Les liaisons postales maritimes Algérie
- Métropole
1° PERIODE 1833-1879
A) LIGNES DE LA METROPOLE
Dans le numéro 10 de notre bulletin,(note
du site: je n'ai pas ce n°) nous avons rappelé l'organisation
de la poste militaire pendant les premières années de la
présence française en Algérie et nous avons ainsi
vu que les liaisons postales avec la Métropole étaient assurées
par les avisos à vapeur de la marine de guerre dont le port d'attache
était Toulon, base du corps expéditionnaire d'Afrique ;
de ce fait la fréquence des départs dépendait exclusivement
des besoins militaires d'où leur irrégularité.
L'augmentation de la population civile et la naissance de relations commerciales
entre les deux rives de la Méditerranée allaient donner
naissance à un trafic postal en rapide développement nécessitant
alors l'intensification des liaisons maritimes et, à partir de
1833, un service régulier allait être établi une fois
par semaine, porté à trois fois en février 1842.
Pendant ces années, l'importance de Toulon s'effaçait au
profit de Marseille, provoquant ainsi une réduction de cette fréquence
limitée, d'abord, à deux fois par mois en octobre 1852,
et puis à une seule fois, en janvier 1854, pour être définitivement
supprimée peu après.
A cette époque, et pour longtemps encore après, un cachet
à date était apposé pour certifier l'arrivée
du courrier dans les ports français d'où leur nom de "
marques d'entrée ", ce sont celles que nous allons étudier
d'après le répertoire publié par Raymond Salles dans
" La poste maritime française - Historique et catalogue ",
à qui nous avons emprunté les clichés qui suivent.
I a) Ligne Toulon - Alger
La correspondance acheminée par cette ligne est plutôt rare
et les quelques plis qui nous sont parvenus couvrent la période
1849-1852 pendant laquelle, comme nous venons de le voir, Marseille devenait
la plaque tournante des relations avec l'Algérie et, dès
lors, il était plus facile de faire parvenir le courrier à
ce port au lieu de le transporter jusqu'à Toulon ; le seul "
cachet d'entrée " à Alger connu est (voir
PDF)
I b) Ligne Alger - Toulon
Les premières lettres que nous connaissons proviennent de militaires
devant participer au débarquement, certaines d'entre elles précisent
avoir été commencées en rade de Mahon et terminées
en rade d'Alger. Les quelques-unes arrivées jusqu'à nous
portent le cachet " Colonies/par Toulon ", certaines ont été
frappées au départ par le cachet admiinstratif du consulat
de France de Mahon.
A l'arrivée des lignes régulières nous rencontrons
deux marques linéaires : la première entre 1833 et 1838,
la seconde pendant les derniers mois de cette année.
Elles sont presque toutes accompagnées
par la griffe de purification apposée, après avoir pratiqué
deux incisions verticales dans le pli et avoir été aspergées
de vinaigre, en application du règlement en vigueur depuis 1821
sur les correspondances en provenance de certains pays de la Méditerranée,
des Antilles et de la Nouvelle-Orléans. Cette griffe se présente
sous deux aspects : le premier utilisé entre 1833 et 1838, le second
jusqu'à 1842, date à laquelle ce règlement est tombé
en désuétude. (note du
site : voir ci-dessus)
Deux cachets dateurs ont été utilisés à Toulon
: le premier entre 1839 et 1842, a été commun à toutes
les provenances, le second propre au courrier provenant d'Algérie
entre 1842 et 1854.(note du site : voir
ci-dessus)
2 a) Ligne Marseille - Alger
Les premiers essais de liaison entre ces deux ports ont été
tentés dès 1835 par la compagnie Charles-et-Auguste Bazin,
de Marseille, mais avec des résultats décevants.
C'est l'époque de l'indécision, pendant laquelle Paris tergiverse
sur la politique à adopter pour l'avenir de la nouvelle possession
; la lutte engagée par Abd El-Kader pesait lourde sur la sécurité
du pays, les premières tentatives de mise en culture des terres
incultes de la Mitidja apparaissaient toujours plus aléatoires
devant les ravages provoqués par le paludisme et par les incursions
de certaines tribus rebelles, le climat politique de Paris et ses contradictions
ne permettaient pas une vision claire des événements. Seuls
certains militaires montraient leur foi dans la réussite de l'entreprise
ce qui conduisait Bugeaud à déclarer à la Chambre
des députés, le 15 janvier 1840 : " L'occupation restreinte
est une chimère et une chimère absolue ", en prônant
la " domination absolue ".
