Les ports maritimes algériens
par Paul Laurent, ingénieur des ponts et chaussées
Les ports principaux
Le port d'Oran

- collection B.Venis
sur site le 27-10-2010

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Les ports principaux
Le port d'Oran

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Plan du port d'Oran années 1940
Plan du port d'Oran années 1940

SITUATION

Oran est situé au fond d'une baie de 16 milles de large sur 7 milles de profondeur ouverte aux vents dominants et aux grosses tempêtes de Nord-Nord-Ouest, limitée à l'Ouest par le Cap Falcon et à l'Est par la pointe de l'Aiguille.

L'emplacement du port au Sud et à l'Est de la pointe Lamoune n'offre pas un abri naturel à la navigation. Aussi le port a-t-il dû, tout comme celui d'Alger, être conquis sur la mer, à grands frais, pour répondre aux besoins commerciaux de la Ville et de son riche hinterland oranais.

De jour, les navigateurs repèrent aisément le port grâce au Djebel-Krichtel (600 m.) et au Djebel-Orousse (631 m.), points culminants du massif situé entre la pointe de l'Aiguille et le Cap Carbon et au massif du Murdjadjo qui domine le port.

De nuit, les abords du port sont signalés par le phare de Mers-el-Kébir à l'Ouest et par le feu de la falaise Gambetta à l'Est.

HISTORIQUE

Lors de la prise d'Oran en 1831 par les Français, il n'existait qu'une grotte dans la falaise, au sud de la pointe Lamoune ; elle servait d'abri aux barques faisant la liaison avec l'abri naturel voisin de Mers-el-Kébir où les navires cherchaient refuge.

Dès 1848, fut décidée la construction à Oran d'un petit port de débarquement. Deux petites jetées, englobées maintenant dans les môles du Centre et Sainte-Marie, furent construites de 1848 à 1860 ; elles limitaient un plan d'eau de 4 ha. environ où la sécurité n'existait pas par gros temps pour les navires.

Le développement du trafic maritime qui, de 1855 à 1860, passa de 36.000 tonnes à 54.000 tonnes et le transfert à Oran en 1857 de l'entrepôt de Mers-el-Kébir nécessitèrent l'agrandissement des installations portuaires. Le décret du 28 juillet 1860 approuva le projet de construction d'un bassin de 24 ha. (bassin Aucour), fermé au Nord par le premier élément de la jetée du large enracinée à la pointe Lamoune et de direction sensiblement Ouest- Est et à l'Est par la jetée Sainte-Thérèse incluse maintenant dans le môle Jules Giraud.

Les jetées du port de débarquement furent transformées en môles. Les travaux durèrent de 1860 à 1892. Au cours de cette période ,de violentes tempêtes (en 1869, en 1876 et en 1886) ruinèrent partiellement la jetée du large causant ainsi de longs retards à l'achèvement des ouvrages et des difficultés financières à 'l'État qui demanda, par une loi du 19 juillet 1880, le concours de la Chambre de Commerce.

Ce premier programme de travaux avait doté l'établissement maritime de 1.175 m. de jetées, de 1.890 m. de quais accostables et de t3 ha. de quais et terre-pleins.

Mais, grâce au développement des réseaux routiers et ferrés aboutissant à Oran, le trafic maritime avait été multiplié par 15 durant la période 1864-1892 ; à cette dernière date il atteignait pour les marchandises 523.700 tonnes. Il fallait donc encore envisager l'extension du port.

La loi du 18 juillet 1905 approuva un projet comprenant :
- le prolongement en deux alignements de la jetée du large sur 1.282 m. environ ;
- la construction d'une traverse partant de la pointe du Ravin-Blanc, normale à la jetée du large divisée par une passe de 150 m. en deux parties, l'une de 150 m. au Nord, l'autre de 400 m. au Sud ;
- l'élargissement à 120 m. du môle Sainte-Thérèse, aujourd'hui môle Jules Giraud.
- la construction d'un quai de rive de 420 m. de longueur à l'Est du môle précédent et d'un môle dit des Hauts Fonds de 220 m. de longueur et 95 m. de largeur à l'extrémité de ce quai ;
- la construction d'une traverse de 75 m. de longueur enracinée normalement à la jetée du large et dans le prolongement du quai Est du môle des Hauts-fonds ;

En même temps, des dragages et des dérochages devaient abaisser le fond entre les deux derniers môles à la côte -8,40.

