Les ports secondaires
Le port de Philippeville
SITUATION ET HISTORIQUE
Tout comme son concurrent du département
d'Oran, Mostaganem, qui lui dispute la quatrième place parmi les
ports algériens, le port de Philippeville est un établissement
maritime créé de toutes pièces depuis la conquête
de l'Algérie.
La ville française a été fondée en 1837 par
le Maréchal Valée sur l'emplacement de l'antique Rusicada,
entrepôt du commerce de Cirta (Constantine), à 3 km. environ
au Sud-est de Stora, où venaient mouiller et se réfugier
les galères romaines.
Le port est situé dans la partie la plus méridionale du
golfe, ouvert au Nord-ouest en forme de croissant de 17 milles d'ouverture
et de 9 milles de profondeur, dont les deux extrémités sont
à l'Ouest, la pointe de Tasrah (ou Esrah) et à l'Est le
Cap de Fer. Il est battu par tous les vents du secteur allant du Nord-ouest
au Nord-est.
Ce n'est que vingt-trois ans après la fondation de la ville que
le programme des travaux de construction du port fut approuvé (décret
du 28 juillet 186o). Et pourtant Philippeville, tout d'abord baptisé
Port-de-France, avait dès 1840 acquis une importance comparable
à celle de Bône.
Les navires qui apportaient les marchandises de la Métropole déchargeaient
alors en rade, à une demi-lieue du rivage, et par mauvais temps
s'abritaient tant bien que mal clans l'anse de Stora où le mouillage
n'offrait qu'une protection insuffisante (le 51 décembre 1854 une
tempête jeta à la côte vingt-deux navires sur les vingt-neuf
qui s'y étaient abrités).
Les travaux initialement prévus furent modifiés en cours
d'exécution. Commencés en 1861, ils étaient achevés
en 1884. Le port comprenait alors une darse et un avant- port couverts
des vents du Nord-est par une digue du large de 1.390 m. enracinée
à la pointe du Skikda de direction Sud-Est-Nord-Ouest et, du côté
du Nord-ouest, par une traverse dite jetée du Château-Vert.
Depuis cette époque, la jetée du large à été
prolongée sur 235 m. et la passe d'entrée dans l'avant-port
réduite ; des travaux d'aménagement des deux bassins ont
été exécutés.
LE PORT ACTUEL
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port de Philippeville, années 1950-60
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Le port actuel est situé entre la
pointe du Skikda et celle du Château-Vert.
La jetée du large a 1.625 m. de longueur. La passe d'entrée
dans l'avant-port, entre la traverse Nord enracinée près
de l'extrémité de la partie de la digue achevée en
1884 et la traverse Sud, ou Jetée du Château-Vert, de 502
m. de longueur, a 100 m. de largeur avec fonds maximum de 15 m.
L'avant-port mesure 500 m. de longueur entre la jetée du Château-Vert
et la traverse séparant les bassins et 600 m. de largeur entre
la digue principale et la côte ; sa surface est de 32 hectares environ
dont 16 hectares avec fonds de 10 m. et au-dessus. Le long de la traverse
séparant les bassins, les navires disposent de 400 m. de quais
avec profondeur variant de 6 m. à 7 m. 40 dans la darse, et de
5 m. 5o à 6 mètres dans l'avant-port. -
La darse a une longueur de 600 m. et une largeur variant de 164 à
380 m. ; elle couvre une superficie de 19 hectares environ, dont 7 ha.
45 a., avec fonds de 10 mètres et au-dessus. Les quais mis à
la disposition des navires s'étendent sur une longueur de 1.000
m. avec une profondeur minimum de 7 m., sauf contre les murs des quais,
où règne une risberme de 5 m. de largeur et une profondeur
de 6 m. seulement.
La passe faisant communiquer les bassins est établie sur les fonds
de 10 à 12 mètres.
Les quais sont arasés à 1 m. 6o au-dessus du niveau moyen
des eaux.
Le port est établi, dans toutes ses parties, sur fonds rocheux.
De gros navires de commerce peuvent évoluer facilement dans l'avant-port
et clans la darse, où les fonds atteignent jusqu'à 15 m.
au voisinage de la digue principale et chacun de ces bassins peut recevoir
de fortes unités de guerre.
Les terre-pleins ont une surface de 201.200 m. carrés répartis
comme suit :
- Terre-pleins pour stockage de charbons 6.300 m2
- Terre-pleins découverts affects aux marchandises 77.240 -
- deux hangars couverts appartenant à la Chambre de Commerce et
loués aux usagers du port 4.320 -
- Hangars, bureaux et magasins appartenant aux Compagnies de Navigation
et à des particuliers 54.500 -
- Services publics 14.400 -
- Voies ferrées et voies charretières 64.400 -
En 1938 a été mis en service le nouveau parc à moutons
permettant de dégager 6.000 m. carrés environ de terre-pleins
bien desservis.
L'outillage public comprend quatre grues à vapeur d'un modèle
désuet, installées sur les quais Sud et Sud- Est de la darse,
un ponton-mâture de 50 tonnes, une cale de halage et les deux hangars
déjà cités. La Société d'Entreprise
Maritime et Commerciale possède deux grues flottantes de 12 et
8 tonnes.
Les voies ferrées du port, de 6.o25 m. de longueur, sont reliées
à la gare tête de ligne de chemin de fer Philippeville-Constantine
installée sur les terre-pleins de la darse.
