Marcel MOUSSY
et la fidélité à la terre algérienne

Echo du 22-10-1953 - Transmis par Francis Rambert

Marcel MOUSSY
et la fidélité à la terre algérienne

Il est fier de ses attaches, d’appartenir à une famille algérienne depuis quatre générations, autant qu’il demeure fidèle à une terre qui l’a vu grandir et à ses « impératifs » fixant l’œuvre chaleureuse d’un romancier qui n’a pas encore franchi le cap des trente ans.

L’élève du lycée d’Alger, licencié d’anglais, a vécu en Algérie jusqu’à 20 ans. Il y retourne chaque année à Pâques ou pendant l’été.

Est-ce un retour aux sources nécessaire ?
- Je ne pense pas qu’un écrivain romanesque puisse rien faire de valable qui ne prenne racine dans le milieu de son enfance.

N’est-ce pas le cas pour Mauriac, Bernanos, Graham Greene, etc... ?


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Marcel Moussy est un écrivain et cinéaste français né Marcel Paul Jean Moussy le 7 mai 1924 à Alger et mort le 10 août 1995 à Caen. Il est connu pour avoir adapté le film Les Quatre Cents Coups avec François Truffaut.

il est inhumé au cimetière du Montparnasse, division 4

Professeur d'anglais durant quelques années, notamment au collège d'Étampes (Essonne), il se tourne vers le cinéma après avoir écrit ses quatre premiers romans. Il travaille alors comme scénariste pour la télévision en 1956, puis pour le cinéma où il collabore avec François Truffaut et enfin pour le thêâtre.

En 1960, il réalise son premier film, Saint-Tropez Blues, avec Marie Laforêt et Jacques Higelin ; il tourne ensuite principalement pour la télévision.


sur site : janvier 2025

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Marcel MOUSSY
Marcel MOUSSY
et la fidélité à la terre algérienne

Il est fier de ses attaches, d’appartenir à une famille algérienne depuis quatre générations, autant qu’il demeure fidèle à une terre qui l’a vu grandir et à ses « impératifs » fixant l’œuvre chaleureuse d’un romancier qui n’a pas encore franchi le cap des trente ans.

L’élève du lycée d’Alger, licencié d’anglais, a vécu en Algérie jusqu’à 20 ans. Il y retourne chaque année à Pâques ou pendant l’été.

Est-ce un retour aux sources nécessaire ?
- Je ne pense pas qu’un écrivain romanesque puisse rien faire de valable qui ne prenne racine dans le milieu de son enfance.

N’est-ce pas le cas pour Mauriac, Bernanos, Graham Greene, etc... ?

Mais la réciproque n’est, bien sûr, pas vraie.

Dans « Le sang chaud », sa première œuvre, mieux qu’à des souvenirs de jeunesse, il paie sa redevance au milieu qui l’a forte ment imprégné.

- J’aime ce pays d’antagonismes et de contradictions, de civilisations superposées. L’atmosphère en est grisante, épuisante et décevante : la beauté du décor, l’animation des êtres donnent toujours l’impression que quelque chose d’exaltant va se produire.
Mais rien n’arrive. A Paris non plus, mais au moins on ne s’y attend pas.

Terre de création, inscrivant aux frontons de ses villages les noms de batailles napoléoniennes ou des noms arabes poétiques - les lieux préférés de Marcel Moussy l’Algérie lui offrait avec « Arcole ou la Terre Promise » un terrain d’élection pour y suivre la fondation d’une œuvre humaine.

- Ce qui a inspiré « Arcole », c’est le besoin de justifier mon acté de naissance. Sans doute aussi, le besoin obscur de retrouver une tradition, le point de contact de l’Algérie et de la France particulièrement sensible et déchirant au moment où mes ancêtres acceptaient l’émigration et le dépaysement.

A cette Algérie littéraire qui a sa place au soleil et, elle aussi, son mot à dire, Marcel Moussy accepte de s’intégrer.

- On parle beaucoup depuis un an de la littérature d’Algérie, mais nous avions toujours considéré Camus et Roblès comme des nôtres, et eux-mêmes ont toujours insisté sur leurs attaches. Ce qui est nouveau, c’est l’éclosion d’œuvres autochtones d’expression française, capables de prouver avec quelle maîtrise une langue d’emprunt pouvait être utilisée par nos confrères musulmans. On peut répondre que Saint-Augustin le Berbère fit déjà quelque bruit en latin et que T Algérie semblerait le pays des dissociations entre race et religion aussi bien qu’entre race et langage.

Aussi est-ce avec sympathie qu’il a pris contact avec Feraoun, Mammeri et Mohammed Dib, étant déjà en relation avec Audisio, Roblès, Jean Pellegri. Mais les regards du professeur d’anglais ne s’attachent pas seulement à son Algérie natale. Chez les auteurs étrangers, il s’intéresse aussi à de grands modèles.

- Parmi les romanciers contemporains. deux étrangers m’ont donné ce désir d’imitation dont parle Malraux dans sa « Psychologie de l’Art » et qui est à l’origine de toute création : Faulkner et Graham Greene. Quant à James Joyce, il est pour moi comme pour beaucoup de jeunes écrivains, le plus séduisant et le plus inquiétant des auteurs, puisque son œuvre est à la fois la somme et la destruction de tout roman possible.

Marcel Moussy songe à son prochain roman, « Les Mauvais Sentiments ». N’y voyons pas l’expression d’un pays de dissonances et d’amalgames qui lui est cher et qui exige uns psychologie très sûre de sa voie. Car l'Algérie littéraire, comme tout ce qui est enté sur une vie coloniale, veut pour sa réussite que le « neuf » auquel elle aspire soit avant tout du « vrai ».