Plan 1870
Les murailles sont construites.
(rue du cheval, des Lotophages,.)
Les maisons mauresques
(daté 1909)
Les Maisons mauresques du boulevard Amiral-Pierre
Époque romaine
Il est évident que, vu sa situation, cette partie de front de
mer du boulevard Amiral-Pierre fut occupée dès l'époque
romaine, les fouilles qui furent faites à l'occasion de travaux
de voirie ont affirmé ce fait. En 1873, des trous creusés
pour recevoir des palmiers, près de la rue des Lotophages, ont
permis de trouver d'anciens remblais, des pierres et un ancien chapiteau
romain d'ordre ionique, ainsi que quelques chapiteaux appartenant à
la période berbère. J'ai pu voir, nous dit Delvoux, dans
sa notice sur Icosium, au fond de ces trous, deux gros murs perpendiculaires
à la mer, d'une épaisseur approximative de 1 m. 60, très
durs à démolir et d'un aspect tout à fait différent
de celui des murs et voûtes arabes. Je les crois antiques.
J'ai constaté, continue Devoulx, sous le niveau turc de la rue
Brueys, un dallage romain à la profondeur de 1 m. 50 environ,
l'on découvrit, non loin de là, quatre jarres dont l'une
en poterie grossière, laquelle mesurait 1 m. 80 de hauteur sur
0 m. 59 de diamètre dans sa plus grande largeur et qui se terminait
par une pointe arrondie ; elle était enfouie à 0 m. 75
de profondeur de l'ancien sol d'une maison s'élevant au bord
de la mer ; elle contenait quelques ossements d'animaux mêlés
de terre.
En l'année 1857, lorsque l'on nivela et appropria les salles
inférieures de la maison n°18 de la rue des Lotophages, qui
est le Palais occupé par M. le Général commandant
le Génie à Alger, l'on découvrit un fragment de
mosaïque qui était sur sa forme et qui porte le numéro
65 du catalogue du Musée public d'Alger, lorsque celui-ci se
trouvait rue de l'État-major où est la Bibliothèque
Nationale. Sur cette mosaïque était placée une très
petite tête de femme en marbre portant des traces de couleur rouge
que l'on déposa au Musée, à l'époque de
la découverte.
La maison où fut faite cette découverte, dit Delvoux,
ne remonte pas à plus de 60 années, soit vers 1800.
Ce fut une reconstruction faite, dit-on, par Mustapha Pacha avec des
matériaux anciens provenant d'un ancien palais. Cette construction
a pour base de belles assises de pierres de taille, placées sur
le roc vif ; une partie de cette base, qui a une hauteur assez grande,
forme une voûte jetée sur un endroit où les rochers,
venant à s'interrompre, laissent pénétrer les eaux
de la mer dans une excavation d'une certaine profondeur.
M. de Fouchères, qui a longtemps habité Alger, a raconté
à Berbrugger (voir " Revue Africaine ", tome V, p.
141), qu'il avait possédé, avant de venir dans cette ville,
un tableau remontant à la moitié du XVII° siècle,
et représentant une vue d'Alger du côté de Bab-el-Oued,
dans lequel les ruines d'un monument romain étaient figurées
sur le rocher où s'éleva plus tard la batterie de Mami
Arnaute ou de SebaTebaren, contiguë à la maison qui nous
occupe. Les découvertes faites en 1857 donneraient à penser
que ces ruines étaient encore visibles à l'époque
où le peintre fit son tableau.
Cette maison romaine se trouvait donc à l'emplacement de la batterie
où se trouve actuellement le jardin, il y aurait peut-être
là quelques recherches à faire.
Epoque Berbère et Turque
Le plan de 1572 et un autre de la même époque n'indique
aucune construction vers cet endroit, mais la tradition et d'anciens
titres indiquent là le palais de Mami Arnaute, ainsi que son
bagne particulier désigné dans les auteurs du XVII°et
XVIII°siècles, notamment dans Haédo, qui signale que
Cervantès fut l'esclave de Mami Arnaute ; et cet auteur esclave
à Alger, donne quantité de détails sur la vie du
corsaire Mami Arnaute au XVIII°siècle.
Ce palais fut occupé par le Consul de France, en 1808, ce fut
là que le commendant Boutin résida et fit ses travaux
de reconnaissance, car sur ses plans est marqué l'endroit et
la coupe de la maison.
Ce qui indiquerait que ce palais fut élevé par Mami Arnaute,
vers 1580, c'est que toutes les faïences de la cour sont semblables
à celles du Palais d'Hiver qui remonte à la même
époque.
L'examen architectural peut démontrer que ce Palais est antérieur
à une centaine d'années au Palais d'Hiver.
Presque toutes les faïences sont en Delft. Les sous-sols sont de
construction romaine ; on accédait par ces sous-sols à
la mer au moyen de galères. Il existe, au premier étage,
un boudoir du XVIII° siècle. Ce boudoir est de toute beauté
avec un plafond décoré et peint de l'époque. Une
salle avec plafond décoré près de la terrasse a
été reproduite par la gravure par Lessore et Wild, en
1830. Il est heureux que ce groupe de palais n'ait pas été
compris dans la démolition du quartier de la Préfecture.
Ce sont des doueras qui faisaient partie du palais du célèbre
corsaire Mami Arnaute.