LES TRAVAUX PRÉVUS
Débouché naturel d'un vaste
hinterland comprenant les hauts plateaux constantinois et les oasis des
Zibans, du Rhir et du Souf, l'établissement maritime actuel de
Philippeville, en raison de l'exiguïté de ses terre-pleins
et de l'insuffisance de son outillage, ne répond pas aux besoins
du commerce et de l'industrie.
Un premier agrandissement de la surface des terre- pleins sera donné
par l'exécution d'une tranche de travaux dont le programme a été
approuvé par décision gubernatoriale du 11 juin 1941 et
comprend :
- la construction d'un môle de l'avant-port limité à
l'Ouest provisoirement par la jetée du Château-Vert, et à
l'Est par un quai orienté sensiblement Nord-Sud ;
-- des dragages en fondation et en avant des quais de ce môle, des
déroctages réduits à la suppression de quelques pointes
de rocher à la côte (-8 m. 00) ;
- la construction, à l'Ouest de l'enracinement de la jetée
du Château-Vert, d'un terre-plein-abri destiné à recevoir
les routes et voies ferrées de desserte du nouveau môle ;
- la construction d'une amorce du futur quai Est- Ouest de l'avant-port,
en vue d'abriter une petite darse de pêche ;
- la construction de quais en bordure du terre-plein Ouest, dans cette
darse de pêche, au Nord et au Sud de la cale de halage.
Mais la surface totale des terre-pleins dont disposera ainsi le port sera
encore insuffisante. De plus, il est nécessaire de prévoir
à Philippeville un port pétrolier ; tout l'arrière-pays
de la moitié Est du département de Constantine est en effet
desservie en hydrocarbures par le port de Bône où la concentration
des dépôts présente un grave danger.
Ces raisons ont conduit la Chambre de Commerce, sur les propositions du
Service des Ponts et Chaussées, à envisager la création
au Sud du massif du Skikcia, dans la plaine de l'Oued Zeramna, d'une zone
industrielle desservie par la voie ferrée Philippeville-Constantine
et par les routes venant de Constantine et de Jemmapes et reliée
au port par fer et par une route contournant le massif montagneux sans
traverser la ville. Sur l'emplacement choisi,, qui devra être au
préalable assaini, drainé et mis à l'abri des inondations
du Zeramna, seront édifiés les dépôts d'hydrocarbures
; leur liaison aux postes prévus dans la darse, le long de la jetée
du large, sera faite par pipe-line passant en tunnel sous le massif du
Skilkda dans le souterrain d'évacuation des eaux de drainage de
la plaine de Zeramna.
Enfin, la Chambre de Commerce se préoccupe de construire :
-- sur la traverse Sud séparant l'avant-port de la darse, à
la place des deux hangars actuels de la Compagnie Générale
Transatlantique et de la Compagnie des Transports Maritimes, deux hangars
modernes comportant des aménagements pour le trafic passagers et
colis postaux et des installations pour les expéditions des dattes,
des fruits et des primeurs (l'utilisation des eaux du barrage des Zardézas
va développer le trafic de ces derniers) ;
-- un dock-silo à grains de 20.000 tonnes le long du quai Est de
la darse ;
-- un chai à vins ;
- et une cale de halage.
Elle a prévu en outre l'installation de quatre grues électriques
de 1,5 t à 5 tonnes et, sur le nouveau môle de l'avant-port
destiné aux charbons et aux matières pondéreuses,
un portique à charbon de 1t tonnes.
Ultérieurement sera poursuivie la réalisation du programme
de création d'un nouveau bassin accolé au Nord-ouestà
l'avant-port actuel.
LES ÉLÉMENTS
DU TRAFIC ET L'IMPORTANCE DU PORT
Bien desservi par la ligne de chemin de fer
Philippeville-Constantine prolongée sur Batna, Biskra et Touggourt
et par un réseau de routes nationales sillonnant son arrière-pays
du Nord au Sud jusqu'à Biskra, de l'Est à l'Ouest de Jemmapes
à El-Milia dans la partie littorale et de Guelma à Sétif
sur les plateaux constantinois, le port de Philippeville est à
la fois un port de voyageurs, un port *marchand et un port de pêché.
Trois Compagnies de Navigation (C. G. T., C. N. M. et S.C.T.M.) assuraient
en 1938 des liaisons régulières hebdomadaires avec Marseille
pour les voyageurs et les colis postaux. Philippeville était aussi
relié aux ports de la côté algérienne par des
services de caboteurs. 52.794 voyageurs sont entrés et sortis par
le port en 1938.
Cette même année, le tonnage des marchandises embarquées
et débarquées s'est élevé à 388.126
tonnes ; 1.564 navires d'un tonnage de jauge total de 2.217.176 tonneaux
sont entrés et sortis. Les exportations qui ont représenté
195.436 tonnes étaient constituées principalement par des
produits agricoles : primeurs, dattes, gins, céréales et
par des expéditions de moutons. Aux importations (192.690 tonnes)
figuraient en première place les houilles et agglomérés
pour plus de 53.000 tonnes, puis les matériaux de construction.
Du point . de vue de la pêche, soixante-douze bâtiments montés
par près de trois cents marins ont livré à la consommation
plus de 847 tonnes de poissons représentant à l'époque
près de 3.700.000 francs.
Philippeville était le cinquième port algérien en
1938
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