PRÉHISTOIRE
L'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe
point d'aboutissement des civilisations passées a déclaré le professeur LEAKEY

L'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe
point d'aboutissement des civilisations passées a déclaré le professeur LEAKEY

La séance inaugurale du II° congrès panafricain de préhistoire s'est tenue hier matin à 10 heures, dans la salle des actes de l'Université. Cette cérémonie était placée sous le haut patronage de MM. les Résidents de France an Maroc et à Tunis et de M. Roger Léonard, gouverneur général de l'Algérie.

M. Roger Léonard, retenu à Paris, s'était fait représenter par M. Rogues. secrétaire général adjoint. On reconnaissait dans l'assistance, qui comptait quelque deux cents personnes, MM. Laquiére, président de l'Assemblée algérienne ; Gau, recteur ; Ould Aoudia, délégué à l'Assimblée algérienne ; Burckhardt, conseiller général ; Mgr Pinier, évêque auxiliaire; Molbert, ingénieur en chef de la ville d'Alger ; M. Trémeaud, préfet, d'Alger, était représenté par M. Boyer, directeur du service des archives de la préfecture ; M. Rols, sous-directeur des Beaux-Arts au Gouvernement général.

M. Rogues. prenant la parole au nom du gouverneur, souhaita la bienvenue aux congressistes et exprima la fierté d'Alger de voir se dérouler, en ses murs, d'aussi importants travaux. Il termina en disant : " Vos assises scientifiques nous apportent d'autres raisons de croire à l'oeuvre humaine que nous accomplissons ici ".

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Article extrait de l'Echo d'ALGER du 30-9-1952 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site : janvier 2024

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-------L'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe
L'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe
ALGER, capitale de |a préhistoire
M. l'abbé Henri BREUIL a prononcé le discours inaugural du II° congrès panafricain

L'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe
point d'aboutissement des civilisations passées a déclaré le professeur LEAKEY

La séance inaugurale du II° congrès panafricain de préhistoire s'est tenue hier matin à 10 heures, dans la salle des actes de l'Université. Cette cérémonie était placée sous le haut patronage de MM. les Résidents de France an Maroc et à Tunis et de M. Roger Léonard, gouverneur général de l'Algérie.
M. Roger Léonard, retenu à Paris, s'était fait représenter par M. Rogues. secrétaire général adjoint. On reconnaissait dans l'assistance, qui comptait quelque deux cents personnes, MM. Laquiére, président de l'Assemblée algérienne ; Gau, recteur ; Ould Aoudia, délégué à l'Assimblée algérienne ; Burckhardt, conseiller général ; Mgr Pinier, évêque auxiliaire; Molbert, ingénieur
en chef de la ville d'Alger ; M. Trémeaud, préfet, d'Alger, était représenté par M. Boyer, directeur du service des archives de la préfecture ; M. Rols, sous-directeur des Beaux-Arts au Gouvernement général.
M. Rogues. prenant la parole au nom du gouverneur, souhaita la bienvenue aux congressistes et exprima la fierté d'Alger de voir se dérouler, en ses murs, d'aussi importants travaux. Il termina en disant : " Vos assises scientifiques nous apportent d'autres raisons de croire à l'oeuvre humaine que nous accomplissons ici ".