Ces travaux furent achevés en 1915.

Pour satisfaire les besoins sans cesse croissants du commerce, l'élargissement à 200 m. du môle des Hauts-fonds fut distrait d'un nouveau programme d'extension du port en cours d'étude et décidé par le Gouverneur Général de l'Algérie le 1 1. mai 1922 ; les travaux durèrent de 1923 à 1931.

Toujours sous l'empire de la nécessité, une loi du 3o avril 1924 approuva l'avant-projet d'un nouvel agrandissement du port vers l'Est par création d'un nouvel avant-port.

En première étape, la jetée du large devait être prolongée encore de 50o m., une traverse Sud de l'avant- port étant prévue sur 550 m. de longueur à partir du rivage ; un quai de rive de 520 m. de longueur à l'Est du môle des Hauts Fonds, devait être construit.

En deuxième phase, les travaux devaient comprendre :
- la construction de la traverse Nord de l'avant- port sur 105 m. de longueur ;
- l'exécution d'un quai accolé à la face Est de la traverse du Ravin-Blanc et des rampes d'accès aux nouveaux terre-pleins.

La loi du 3.3 avril 1924 accordait en même temps la concession des terre-pleins du port à la Chambre de Commerce.

Les dispositions prévues pour les ouvrages furent modifiées par décision gouvernementale du 25 mai 1926 : l'emplacement projeté du quai de rive de 520 m. de longueur fut reculé vers le Sud et sur ce quai fut réservé un emplacement pour l'enracinement d'un môle oblique de 300 m. de longueur et de 120 m. de largeur.

Les travaux se poursuivirent de 1927 à 1932. Le quai de rive fut arrêté à 140 m. de la traverse du Ravin - Blanc en prévision de la construction d'un second môle oblique ; mais le premier môle oblique ne fut qu'amorcé de manière à laisser un plan d'eau suffisant aux navires stationnant dans l'avant-port en vue de leur ravitaillement en charbon. A la place de cette construction différée, le Gouverneur Général autorisa le 21 juillet 1927 celle d'un terre-plein, amorce du futur quai Ouest du môle du Ravin-Blanc.

En 1937 furent terminés la construction du prolongement de la jetée du large et de la traverse Est de 519 m. de l'avant-port.

Les aménagements et installations suivants ont en outre été réalisés depuis 1924 jusqu'à ce jour :
- déplacement de la gare Oran-Marine vers le Sud ;
- déviation des égouts vers l'Est ;
- voie d'accès de la gare Karguentah au Port ;
- modification de la partie Ouest du môle Jules Giraud en vue de la construction de la gare maritime ;
- construction du môle du Ravin-Blanc ;
- construction de l'avant-port ;
- élargissement du môle du Centre en vue d'augmenter la profondeur au bord des quais à -8,50 ;
- installation au quai Henri Beaupuy d'un dock- silo.

Enfin, et de même qu'à Alger, le port d'Oran a subi des dégâts. La tempête des 26 et 27 février 1936 a ouvert deux brèches de 16 et 20 m. de largeur dans le mur de garde de la jetée du large. La réparation de ces dégâts a coûté plus de 26 millions au budget de l'Algérie.

La longueur totale des quais accostables est de 4.750 m. et la surface des terre-pleins de 45 ha. Les voies ferrées desservant les quais se développent sur 14 km. 260; elles sont reliées à la gare d'Oran-Marine qui possède sur les terre-pleins Sud du bassin Aucour deux voies principales et douze voies de triage et de debord d'une longueur totale de 7 km. 64o.