Face à ces perspectives plus optimistes la confiance renaissait
et de nouvelles initiatives commençaient à voir le jour
; c'est ainsi que la compagnie Bazin allait affecter, en 1841, trois paquebots
assurant une liaison tous les dix jours entre les deux ports, l'année
suivante (février 1842) elle signait une convention avec l'Etat,
valable jusqu'en décembre 1853, par laquelle elle se voyait confier
le transport du courrier vers les divers ports d'Algérie et l'autorisation
de placer des " boîtes mobiles " pour recevoir les plis
jusqu'au moment du départ, plis qui étaient frappés
d'une griffe " BM " encadrée dans un rectangle simple
ou double. A l'échéance la succession était confiée
à la Compagnie Impériale qui, après une vie éphémère,
cédait la place (avril 1854) à une nouvelle société
: les Messageries maritimes impériales qui rachetaient les cinq
bateaux en service pour assurer six liaisons par mois entre Alger et Marseille
et trois, d'une part, vers Oran, et, d'autre part, vers Philippeville
(Stora). La concession prévoyait une subvention annuelle de 1.500.000
F e4- obligeait le bénéficiaire à transporter gratuitement
les hommes et les matériels pour les besoins de l'Armée.
Après la chute de l'Empire une nouvelle société prend
la relève (4 septembre 1870) : la Compagnie des messageries maritimes
qui, elle aussi, a une vie très courte puisqu'elle va être
remplacée par la compagnie Valéry en juillet 1871 à
la suite d'une nouvelle convention valable pour dix ans, la subvention
est réduite à 910.000 F mais, en compensation, l'Etat va
payer le prix du passage pour ses besoins militaires.
Entre 1841 et 1862, le cachet d'arrivée à Alger porte la
mention Marseille - Bateau à Vapr, pendant cette période
le port est indiqué d'abord à la main, puis par un tampon
à double ligne et enfin par le timbre oblitéré par
le petit chiffre 3710 et le gros chiffre 5005 d'Alger.
A partir de 1863 apparaît le nouveau cachet Marseille - Bât.
à vapr.
2 b) Ligne Alger - Marseille
Les premiers cachets d'entrée portent la mention Outre-Mer - Marseille
(1842-1846) et Alger - Marseille (1842-1857), avec l'apparition du timbre
nous rencontrons ce dernier d'abord oblitéré par la "
grille muette " et puis par le p. ch. 1896 de Marseille.
En 1857 voit le jour le cachet Algérie BB - Marseille (12) qui
reste en service jusqu'en 1861 et qui a donné lieu à de
nombreuses controverses sur la signification du sigle BB ; certains l'interprètent
comme la contraction de " Boîte Bateau " alors que d'autres
font remarquer que ces boites ont toujours été indiquées
par " BM " ; en outre, notent-ils, il y a un autre sigle sur
la correspondance venant d'Algérie, également inexpliqué
: " BC ", que nous verrons sur la ligne Marseille - Philippeville
sur des lettres adressées de Constantine et que l'on voudrait expliquer
par " Boîte Constantine " ce qui n'a satisfait personne.
A partir de 1862 apparaît le cachet Alger - Bât. à
vapr, le timbre étant oblitéré par le petit chiffre
1896 et par le gros chiffre 2240 de Marseille.
3 a) Ligne Marseille - Oran
Dans le cadre de la convention déjà signalée, cette
ligne est entrée en service en 1846 avec rotation bi-mensuelle,
le cachet d'entrée porte la mention " Marseille - Bateau à
vap. " et les timbres sont oblitérés par le petit chiffre
3732 et par le gros chiffre 5051 d'Oran.
Nous possédons une lettre partie de Marseille le 24 janvier 1854
avec inscription manuscrite du bateau " le Phénicien "
et le cachet Marseille - A Bat, à vap. qui appartient à
Ajaccio, le cachet d'arrivée à Oran est du 28 janvier, cette
lettre a donc transité par la Corse. S'agit-il d'une escale exceptionnelle
?
3 b) Ligne Oran - Marseille
Le cachet de cette ligne porte la mention Oran - Bateau à vap.
4 a) Ligne Marseille - Philippeville (Stora)
- Bône
Lorsque que, en 1837, le général Valée put enfin
assurer la prise de Constantine, le problème devait se poser de
son débouché vers la mer et le choix ne pouvait se porter
que vers le golfe de Stora, loin seulement de 80 kilomètres, le
meilleur emplacement paraissait être celui du hameau de Ras Skikda,
le nom modifié par les derniers envahisseurs arabes de l'ancienne
Rusicade des romains détruite par les Vandales en 533 ; la nouvelle
ville avait été baptisée Port Royal, rapidement changé
en Philippeville en l'honneur du roi des Français.
