient péniblement un passage vers le comptoir occupé déjà par des étudiants en goguette et des groupes faméliques de militaires experts en l’art de racler les « kémias «  en deux coups de cuillère à pot.

Bien malin aujourd’hui serait celui qui pourrait situer l’endroit exact où se trouvaient l’hôtel de Versailles, l’imprimerie Villeneuve, la rue d’Héliopolis, la fabrique de pâtes italiennes, la rue Bisson reproduite ci-contre. A leur place s’élèvent aujourd’hui d’imposantes constructions qui n’ont plus rien à voir avec les veilles demeures du quartier de la Marine.

- C’est autre chose, dirait mon ami l’urbaniste Tony Soccard... qui « pense » les cités de demain en contemplant, des baies vitrées de son cabinet de travail, un des plus beaux panoramas du monde !