Le commerce maritime trouve au port : douze vastes magasins publics dont onze à simple rez-de-chaussée de 16.012 m. carrés de superficie et un à un étage sur le môle du centre de 2.025 m. carrés quatre bâtiments constituent la gare maritime sur le môle Jules Giraud :
- un dock-silo à céréales de 30.000 tonnes et un hangar annexe de 40.00o quintaux ;
- un magasin de stockage de 1.986 m. carrés sur les terre-pleins de la baie Sainte-Thérèse ;
- un outillage public géré par la Chambre de Commerce comprenant quatre grues automobiles, deux grues électriques à portique de 1 t. 5 à 3 t. ; huit grues électriques sur portique de t t. 5 à 5 t. ;
- un outillage privé de quatre appareils transbordeurs de charbon de 120 à 200 tonnes-heure et un transbordeur à palettes de 200 tonnes-heure ; une grue électrique et une grue à vapeur sur rails de 5 tonnes ; huit grues à vapeur fixes de t t. 5 à 3 tonnes et une grue électrique fixe de 15 tonnes.

Le matériel flottant du port comprend :
- 334 chalands et allèges de 30 à 350 tonnes de portée en lourd ;
- 12 vedettes de 35 à 7o CV. et 22 remorqueurs de 6o à 50o CV. ;
- 13 grues ou pontons-grues de t à 6 tonnes ;

DESCRIPTION GÉNÉRALE

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Le port d'Oran années 1950
Le port d'Oran années 1950

Le port actuel est protégé extérieurement par une jetée à talus dite jetée du large sensiblement parallèle à la direction générale du rivage, concave vers le large, d'une longueur de 2.790 m., par une traverse de 519 m., issue du pied de la falaise Gambetta, au lieu dit Cuevadel-Agua, et par un épi enraciné à la jetée du large d'une longueur de 109 m.

Le navigateur qui franchit la passe de 150 m. de large entre la traverse et l'épi, par des fonds de 24 m., pénètre dans l'avant-port actuel où les fonds varient de 8 à 15 m. A 650 m. plus à l'Ouest, une deuxième passe de 150 M. de largeur avec un fond moyen de 15 m. lui donne accès clans le bassin Poincaré. Traversant ce bassin 'sur 625 m. environ dans le sens Est-Ouest, il trouve devant lui une troisième passe de 120 M. de largeur et 14 m. de profondeur par laquelle il entre dans le bassin du Maroc. Une quatrième passe à 550 m. plus à l'Ouest de 90 m. de largeur et de 10 m. de profondeur forme l'entrée du bassin Aucour. Enfin, le Vieux Port est atteint en franchissant une petite passe de 6o m. de largeur par des fonds de 7 m.

Les surfaces actuelles des bassins sont les suivantes :

Avant-port
47 ha
Bassin Poincaré
50 ha
Bassin du Maroc
16 ha
Bassin Aucour
25 ha
Vieux Port
4 ha
Total
122 ha

soit les deux tiers de la surface des bassins du port d'Alger.
-1 ponton bigue de 8-10 tonnes ;
- 1 ponton mâture de 50 tonnes
et 6 bateaux-citernes pour le ravitaillement des navires en eau douce.

En outre, la Marine Nationale permet, pour la réparation des navires, l'utilisation d'un ponton de 1.200 tonnes et de deux docks flottants de 4.200 et 23.000 tonnes.

LE VIEUX PORT

Ce bassin, situé dans l'angle Sud-Ouest du bassin Aucour, est maintenant limité au Nord par le môle du centre et au Sud-est par le môle Sainte-Thérèse. La longueur des quais accostables est de 720 m.

En raison de son faible mouillage (fonds de -4 à -5), il est réservé aux embarcations de plaisance, aux sociétés nautiques, aux remorqueurs et à la pêche.

Oran est le premier port de pêche de l'Algérie. Sa flotte de pêche comptait en 1938 407 bateaux montés par plus de 1.700 marins. Parmi ces bateaux, 4 étaient des vapeurs et 351 fonctionnaient. à moteur ; leur tonnage total dépassait 4.000 tonnes.

Le produit de la pêche avait atteint près de 12 millions 300.000 francs cette même année.

Un entrepôt réel des Douanes est installé en arrière du quai Sud ; il offre une surface 7.613 m. carrés dans deux bâtiments de deux et trois étages.