Pendant les travaux pour la construction du nouveau port, les bateaux
ont fait escale à Stora, toute proche, qui offrait un havre rassurant.
La ligne a été mise en service en deux tronçons :
le premier, en 1854, en même temps que la ligne d'Oran, se limitait
à Philippeville. Un premier cachet porte l'inscription " Marseille
- Bateau à vap. " et est connu jusqu'en 1978, il se retrouve
avec les chiffres de Philippeville : 3734 et 5055. Le second, déjà
signalé, est " Philippeville BC Algérie ", en
service entre 1858 et 1861, il se rencontre toujours sur lettres parties
de Marseille et transitant par Alger, et donc avec le cachet " Marseille
- Bateau à vap. " ou bien sur lettres parties d'Alger ayant
emprunté la ligne côtière Alger - Bône dont
nous parlerons plus loin, dans les deux cas ces lettres sont toujours
adressées à Constantine. Un troisième cachet est
celui frappant les plis remis à la boîte mobile des bateaux
à Marseille portant l'inscription " Marseille - Boîte
mobile ", il a servi entre 1857 et 1871.
Le deuxième tronçon reliant Philippeville à Bône
a été ouvert en 1863 mais nous ne connaissons que le premier
des trois cachets précédents à partir de 1871 lorsqu'a
été créée la liaison avec Tunis ; compte tenu
de la date d'ouverture on ne trouve que le gros chiffre 5015 de Bône.
4 b) Ligne Bône - Philippeville (Stora)
- Marseille
Un seul cachet a été utilisé à Marseille :
Philippeville - Bateau à vap. que nous trouvons avec les chiffres
de cette ville ; il faut toutefois signaler qu'un premier cachet s'étant
progressivement détérioré celui qui l'a remplacé,
en 1863, porte des lettres plus petites d'où des espacements plus
larges entre Philippeville et Bat, à vap.
5 a) Ligne Cette - Alger
Le 27 août 1847 la Compagnie des bateaux à vapeur de Cette
organise un service régulier entre les deux ports, il est repris
successivement par la compagnie André-et-Abeille, en 1851, et par
la compagnie ArnaudTouache, en 1857, de Marseille.
La correspondance ayant emprunté cette ligne paraît avoir
été peu nombreuse à moins qu'elle ne nous soit parvenue
qu'en tout petit nombre puisque nous n'en connaissons qu'entre 1852 et
1857 avec le cachet Cette - Bateau à vapeur, ces plis sont ou sans
timbre ou bien avec timbre oblitéré par le petit chiffre
d'Alger.
5 b) Ligne Alger - Cette
Le cachet normalement utilisé à Cette porte la mention "
Alger - Bateau à vapeur " et va, de 1847 à 1876, il
se retrouve donc sans timbre, avec les chiffres de Cette petit chiffre
687 et gros chiffre 822.
Cette ligne a été utilisée également pour
des lettres destinées à des régions en dehors de
l'hinterland naturel de ce port puisque nous avons une enveloppe expédiée
à Lambesc (Bouches-du-Rhône) arrivée à Cette
le 6 mars 1859 avec le cachet frappé en rouge et le petit chiffre
687, elle est parvenue à destination le 7.
Rarissimes sont deux cachets frappés par erreur : Outre-Mer - Cette
le 23 octobre 1848 et Colonies Fr. - Cette les 25 février 1850
et 17 juin 1853.
6 a) Ligne Cette - Oran
Egalement rares sont les lettres qui nous sont parvenues de cette ligne
car elles se limitent à l'année 1856, le cachet Cette -
Bat, à vap. est accompagné du petit chiffre d'Oran 3732.
Le catalogue Salles signale deux erreurs de frappe : Cononies Fra. - Oran
intervenues en 1850 et 1863. Une autre frappe égale a été
signalée par les " Feuilles marcophiles " (no 220) sur
une lettre de 1851.
6 b) Ligne Oran - Cette
Pour cette ligne aussi nous avons peu de lettres, elles sont frappées
par le cachet Oran - Bat à vap. et sont ou sans timbre ou avec
timbre oblitéré par le petit chiffre 687 pour l'année
1859 ou encore par le gros chiffre 822 pour la période 1871-1875.
7 a) Ligne Cette - Philippeville
Aucune lettre ne nous est parvenue ayant emprunté cette ligne.
7 b) Ligne Philippeville - Cette
Nous ne connaissons que quelques lettres de 1871 portant le cachet Philippeville
- Bateau à vap." et le gros chiffre 822.
Joseph del MATTO.
(A suivre.)
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