LE PORT D'ALGER

Au cours d’une grandiose procession en mer, en présence S. Exc. Mgr DUVAL
Plus de 100 embarcations ont participé à la fête de Saint Pierre

Echo d'Alger du 27-6-1954 - Adressé par Francis Rambert
sur site :juin 2025

Au cours d’une grandiose procession en mer, en présence S. Exc. Mgr DUVAL
Plus de 100 embarcations ont participé à la fête de Saint Pierre

La fête de la Saint-Pierre a été célébrée hier avec un faste rarement atteint à Alger. Ayant débuté le matin par une messe solennelle célébrée à la cathédrale, elle s'est poursuivie l’après-midi par la traditionnelle procession en ville et en mer de la statue du vénéré patron des pêcheurs.

S.E. Mgr Duval, assisté de Mgr Jacquier, prenait place, à 15 h. 30, à bord du chalutier « Méduse II », qui prenait bientôt la mer, entouré de la vedette de l’Inscription maritime « Ombrine » où avaient embarqué les autorités civiles et militaires, des remorqueurs de l’E.R.S.A., du « Cap Ferrât », de la Marine nationale, et d’une centaine d’embarcations de tous types, grand pavois hissé, qui transportaient plus d’un millier de fidèles.

Après avoir doublé la passe du vieux port, la formation navale stoppa pour procéder au lancer de gerbes, à partir du « Méduse II », en souvenir des marins péris en mer.

Une minute de silence ponctuée par les sirènes marqua cette cérémonie.

Les bâtiments reprenaient ensuite leur ordre de marche en direction de l’arrière-port, tandis que les fidèles entonnaient des cantiques à la gloire de Marie et de saint Pierre.

Au retour, les nombreux fidèles qui, faute d’embarcations, n’avalent pu participer à la cérémonie et qui attendaient, massés sur les quais de la pêcherie, le débarquement de la statue vénérée, eurent la joie profonde d’écouter une brève allocution de S. E. Mgr Duval, qui tira la leçon de cette grandiose et réconfortante manifestation de foi.


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Port d’Alger, ruche bourdonnante
Au bassin de radoub institut de beauté des bateaux

les radoubeurs ? des chirurgiens esthétiques propres à réparer des ans les « réparables » outrages... Avez-vous déjà eu l’occasion de pénétrer dans cet institut de beauté pour bateaux qu’est un bassin de radoub ? A Alger, malgré les grilles qui encerclent ce lieu... et les pancartes qui en interdisent formellement l’entrée, c’est chose relativement facile...

Sa traversée en diagonale, du quai de Bayonne à la rue d’Anghor, constitue même un sérieux raccourci pour les piétons-baigneurs venant de la jetée de l’Agha ou du môle Amiral-Mouchez... C’est tout vous dire !

Naturellement, le « Défense d’entrer » se lit toujours très bien sur les écriteaux disposés bien en évidence de part et d’autre de chaque portillon... Mais nous touchons là un des mystères les plus insondables de la nature du Français, et ce n’est pas notre but.

Remarques que pour ce cas particulier, il est tout de même recommandé de demander la permission d’assister à la grande toilette d’un navire à sec au chef des radoubeurs, qui est à Alger un homme on ne peut plus charmant.

Nous voilà donc à Brobdingnag, Vous savez, ce pays découvert par Lemuel Gulliver où tout est énorme.

Mais un Brtfbdingnag spécial, occupé par une armée de Lilliputs courageux et actifs qui auraient réussi la gageure de ficeler les géants dans leur lit.

Les géants, ce sont les nefs dégoulinantes d’eau et proprement étayées par de lourds madriers de bois, qui transpirent dans les bassins. Quant à la légion lilliputienne elle est constituée par les ouvriers radoubeurs qui, de la quille aux bastingages, de l’hélice moussue, énorme et suintante à la proue rectiligne où harmonieusement arrondie s’affairent bruyamment en martelant, raclant, rivetant, agaçant sans répit, semble-t-il, le monstre au repos.

Mais une fois passées ces premières heures trépidantes, tonitruantes, au cours desquelles les flancs du pauvre lévrier des mers ont été suppliciés sans merci. Les « bourreaux » fatigués se calment, s’adoucissent, voire s’attendrissent.

On met de l’huile dans les rouages... et dans la peinture, pour la délayer.

Le moment est venu de recouvrir les plaies de baume.

Les marteleurs et riveteurs cèdent la place aux peintres. Ces derniers, juchés tant bien que mal sur des échelles de cordes ou sur d’étroites passerelles de bois peignent en sifflant, sifflent en peignant.

Leurs pinceaux fixés à l’extrémité de longs bâtons suivent un rythme lent et précis, atteignent les moindres encoignures, redonnent par petits coups le brillant, la couleur et la vie.

Oui, la vie ! puisque la dernière couche de peinture ne sera pas encore sèche que le navire, libéré, pourfendra de nouveau la mer de son étrave...