Les ports maritimes algériens
par Paul Laurent, ingénieur des ponts et chaussées
Les ports secondaires
Le port de Mostaganem

- collection B.Venis
sur site le 24-10-2010

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Les ports secondaires
Le port de Mostaganem

SITUATION ET HISTORIQUE

Conquis entièrement sur la Iher, à 18 milles à l'Est du Cap-Ferrat, dans la partie Est du golfe d'Arzew, sur une côte droite exposée aux vents dominants de Nord-Est, le port de Mostaganem est signalé de nuit aux navires par les phares de la Pointe de l'Aiguille et de l'îlot d'Arzew à l'Ouest et du Cap Ivi à l'Est.

Aucun ouvrage maritime n'existait avant 1848 en face de la ville de Mostaganem établie alors sur un plateau à environ 1 km. du rivage.

Les bateaux qui venaient ravitailler la ville et la place de Mascara, dont Mostaganem était l'entrepôt, étaient obligés de mouiller à 800 m. de la côte et de s'en éloigner pour aller s'abriter à Arzew au moindre indice de mauvais temps.

Le débarquement des marchandises ne pouvait se faire que pendant la bonne saison.

Pour protéger ces opérations des vents du(Nord et du Nord-Est, on construisit en 1848 une jetée débarcadère de 8o m. de longueur et de 4 m de largeur enracinée à l'embouchure de l'Aïn-Sefra et dirigée sensiblement Est-Ouest.

Le trafic augmentant clans les années suivantes, il devint nécessaire d'allonger la jetée initiale.

En 1881, elle avait une longueur totale de 325 m.

L'implantation de ces premiers tronçons de la digue extérieure, faite alors qu'on ne songeait pas à créer un port à Mostaganem, mais simplement un abri, conditionna par la suite le tracé des prolongements successifs de cet ouvrage. Pour un établissement maritime à une seule entrée parallèle à la côte, cette jetée n'est pas suffisamment éloignée du rivage ; elle obligé les navires à se rapprocher un peu trop des petits fonds.

Un projet de construction du port fut dressé et approuvé par la loi du 29août 1885. Les premiers grands travaux furent commencés en 189o.

Sept années plus tard le port possédait une jetée du large de 725 m. de longueur et un terre-plein protégé par des enrochements.

La jetée Sud-Ouest de 330 m. de longueur fermant le bassin fut achevée en 1904 ; la digue du large avait alors 928 m.

Une loi de juillet 1928 autorisa le prolongement de 16o m. de la jetée et la construction de 320 m. de mur de quai de rive en arrière duquel on édifia deux hangars de 2.000 m. carrés chacun.

Enfin, la lei du 28 août 1936 approuva le projet d'extension du port par création d'un second bassin au Sud-Ouest du premier. Le programme des travaux prévus comporte :
- l'allongement de la jetée du large sur 659 m. de longueur ;
- la construction d'une jetée transversale de 540 m. limitant au Sud-Ouest le nouveau bassin ;
- l'aménagement intérieur de ces bassins ; Uhe première étape de ces travaux est actuellement achevée. La dépense s'est élevée à 48 millions de francs.

LE PORT ACTUEL

Le port actuel possède une jetée du large de 1.373 m. de longueur, de direction sensiblement Est-Ouest sur 450 m. à partir de son enracinement, puis incurvée et dirigée ensuite Nord-Est-Sud-Ouest sur le reste de sa longueur ; un premier bassin de 15 ha. de plan d'eau dragué à -8 ; 12 ha. de terre-pleins ; 800 m. de murs de quai ; un môle inachevé et construit entre les deux bassins ; enfin, une amorce sur 220 m. de longueur de la future jetée transversale.

En fait d'outillage, la Chambre de Commerce offre au public :
- les deux magasins-cales de 4.000 m. carrés de superficie totale sur le terre-plein de rive du bassin actuel ;
une cale de halage de 50 m. de longueur et de 30 m. de largeur ;
- et un parc à moutons en maçonnerie sur un terrain de 4 ha. où les ovins sont visités avant leur embarquement.

Elle a commencé la construction d'un silo à grains de i8.000 tonnes dont les travaux ont été arrêtés en raison de la pénurie actuelle de matériaux.
Elle se propose d'édifier quatre nouveaux hangars et de les doter de huit grues de 3 à 5 tonnes.

L'outillage comprend :
- une grue flottante de 6 tonnes et une grue sur camion automobile de 5 tonnes ;
- cinquante-quatre chalands de 6o à Io° tonnes de portée en lourd ;
- trois citernes pour l'approvisionnement de bateaux en eau douce ;
- sept remorques de 12 à 55 CV.

Les quais ne sont pas encore desservis par voie ferrée. La gare des Chemins de Fer Algériens, située en bordure des terre-pleins, a deux voies principales et cieux voies de . triage et de déborcl de 1.06o m. de longueur totale.

Le long des terre-pleins, la Chambre de Commerce a fait construire 965 m. de voies supplémentaires.

LES ELEMENTS DU TRAFIC ET L'IMPORTANCE DU PORT

Par le port de Mostaganem transite la majeure partie des voyageurs et des marchandises en provenance ou à destination de la moité Est du département d'Oran.

L'établissement portuaire est relié à son hinterland par :

1° des voies routières ;
- la route nationale N° 4 d'Alger à Oran desservant la Vallée du Bas-Chéliff, mise de plus en plus en valeur par les irrigations au moyen des eaux des barrages ;
- la route nationale N° it d'Alger à Mostaganem par le littoral ;
- la route nationale N° 17 de Mostaganem à Perrégaux ;
- trois chemins de grande communication.

2° deux lignes de chemin de fer à voie métrique :
-- la ligne de Mostaganem à Tiaret par Relizane et la ligne Mostaganem à la Macta avec bifurcation sur Oran et sur Colomb-Béchar.

Deux lignes à voyageurs reliaient Mostaganem à Marseille et à Sète hebdomadairement.

Ce sont les exportations et importations de marchandises qui donnaient au port sa vitalité avant les hostilités. Les cargos qui y opéraient avaient un tonnage de jauge moyen de 1.400 tonnes environ et un tonnage maximum de 3.000 tonnes.

Les exportations étaient constituées principalement par les vins, les céréales, Ies farines et les moutons.

Pour améliorer les conditions d'expédition des vins, l'initiative privée projette d'édifier au port un chai de 30.000 hectolitres avec poste de chargement à quai des vins en vrac .

Aux importations figurent par ordre de tonnage décroissant les fûts vides, les matériaux de construction et les houilles et cokes.
" Les produits de la pêche ont représenté en 1938 près de 1.85o tonnes d'une valeur globale deo7 millions 900.000 francs.

Les éléments du trafic en 1938 ont été les suivants :
- 2.134 navires entrés et sortis d'un tonnage de jauge global de 3.047.246 tonneaux.

Tonnage des marchandises :
Débarquées
174 609
Embarquées
343 749
Total
518 358 T

Le mouvement des principales marchandises depuis 1928 est donné en milliers de tonnes métriques par le tableau suivant :

MOUVEMENT DES PRINCIPALES MARCHANDISES DEPUIS 1928
MOUVEMENT DES PRINCIPALES MARCHANDISES DEPUIS 1928

Mostaganem était en 1938 le quatrième port algérien après Bône et avant Philippeville. Du point de vue du tonnage de jauge, il occupait le dix-septième rang parmi les ports français, presque à égalité avec Calais, et quatre rangs seulement après Bône.

Son importance ira en grandissant au fur et à mesure du développement des cultures des périmètres irrigués dans les plaines de la Mina, de l'Hal et du Bas-Chéliff.