LE BASSIN AUCOUR

Il est séparé du Vieux Port par les môles Sainte- Marie et du Centre ; sa limite Est est constituée par le môle Jules Giraud. Sa profondeur varie de -4,50 à -12 ; la longueur utilisable de ses quais est de 1.300 m. C'est un bassin bien abrité où les plus grands navires des lignes de la Méditerranée peuvent évoluer aisément.

Le môle du centre de 250 M. X 60 m. est affecté aux Service du Pilotage de la Santé, des Phares et Balises et à la Direction du Port. Sur le quai Nord ou quai d'Alger, est installé un vaste magasin-cale à un étage de 109 m. X 26 m. occupé par la Société Algérienne de Navigation pour l'Afrique du Nord. Ce bâtiment est desservi par deux monte-charges électriques de 1 o tonnes qui amènent les camions, chargés en général de fûts, du niveau du terre-plein à la terrasse où les fûts, par simple roulage, sont embarqués sur le pont du navire bord à quai.

Dans l'angle Nord-ouest du bassin se trouve la partie du port réservée à la Marine Nationale (plan d'eau, quai Lamoune et plan coupé).

En arrière du quai de rive dit " du Sénégal " de 506 m. de longueur séparant le môle Sainte-Marie du môle Jules Giraud, la Chambre de Commerce a construit cinq hangars au nord de la gare d'Oran-Marine.

Le môle Jules Giraud est de forme rectangulaire de 260 m. de longueur sur 140 m. de largeur. Les fonds devant ses quais vont de -7,40 à -10,70.

C'est sur ce môle qu'a été construite la gare maritime achevée en 1937 (la dépense s'est élevée à près de 12 millions). Elle comprend quatre grands bâtiments modernes à étage. Les trois premiers de 75 m. de longueur et de 35 m. de largeur sont affectés aux trois Compagnies postales de navigation (Compagnie Générale Transatlantique, Compagnie de Navigation Mixte et Compagnie Générale de Transports Maritimes à Vapeur) et sont pourvus de bureaux de passages, de salles de visite pour les bagages, de terrasses et de passerelles pour les voyageurs. Le quatrième, de même largeur que les premiers, a 91 m. de longueur ; il est réservé au Service des colis postaux, commun aux trois Compagnies postales de navigation, aux Chemins de Fer Algériens, au service des P. T. T. et au contrôle des produits exportés par l'O.F.A.L.A.C.

LE BASSIN DU MAROC

Ce bassin est.compris entre les môles Jules Giraud et Millerand. Sa limite Sud est le quai Beaupuy de 420 m. de longueur établi par des fonds de -7,40.

Le môle Millerand présente des murs de quai de 220 m. de longueur à l'Ouest avec fonds de -9,30, de 200 m. au Nord (fonds de -10,40) et de 380 m. à l'Est (fonds de -10). Il est affecté momentanément aux charbons de réexportation en attendant que le môle du Ravin- Blanc soit équipé en môle aux charbons.

Le long du quai Beaupuy peuvent accoster bord à quai deux navires pour le chargement de céréales stockées dans le dock-silo de 30.000 tonnes construit sur les terre-pleins en arrière de ce quai. Ce dock-silo est constitué par un bâtiment central flanqué de deux ailes. Sa longueur totale est de p i m., sa largeur de 26 m., ce qui lui confère une superficie totale de 2.366 m. carrés. Le bâtiment central, ou chambre de travail atteint une hauteur de 50 m. 40 dans laquelle sont aménagés un sous-sol, un rez-de-chaussée et huit étages de hauteurs variables. Les
silos abritent 180 cellules de trois capacités différentes : le long de chaque aile sont disposées quatre fosses de déchargement des navires chargés de céréales en vrac.

Chaque circuit peut livrer 200 tonnes-heure en vrac et l'appareil pneumatique peut aspirer 100 tonnes-heure.

Les appareils permettent en outre :
- de décharger les wagons de céréales en vrac et d'ensiler le grain avec un débit horaire de quatre fois 200 tonnes ;
- de reprendre le grain au silo, le mettre en sacs et le charger sur navires avec un débit horaire de deux fois 120 tonnes et sur camions ou wagons lorsque l'ensachage est fait sous les mamelles des cellules ;
- de transvaser le grain de cellule à cellule à un débit horaire de 200 tonnes ;
- de nettoyer le grain avant ensilage, de le désinsectiser, de le peser et d'en mesurer le volume.