PRÉHISTOIRE : CONTRIBUTION DE CHACUN AU PROGRÈS DE L'HUMANITÉ
L'abbé Henri Breuil prononça ensuite le discours inaugural empreint de la plus haute élévation.
" Voici quelques décades, au palais ci-devant impérial de Pékin, je visitais l'hôtel de la Terre - de la terre de Chine_simple plateforme circulaire en léger relief, faite de briques émaillées de blanc, rouge, jaune, noire et bleu. Ces couleurs symbolisent les diverses régions de ce vaste empire : le blanc les hauts pays longuement enneigés. le rouge et le noir, les terres fertiles de ces couleurs, le jaune, celle que couvre la grand loess et le bleu, le littoral maritime.
Lorsque le docteur Leakley, le vrai initiateur du Congres panafricain de préhistoire, eut l'idée d'y réunir tous les savants passionnés des origines lointaines des races et des civilisations de ce continent, parmi les plus compréhensifs de ses collaborateurs, il rencontra le très regretté maréchal Joan Smuts, séduit comme lui, à l'idée de rejoindre les représentants des diverses races qui le peuplent. Ils élevèrent de concert, à leur façon, cet autel à l'idéal commun dans une recherche désintéressée, susceptible, pardessus les divergences temporaires, d'être comme une plateforme où, faisant abstraction de celles-ci on puisse se rencontrer, se mieux connaître, et constater que dans le passé chacun a apporté sa contribution à l'œuvre réalisée et communier dans l'idéal commun de recherches déjà destinées à éclairer les origines des civilisations, humbles ou brillantes, qui s'y sont développées. Rien n'était plus favorable à la promotion d'un esprit de collaboration cordiale, où chacun reconnaîtrait le besoin qu'il a des autres pour faire progresser notre science.
Cette seconde session devait se tenir au sud du continent, le point ou la perspicacité d'un modeste fermier boer avait, èss le temps de Boucher de Perthe, compris, de son côté, le langage des pierres taillées.
Nous nous réjouissions tous de voir, ou de revoir, ce pays si riche en gisements bien étudiés remontant aux origines mêmes des types préhominiens, d'examiner ses terrasses et ses plages soigneusement analysées, et d'admirer ses roches peintes et gravées d'un si prodigieux intérêt. Malheureusement les circonstances intérieures de ce pays font qu'il n'est même plus représenté ici. ou une place d'honneur lui était réservée.
Nous regrettons aussi vivement l'absence de nos très éminents collègues et amis d'Égypte, un autre pays dont la préhistoire ancienne et récente a été remarquablement étudiée. Son éveil précoce au début de l'histoire avait ouvert aux peuples méditerranéens la voie même, matérielle et spirituelle, où sont entrées toutes les autres civilisations. En effet, si l'Égypte fut la mère de tous les arts, et combien brillante, c'est elle qui, sous le fatras de ses symbolismes, a jeté les bases de la philosophie religieuse et morale, d'où dans la suite des âges, le judaïsme qui l'a épurée, le christianisme qui l'a universalisée, et le mahométisme, sont sortis et ont contribué à préparer le meilleur de notre monde actuel occidental. Le Dieu unique, le décalogue, la vie future ont été égyptiens avant d'être par Moise, Jésus et Mahomet, israélites, chrétiens ou musulmans. Espérons que par le grand effort actuel de réorganisation de ce pays, si grand par son passé, il soit bientôt à même de représenter parmi nous une si lointaine et glorieuse tradition, et de collaborer à notre œuvre humaine désintéressée, éloignée de toute visée politique. Alors, sur cet autel de la terre africaine reconstruit, pourra s'élever à nouveau comme du brasier de l'autel chinois, la brillante flamme de nos découvertes mises en commun.
Comme premier président de ce Congrès tenu à Nairobi (Kenya) en 1947, il m'était permis d'exprimer ces regrets et de formuler ces souhaits.
Cette haute compréhension du rôle pacifiquement unificateur des esprits d'un tel congrès a été dès l'abord compris par le gouvernement français. et nous devons à M. le Gouverneur général d'Algérie, de tenir ici notre seconde session, malgré les difficultés de l'heure, et de nous avoir offert une cordiale et confortable hospitalité. que nous expérimentons avec reconnaissance. Je suis honoré et heureux d'avoir à la lui exprimer en votre nom à tous, en même temps que le vœu que l'œuvre
conçue par le docteur Leakley, encouragée par le maréchal Smuts, se poursuive féconde, ici et dans un prochain avenir, pour le développement de notre science et des sympathies qui y naîtront de notre cordiale collaboration ".

