"UN ACTE DE PRUDENCE FINANCIÈRE
"
ALGER port moderne doit l'être dans tous les domaines
De gigantesques projets de protection et d'aménagement sont à
l'étude
La récente politique
de multiplication des grues de quai va, comme l'on sait, porter pleinement
ses fruits dans les mois à venir.
Nous avons souligné, dans notre précédent article,
l'heureuse incidence qu'apura sur le rendement la prochaine mise en
service de ce " matériel adjuvant " Mais il est évident
que celui-ci, s'il consolidera la réputation du port, ne fera
pas pour autant augmenter sensiblement le nombre des usagers, tout au
moins dans l'immédiat.
Alger, havre inévitable
Alger est en effet, depuis longtemps. un havre inévitable en
beaucoup de circonstances.
Sur le plan africain, et ceci n'est plus à démontrer,
il joue le rôle d'un cur qui fait vivre le pays, en recevant
d'une part les produits industriels nécessaires à son
équipement et à la vie de sa population, et en ex-portant
d'autre part vers l'Europe les nombreux produits de l'agriculture locale/
Sur le plan mondial, il est magnifiquement placé sur deux des
plus grandes routes maritimes : Europe, Extrême-Orient et Atlantique
Sud, par Gibraltar et Suez.
Les gros relâcheurs britanniques des lignes des Indes, de Chine
ou d'Australie, les escales régulières des longs courriers
antillo-calédoniens ainsi que celles des paquebots assurant la
Côte occidentale de l'Afrique en sont les preuves les plus spectaculaires.
La modernisation du port est un acte de prudence financière.
Mais ceci ne veut nullement dire que notre port, étant assure
d'une clientèle fixe, pouvait se permettre de négliger
son équipement et sa modernisation. Bien au contraire. Pour une
question de prestige tout d'abord, mais aussi pour des questions de
sûreté de manipulation, de rendement de main-d'uvre
et de prix de revient, donc " par stricte prudence financière
", comme nous le dira un éminent représentant de
la Chambre de Commerce, ii est obligé d'être toujours a
la pointe du progrès., Et c'est si vrai que les marchandises
lourdes et relativement " peu riches ", à la manipulation
non délicate, qui constituaient jadis l'essentiel de notre activité,
ont fait largement place au fret encombrant, fragile et cher, comme
les tracteurs, les poids lourds,
les locomotives, les wagons, les automobiles, les machines de tout genre,
etc. dont les importations ont considérablement augmenté
ces dernières années.
Quais spéciaux de
notre port
Port moderne, Alger se devait de l'être dans tous les domaines.
Aussi, ses quais spéciaux, preuve d'une activité intense,
sont-ils depuis longtemps en service.
Ceux-ci comprennent neuf postes à quai spécialisés,
de huit à dix mètres de tirant d'eau, pour pétroliers
et charbonniers, deux postes à quai pour chargement de vin en
vrac, un poste pour chargement de minerais, deux postes à quai,
non équipés, pour marchandises diverses, trois quais en
pointe pour relâcheurs, deux formes de radoub, deux quais de réparation
à flot, un môle spécial pour la pêche avec
4.100 m² de halle à poissons et annexes, etc...
On ne saurait terminer ce rapide " inventaire ", sans parler
des deux futures gares maritimes, dont la premiere étape, du
programme de construction de 1 milliard 900 millions est presque achevée.
La " Transat ", comme nous l'avons déjà dit,
occupera l'aile gauche dès le mois d'octobre, la "
Mixte " s'installera dans la partie droite vers la fin de l'année.
Rappelons, en passant, que ses installations frigorifiques seront terminées
dès la fin de 1953 et que le prolongement des bâtiments
vers l'extrémité du mole seront entrepris très
bientôt.
Programme d'avenir
Les travaux d'équipement des quais et de modernisation des bâtiments,
qui sont presque terminés ou bien avancés, ne font pas
perdre de vue, pour autant, des objectifs encore beaucoup plus coûteux,
qui s'avéreront indispensables, à long terme.
Dans le cadre de ces gigantesques projets, plus ou moins immédiatement
réalisables, nous citerons tout d'abord le désir qu'ont
nos techniciens de supprimer définitivement le ressac dans les
bassins du vieux port et Mustapha.
Pour cela, seront nécessaires la construction d'un vaste avant-port
et l'allongement en bas-fond de la jetée de Mustapha sur deux
cents mètres au moins.
Le programme d'avenir prévoit aussi de larges campagnes de dragage
et de " décrochage " pour porter l'ensemble des profondeurs
du port à des côtes plus en rapport avec les tirants d'eau
des navires modernes.
Les " rempiétements " du quai d'Arcachon, au bassin
du vieux port et du quai de Dieppe, dans le bassin de Mustapha, sont
également prévus aux mêmes ?ns.
Dés maintenant, se fait sentir la nécessité d'un
grand poste à quai spécial, de neuf mètres de tirant
d'eau, pour les navires d'arachides et de graines à huile, ainsi
d'ailleurs que l'installation de 30.000 mètres cubes de réservoirs
à mazout supplémentaires.
L'équipement des deux postes à quai, restés à
nu sur le môle de France, et la construction d'un dernier môle
à marchandises dans le bassin de Mustapha devront également
être entrepris tôt ou tard.
Enfin, quand notre port, ainsi équipé, sera un des plus
modernes de l'Union française, notre radoub se devra lui aussi
d'être agrandi, sans parler des deux formes déjà
existantes, dont l'une est en voie d'allongement, on pense déjà
à une future mise en service d'une troisième forme de
radoub ou d'un dock flottant, d'une longueur de deux cents mètres.
Lorsque ces projets seront réalisés, Alger-Port ne craindra
plus aucune comparaison.