Toutes les opérations sont commandées par un équipement électromagnétique.

Les travaux ont été terminés en 1935.

Ce bâtiment, qui comporte les derniers perfectionnements du genre, a coûté plus de 21 millions.

LE BASSIN POINCARE

Ce bassin, à l'Est du précédent, est séparé de l'avant-port par le môle du Ravin-Blanc. Il aura deux darses lorsque le môle oblique, seulement amorcé actuellement, aura été achevé.

Ses quais de rive sont :
- à l'Ouest, le quai Sainte-Thérèse de 120 m. de longueur avec fonds de 8 m. utilisé par le commerce de vins et de phosphates et pour la réception des hydrocarbures ;
- et à l'Est le quai de Brest de 200 m. avec fonds à -9,00 affecté à la Société Borgne pour les marchandises diverses.

Le quai Ouest du môle du Ravin-Blanc longueur et il est accostable par les navires de fort tonnage.

LE PORT DE RELÂCHE ET LE PORT PETROLIER

Oran est le premier port de relâche de l'Algérie.

En 1958, 1.386 relâcheurs jaugeant près de 2.800.000 tonneaux sont entrés au port ; 1.512 de plus de 3.000.000 de tonneaux en sont sortis.

Plus de 360.000 tonnes de charbon ont servi à leur ravitaillement.

Les dépôts de charbon sont faits sur le môle Millerand, le long duquel les navires peuvent accoster bord à quai. Les relâcheurs sont opérés également aux postes d'amarrage sur bouées. Leur approvisionnement en combustibles solides est effectué à raison de 6o tonnes- heure à l'aide de chalands et des moyens du bord et de 100 à 110 tonnes-heure au moyen de grues spéciales à vapeur. Le môle Millerand est équipé de quatre appareils transbordeurs de 120 à 200 tonnes-heure.

En ce qui concerne le mazout, les Sociétés pétrolières ont fait, sur les nouveaux terre-pleins de la baie Sainte- Thérèse, d'importantes installations reliées au réseau des voies ferrées du port. Les cuves ont une capacité totale de 32.420 m. cubes et sont reliées à des bouches à quai.

La Shell a installé sur la face Est du môle du Ravin- Blanc une prise d'essence reliée à une station de pompage de 170 mètres cubes-heure refoulant par un pipe-line jusqu'au dépôt d'hydrocarbures du faubourg Victor-Hugo.

Les réservoirs à bitume du port ont une capacité totale de 3.390 m. cubes.

AMÉNAGEMENT ET EXTENSION PRÉVUS DU PORT

Parmi les aménagements à réaliser dans le port actuel figure en premier lieu la construction du môle oblique amorcé dans le bassin Poincaré. De 300 m. de longueur et de 120 m. de-largeur, il procurera cinq nouveaux postes à quai avec des fonds variant de -0 pour le quai Ouest à -12 pour le quai Est. Ce môle sera équipé de deux magasins et de quatre grues électriques.

Auparavant, il sera nécessaire de déplacer la cale de halage actuelle située à l'angle Est de l'amorce du môle 'oblique. Cette cale sera reconstruite lé long du quai Est du môle Sainte-Marie et elle pourra recevoir des remorqueurs de 600 CV. calant 4 mètres.

Sur le môle Millerand seront construits cinq hangars dès qu'il sera libéré des charbons à transférer au môle du Ravin-Blanc ; l'outillage comprendra cinq grues électriques.

Dans le bassin Aucour, le quai du Sénégal sera élargi pour permettre l'accostage de navires de 8 m. de tirant d'eau.

En 1938, les Ingénieurs du Port estimaient qu'il fallait vingt postes à quai pour les opérations simultanées des navires fréquentant journellement le port. Pour atteindre ce nombre il sera nécessaire de relier le môle du Ravin-Blanc à un môle dit " de la Cueva " à construire contre la traverse du large, par un quai de rive de 430 m. de longueur fondé à -12, et de protéger l'avant-port actuel des vents d'Est et de Nord-est par le prolongement de la jetée du large sur 400 m. de longueur.