L'AFRIQUE BERCEAU DE L'HUMANITÉ
Le professeur Leakley, qui présida le congrés précédent de Nairobi, prononça à son tour une allocution.
Il remercia. au nom des délégués étrangers, le gouvernement français et les organisateurs qui permirent cette réunion Internationale. Le choix d'Alger, déclara-t-il en substance, se trouve justifié par de récentes découvertes qui permettent de considérer le continent africain comme le berceau de l'humanité. En outre, l'Afrique du Nord est le trait d'union entre l'Afrique noire et l'Europe, point d'aboutissement des civilisations passées. '

LES MANIFESTATIONS DE LA JOURNÉE
Après que l'abbé Breuil eut prononcé la phrase traditionnelle marquant l'ouverture des travaux,
l'assistance observa une minute de silence à la mémoire des préhistoriens morts depuis 1947. L'éloge funèbre des disparus fut fait par l'abbé Breuil, ies professeurs Oakley et Leakiey. Les regrettés savants étaient: miss Bate (Grande-Bretagne), déléguée du British Museum ; les professeurs Robert Broom (Atrique du Sud) vice-président du premier congrès ; A. Du Toit (Afrique du Sud), Président de la première section, et Ruhlmann, inspecteur des antiquités au Maroc, et de M. René Neuville, consul général de France à Jerusalem.
L'assemblée entendit ensuite le rapport du professeur Balout. directeur du laboratoire du musée du Bardo à Alger, chargé de l'organisation du II° Congrès. Le professeur Balout exposa les travaux qui ont présidé à cette réunion et souligna l'aide qu'il a reçue des services du Gouvernement général.
Puis, il souligna le détail des importants et nombreux travaux qui vont se dérouler au cours de toute cette semaine.
Les congressistes se rendirent ensuite au nouvel hôtel de ville où un vin d'honneur leur était offert par la municipalité. Ce fut Me André, adjoint au maire, qui souhaita la bienvenue aux savants. L'abbé Breuil et le professeur Leakley prirent à nouveau la parole pour exprimer les remerciements des hôtes d'Alger.
L'après-midi M. Reygasse. directeur du Bardo. faisait aux congressistes les honneurs du musée. Les visiteurs admirèrent les remarquables collections, dont certaines sont absolument uniques, et purent controverser à loisir sur les vestiges des premieres industries et réalisations artistiques d'une humanité qui en était à ses premiers pas.
Un lunch termina cette visite.
Quelques instants plus tard, les préhistoriens, réunis en assemblée générale, procédèrent à l'Université, à l'élection de leur bureau.
L'abbé Breuil, présentait dans la soirée, la première communication du congrès consacrée aux peintures du Tassili des Adjers.
De nombreux rapports sont prévus aujourd'hui. En particulier un exposé du professeur Antoine (Casablanca) sur la préhistoire marocaine.

LE RENOUVELLEMENT DU COMITÉ DIRECTEUR
L'abbé Breuil, membre de l'Institut, professeur au Collège de France, a été réélu président aux acclamations des membres présents.
Le docteur Leakley (Kenya), ancien secrétaire général. a été élu vice-président, ainsi que le professeur Van Riet Lowe (Afrique du Sud).
Le professeur Lionel Balout, directeur du laboratoire du musée du Bardo (Algérie) a été élu secrétaire général. Les secrétaires généraux adjoints sont les professeurs R. Mauny (A.-O.F.) et Fogg (Nigeria)
Voici, en outre, la composition des bureaux des sections :
Premiere section (géologie, paléontologie et climatologie générales) :
président : professeur C. Arrambouru (France) ; vice-présidents : professeur Blanc (Italie), docteur Mortelmans (Congo belge).
Deuxième section (paléontologie humaine) :
président : docteur Vallois (France) ; vice-président : professeur Movius (U.S.A.).
Troisième section (archéologie préhistorique) :
président : professeur Clarck (Rhodésie) ; vice-présidents : professeur Péricot (Espagne), docteur Gobert (Tunisie).
Au cours de cette séance, le congrès a adopté de nombreux vœux parmi lesquels un vœu relatif à la
protection des territoires de recherches au Maroc