| L'ANCIENNE PRISON 
        CIVILE D'ALGER, dite SERKADJI et aussi BARBEROUSSE -
 C'est un endroit familier pour les anis du Vieil Alger, 
        non pas qu'ils y aient jamais séjourné, bien entendu, mais 
        parce que c'est leur point de ralliement lors des visites de la vieille 
        ville. "Rendez-vous devant Barberousse", tout le monde sait, 
        sans ambiguité, où il faut se trouver.Enfin on 1856, lorsque la prison civile s'édifia où 
      nous l'avons connue, ces noms la suivirent et elle fut nommée SERKADJI 
      par les Algériens et BARBEROUSSE par les européens et aussi 
      les Musulmans.
 Malgré sa nouvelle destination, en effet la prison va devenir musée, 
        nous continuerons à la nommer Barberousse, pour la bonne raison 
        que les amis du Vieil Alger sont, par essence, traditionnalistes.
 
 Combien n'a t-on pas dit, et même écrit de bêtises, 
        ces derniers temps sur l'édification et sur les noms donnés 
        à ce bâtiment ? ! Certains allaient jusqu'à croire 
        qu'à l'origine se trouvait un château construit par les fameux 
        corsaires Barberousse.
 
 Il est visible que cet édifice se trouve à l'extérieur 
        des remparts d'EL DJEZAIR, dont il reste des vestiges à proximité 
        immédiate, ce n'était certes pas le lieu propice pour construira 
        à cette époque un édifice quelconque : fort ou château, 
        l'extérieur des fortifications devait être libre.
 
 D'ailleurs nous savons bien où se trouvent les forts aidant à 
        la défense d'EL DJEZAIR(voir 
        Feuillets d'El Djezair): Fort l'Empereur, Fort de l'Étoile, 
        Fort de Bab Azoun, Fort des 24 heures, Fort neuf, Fort de Sidi ben Nour, 
        etc... Mais rien dans cette région.
 
 D'autre part, le plan Morin de 1831 mentionne sur cet emplacement " 
        Broussailles d'agaves et de figuiers de barbarie". Un peu plus tard, 
        en 1832, comme on peut le voir sur la carte d'État-Major, commencent 
        à se dessiner les virages de la Rampe Valée. C'est le terrain 
        compris dans la dernière boucle de cette voie que la Commission 
        des alignements choisit pour l'édification de la Prison Civile 
        (Voir l'État des Établissements 
        à créer sur des emplacements réservés en date 
        du 10 Mai 1846 cité par René LESPES in-"ALGER, Étude 
        de Géographie et d'Histoire Urbaines" in-8° PARIS ALCAN 
        1930 p. 285 note 2)
 
 Il semble difficile de préciser la date de sa construction, les 
        dates de 1849 ou de 1852, mais sans donner de référence 
        (Voir Henri KLEIN : Feuillets d'EL DJEZA1R, 
        in-4°, Alger L. CHAIX (1937) p.55 et p. 177 ).
 
 Ce qui est certain, c'est que en 1856 fut approuvé le plan de la 
        future rue 
        RANDON "qui devait joindre le futur Palais de Justice 
        à la Rampe Valée où s'élevait déjà 
        la Prison. Civile (LESPES Op. cit..p. 
        310-)
 
 C'est en effet le seul nom officiel qui lui ait été donné. 
        Les textes et les plans portent la même désignation, depuis 
        le plan Delaroche, de 1848, où elle figure sous le nom de "Prison 
        Civile projetée" , jusqu'aux documents les plus récents, 
        elle ne porte pas d'autre nom. Cependant, le peuple la nommait SERKADJI 
        et ainsi BARBEROUSSE.
 
 Pourquoi ? C'est toute une histoire.
 
 Du temps des Turcs, les incarcérations se faisaient, pour les femmes, 
        chez le Cheik el Bled ( Maire de la Cité) ; pour les prostituées, 
        chez le Mézouar ; pour les hommes, près de Sidi Ramdan (future 
        rue Barberousse, notons-le au passage), enfin pour les Turcs à 
        Dar SERKADJI, Maison du Vinaigrier ( Voir 
        Dictionnaire Turc Français par A.C. BARBIER DE MEYNARD PARIS LEROUX 
        1886 B.N.A. 035 - SIRKEDJI : fabricant et marchand de vinaigre), 
        en raison de l'existence dans un bâtiment attenant, d'un entrepôt
 de vinaigre appartenant au beylik (KLEIN, 
        op. cit. p. 177 -) dans une rue qui devint plus tard la rue 
        Salluste.
 
 Du temps des Français, la prison civile fut après 1830 à 
        Dar SERKADJI, rue 
        Salluste, puis près de Sidi Ramdan rue Barberousse, 
        ainsi nommée par le chef de Bataillon FILHON, Commandant de la 
        Brigade topographique, qui avait pour mission de baptiser toutes les rues 
        d'ALGER (Voir Ministère de la 
        Guerre -Mémorial du Service Géographique... T.V. La Carte 
        d'Algérie - PARIS 1930, p. 13 et 35), du nom donné 
        par les Chrétiens, d'abord à AROUDJ, premier Sultan d'ALGER, 
        puis, après sa mort en 1518, à son frère et successeur 
        KEIR-ER-DINE, premier Beyler bey (Vice-Roi) nommé par les Turcs 
        dans la régence d'ALGER.
 
 Cette rue Barberousse correspondait aux anciennes rues de Sidi Ramdane, 
        Dar Serkadji el Djedida el Ketta Redjel. Comme cela se fait couramment, 
        le nom ancien fut reporté sur l'édifice nouveau ; c'est 
        ainsi que la prison de la Rue Barberousse fut désignée par 
        les Algériens sous le nom de SERKADJI.
 
 
 Voilà un point de la petite histoire élucidé.
 
 M. PH I L I BERT
 
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