Il est vraisemblable que les besoins du commerce maritime entraîneront la construction d'un nouvel avant- port à l'Est de celui existant qui serait transformé en bassin. Pour éviter alors aux navires un trop long parcours dans les bassins successifs et une gêne pour leurs évolutions, peut:être sera-t-on amené à déraser la jetée du large à son enracinement à la pointe Lamoune et à ouvrir une passe vers le port voisin de Mers-el-Kébir en cours de construction.

Une nouvelle voie d'accès aux terre-pleins de la baie Sainte-Thérèse est projetée ; elle aura son origine au carrefour du pont de Gambetta, à la cote +76, clans la partie Est de la Ville.

Enfin, la Chambre de Commerce se propose d'édifier au port un chai à vin de 75.000 hl. en arrière du quai Beaupuy, un entrepôt frigorifique de 1.810 m. carrés dans la partie Ouest de ce quai et, en bordure de la gare maritime, un hangar-abri pour les expéditions de fruits et de primeurs.

ACTIVITÉ DU PORT

Oran est desservi :
1°/ par trois lignes de chemin de fer à voie normale :
- la ligne Oran-Alger ;
- la ligne La Sénia-Aïn-Témouchént ;
- la ligne du Tlélat à la frontière marocaine avec embranchement sur Ras-el-Ma ;
2°/ par une ligne à voie métrique d'Oran à La Macta et à Colomb-Béchar ;

3°/ enfin par trois routes nationales :
- la route Nationale N° 2 de Mers-el-Kébir à Tlemcen prolongée vers le Maroc par la grande rocade Nord allant vers Oudjda ;
- la route Nationale N° 4 d'Alger à Oran,. par Mostaganem et Arzew ;
- et la route Nationale N° 6 d'Oran à Géryville par Mascara et Saïda. ,

Ces routes seront complétées par une nouvelle route Aïn-Témouchent-Marnia qui, empruntant la vallée de la Tafna, rapprochera la frontière marocaine de la capitale oranaise.

Enfin, Oran sera dans l'avenir la tête de ligne du Méditerranée-Niger et, à ce titre, son port aura à assurer une bonne part du trafic de transit des produits en provenance ou à destination de l'Afrique Occidentale Française.

Pour le moment, le port d'Oran est la porte de sortie de la majeure partie des produits de I'Oranie. Les exportations portent principalement sur les vins et les eaux- de-vie, sur les charbons de soute, sur les céréales et les farineux et sur les laines et les peaux. C'est le premier port d'Algérie pour les expéditions de céréales.

Par ce port entrent en Oranie, par ordre de tonnage décroissant, la houille, les huiles minérales, et végétales, les denrées alimentaires, les matériaux de construction, les machines diverses.

Le port était fréquenté en 1938 par toutes les marines étrangères. Le tonnage des navires entrés et sortis était réparti par moitié entre le pavillon français et 14 pavillons étrangers. Pour ces derniers venaient en tête les navires anglais et les navires allemands avec respectivement 13 % et 7% du tonnage total.

MOUVEMENT DES PRINCIPALES MARCHANDISES DEPUIS 1928
(Les poids sont indiqués en milliers de tonnes métriques)

MOUVEMENT DES PRINCIPALES MARCHANDISES DEPUIS 1928
MOUVEMENT DES PRINCIPALES MARCHANDISES DEPUIS 1928

Oran était le deuxième port algérien en 1938, aussi bien du point de vue du tonnage de jauge (14.663.546 tx) que du poids des marchandises (3.257.246 t. contre 3.565.615 pour Alger) qu'enfin du nombre des voyageurs (142.808). Par contre, il détenait la première place quant au nombre des navires (8.643 contre 7.614 pour Alger).

Parmi les ports de France et de l'Afrique Française le port d'Oran occupait en 1938 :
- le cinquième rang après Marseille, Le Havre, Alger et Dakar pour le tonnage de jauge ;
- le septième pour le tonnage des marchandises et de la pêche ;
- le douzième du point de vue du nombre des voyageurs ;
- enfin le cinquième après Marseille, Le Havre, Le Chapus et Brest pour le nombre de navires.