Alger, la prison civile ...dite Barberousse

COMITE DU VIEL ALGER
document adressé par Théo Bruand. Je l'en remercie.
mise sur site le 22-6-2010

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L'ANCIENNE PRISON CIVILE D'ALGER, dite SERKADJI et aussi BARBEROUSSE -

C'est un endroit familier pour les anis du Vieil Alger, non pas qu'ils y aient jamais séjourné, bien entendu, mais parce que c'est leur point de ralliement lors des visites de la vieille ville. "Rendez-vous devant Barberousse", tout le monde sait, sans ambiguité, où il faut se trouver.

Malgré sa nouvelle destination, en effet la prison va devenir musée, nous continuerons à la nommer Barberousse, pour la bonne raison que les amis du Vieil Alger sont, par essence, traditionnalistes.

Combien n'a t-on pas dit, et même écrit de bêtises, ces derniers temps sur l'édification et sur les noms donnés à ce bâtiment ? ! Certains allaient jusqu'à croire qu'à l'origine se trouvait un château construit par les fameux corsaires Barberousse.

Il est visible que cet édifice se trouve à l'extérieur des remparts d'EL DJEZAIR, dont il reste des vestiges à proximité immédiate, ce n'était certes pas le lieu propice pour construira à cette époque un édifice quelconque : fort ou château, l'extérieur des fortifications devait être libre.

D'ailleurs nous savons bien où se trouvent les forts aidant à la défense d'EL DJEZAIR(voir Feuillets d'El Djezair): Fort l'Empereur, Fort de l'Étoile, Fort de Bab Azoun, Fort des 24 heures, Fort neuf, Fort de Sidi ben Nour, etc... Mais rien dans cette région.

D'autre part, le plan Morin de 1831 mentionne sur cet emplacement " Broussailles d'agaves et de figuiers de barbarie". Un peu plus tard, en 1832, comme on peut le voir sur la carte d'État-Major, commencent à se dessiner les virages de la Rampe Valée. C'est le terrain compris dans la dernière boucle de cette voie que la Commission des alignements choisit pour l'édification de la Prison Civile (Voir l'État des Établissements à créer sur des emplacements réservés en date du 10 Mai 1846 cité par René LESPES in-"ALGER, Étude de Géographie et d'Histoire Urbaines" in-8° PARIS ALCAN 1930 p. 285 note 2)

Il semble difficile de préciser la date de sa construction, les dates de 1849 ou de 1852, mais sans donner de référence (Voir Henri KLEIN : Feuillets d'EL DJEZA1R, in-4°, Alger L. CHAIX (1937) p.55 et p. 177 ).

Ce qui est certain, c'est que en 1856 fut approuvé le plan de la future rue RANDON "qui devait joindre le futur Palais de Justice à la Rampe Valée où s'élevait déjà la Prison. Civile (LESPES Op. cit..p. 310-)

C'est en effet le seul nom officiel qui lui ait été donné. Les textes et les plans portent la même désignation, depuis le plan Delaroche, de 1848, où elle figure sous le nom de "Prison Civile projetée" , jusqu'aux documents les plus récents, elle ne porte pas d'autre nom. Cependant, le peuple la nommait SERKADJI et ainsi BARBEROUSSE.

Pourquoi ? C'est toute une histoire.

Du temps des Turcs, les incarcérations se faisaient, pour les femmes, chez le Cheik el Bled ( Maire de la Cité) ; pour les prostituées, chez le Mézouar ; pour les hommes, près de Sidi Ramdan (future rue Barberousse, notons-le au passage), enfin pour les Turcs à Dar SERKADJI, Maison du Vinaigrier ( Voir Dictionnaire Turc Français par A.C. BARBIER DE MEYNARD PARIS LEROUX 1886 B.N.A. 035 - SIRKEDJI : fabricant et marchand de vinaigre), en raison de l'existence dans un bâtiment attenant, d'un entrepôt
de vinaigre appartenant au beylik (KLEIN, op. cit. p. 177 -) dans une rue qui devint plus tard la rue Salluste.

Du temps des Français, la prison civile fut après 1830 à Dar SERKADJI, rue Salluste, puis près de Sidi Ramdan rue Barberousse, ainsi nommée par le chef de Bataillon FILHON, Commandant de la Brigade topographique, qui avait pour mission de baptiser toutes les rues d'ALGER (Voir Ministère de la Guerre -Mémorial du Service Géographique... T.V. La Carte d'Algérie - PARIS 1930, p. 13 et 35), du nom donné par les Chrétiens, d'abord à AROUDJ, premier Sultan d'ALGER, puis, après sa mort en 1518, à son frère et successeur KEIR-ER-DINE, premier Beyler bey (Vice-Roi) nommé par les Turcs dans la régence d'ALGER.

Cette rue Barberousse correspondait aux anciennes rues de Sidi Ramdane, Dar Serkadji el Djedida el Ketta Redjel. Comme cela se fait couramment, le nom ancien fut reporté sur l'édifice nouveau ; c'est ainsi que la prison de la Rue Barberousse fut désignée par les Algériens sous le nom de SERKADJI.

Enfin on 1856, lorsque la prison civile s'édifia où nous l'avons connue, ces noms la suivirent et elle fut nommée SERKADJI par les Algériens et BARBEROUSSE par les européens et aussi les Musulmans.

Voilà un point de la petite histoire élucidé.

M. PH I L I BERT