Dans le plan de reconstruction que M. Molbert,
Ingénieur en chef et M. Barbara, directeur de la Régie
foncière de la ville d'Alger, nous ont exposé hier la
superficie des constructions sera de 50.000 mètres carrés
et celle de la voirie de 50.000 mètres carrés également.
Et dans ce quartier parfaitement organisé, où se dresseront
trois ou quatre importants gratte-ciel, ne seront logés, au lieu
des 18.000 habitants qui occupent l'actuel quartier, que quatre mille
personnes.
Mais où se réfugiera donc cette population composée
de pêcheurs, d'artisans et d'ouvriers ?
MM. Molbert et Barbara nous l'ont expliqué.
Depuis déjà longtemps, la démolition de ce quartier
est prévue.
Mais avant de détruire, il s'agissait de pouvoir loger les habitants
expulsés.
C'est à ce travail ardu et compliqué que la Régie
foncière, constituée depuis fin mai 1932 seulement, a
apporté tous ses soins.
A l'heure actuelle, dotée des terrains cédés à
bas prix par la ville, ou d'emplacements acquis à des particuliers,
la Régie foncière ayant fait établir des projets
par ses architectes, MM. Bevia. Bienvenu, Ferlié et Preuilh,
nous présente un dossier complet comprenant, outre les devis.
une série de plans judicieux et de maquettes longuement étudiées.
Pour la première tranche des travaux, la Régie foncière
envisage un emprunt de cent millions garanti par la ville d'Alger qui,
dans cette entreprise, faisant un apport de 40 % du capital contre CO
% de capital étranger aura droit, dans le conseil d'administration,
à un pourcentage proportionnel à son apport financier.
Les sommes investies dans cette première tranche se répartissent
ainsi :
Acquisition des terrains : 7.250.000
Construction des immeubles : 59.000.000
Acquisition dans les quartiers de l'ancienne Préfecture : 16.004.000
Préparation de la 2° tran- che de travaux : 9.000.000
Pour que les travaux puissent commencer plus rapidement, la Régie
foncière a sollicité le concours des banques, qui ont
accepté d'escompter l'emprunt prévu dès que paraîtra
le décret approbatif du président de la République,
décret indispensable puisque l'emprunt doit être garanti
par la ville d'Alger.
Cinq groupes de constructions, situés en cinq points différents
d'Alger permettront de loger intégralement, le recensement
de l'actuelle population du quartier de la Marine ayant été
fait personne par personne, les quelque dix-huit mille habitants
de ce quartier, y compris ceux qui, après la catastrophe de la
rue des Consuls, évacuèrent leurs logis et sont depuis
abrités dans les baraques au Champ-de-Manoeuvres -- baraques
où entre parenthèse ils se trouvent fort bien et que beaucoup
ont transformées en « petites villas avec jardinet ».
Le premier groupe s'élèvera sur l'emplacement des anciennes
messageries à Bab-el-Oued et sera limité par l'avenue
Malakoff, le boulevard de Provence l'avenue des Consulats, la. rue du
Dey et la rue de Dijon. Il sera réservé à tous
les pêcheurs européens et indigènes et pourra abriter
cieux mille personnes.
Le second occupera un emplacement en bordure de la mer, boulevard Malakoff
et recevra 700 personnes.
Le troisième sera construit rue Léon- Roches, en face
de la fabrique de tabac Mélia et est prévu pour abriter
1:Nti- personnes.
Le quatrième se dressera entre le jardin d'Essai et les usines
Lebon, et recevra 1.000 habitants. Quant au cinquième, qui sera
réservé aux indigènes il sera situé au Climat
de France et abritera 2.300 personnes.
Ce dernier comporte deux genres de construction :
1° Une série de maisons individuelles constituant une véritable
petite casbah moderne aérée et agréable de ligne.
2° Un groupe do maisons collectives construites cependant de façon
à donner à chaque famille cette impression d'inviolabilité
de la vie privée à laquelle les indigènes tiennent
encore beaucoup.
Ces différents groupes de constructions sont rceuvre, le premier
de M. Ferlié, le second de M. Bienvenu. le Toisième de
M. Bévia, le quatrième de M. Preuilh et le cinquième
de M. Bienvenu.
Tous ces immeubles sont d'une conception très moderne et bien
que construits le plus économiquement possible sont d'un aspect
coquet et accueillant.
Quatre catégories de logements sont prévues et les plans
sont établis de telle façon que chaque appartement jouira
de deux expositions permettant ainsi une saine et vivifiante aération.
Et ce n'est que lorsque ces importantes constructions seront édifiées,
après avoir ainsi donné dee logements gais et clairs à
toute cette population qui vit maintenant dans des conditions déplorables
de salubrité et d'aisance, que l'on songera à démolir
ce quartier témoin des premiers jours de l'occupation française.
Mais l'hygiène et l'urbanisme ne peuvent, hélas, s'accommoder
de ces vieux souvenirs et la ville d'Alger, grande cité et capitale,
se devait de supprimer ce quartier inesthétique, centre d'infection
redoutable et de promiscuité dangereuse.
Albe.