Bassin de radoub de 1869
ALGER, premier port d'Afrique
Pour répondre aux besoins du trafic le bassin de radoub construit
en 1869 va être agrandi
Nous avons déjà signalé,
dans de précédents articles, la magnífique
organisation des divers services qui ont pour mission délicate
de conserver intact le prestige de notre port et, si possible,
de le grandir : on sait par exemple à quel point, entre
autres, le pilotage et les compagnies pétrolières
chargées de l'alimentation des navires en relâche,
sont à la hauteur de cette tâche.
Sur un autre plan, les grands travaux actuellement en cours sur
les divers môles. nous avaient confirmé le souci
toujours constant des chefs responsables de faire d'Alger un grand
havre, dans toute la force du terme, capable de concurrencer ceux
existant dans le Sud européen.
L'augmentation conséquente de matériel portuaire.
l'apparition de grues à quai géantes. la nouvellegare
maritime. etc... en sont, en effet, quelques-unes des preuves
concrètes.
Une lacune devait pourtant être comblée de toute
urgence pour qu'Alger, en tant que port, puisseprétendre
définitivement à la place de leader à laquelle
elle est géographiquement destinée.
Le bassin de radoub a
été construit en 1869
Ce défaut de curasse c'était son bassin de radoub.
Fort heureusement le projet d'agrandissement du plus grand des
deux bassins, ou grande forme, déposé récemment
par la Chambre de commerce auprès des services intéressés
du Gouvernement général a été tout
dernièrement accepté.
Étant donné l'urgence des travaux ceux-ci. confiés
par les Ponts et Chaussées à la Compagnie industrielle
des travaux (entreprise Schneider), ont commencé presque
immédiatement. En effet. le premier coup de pioche a été
donné le vendredi 11 janvier 1952. C'est une date historique,
si l'on songe que ce radoub n'avait plus été modifié
de puis... 1869 l'époque à laquelle il fut terminé.
La construction de cette grande forme avait été
décidée le 30 mai 1860 par M. le Ministre de l'Algérie
et des Colonies.
Long de 128 m. 60, large de 18 mètres 60 et d'une contenance
de 30.000 m3 d'eau environ, la réception se bornait à
des navires de petit tonnage (de 1.500 à. 2.000 tonnes
de jauge nette, c'est-à-dire de 5 à 7.000 de jauge
brute).
Quoiqu'à l'époque, ce bassin ne répondit
pas exactement aux besoins du moment, il pouvait cependant être
considéré comme suffisant. étant donné
la rareté des bateaux de forts tonnages appelés
à être réparés dans nos eaux.
Quant à. la petite forme, commencée le 9 mai 1859,
elle fut terminée en 1864.
Celle-ci, prévue pour la réparation des chalutiers,
cotres et barques, répond encore parfaitement aux besoins
actuels et sa modification n'est pas à envisager.
Un projet de 1937
Il y a longtemps que les services compétents insistaient
sur la nécessité de l'agrandissement de la grande
forme. La Chambre de commerce avait, paraît-il, soulevé
le .problème dès le 12 mars 1937, date à
laquelle les divers engins du radoub lui furent concédés
par les Ponts et Chaussées.
Des divers projets alors soumis, un concernait particulièrement
la construction d'un nouveau radoub.
Hélas ! la guerre vint arrêter cette initiative
En 1946, l'insuffisance de cet " hôpital des navires"
se fit plus cruciale, même vis-a-vis des besoins locaux.
Et d'aucuns s'étonnaient de voir ce port en plein essor,
incapable encore de panser les blessures des navires victimes
des tempêtes et qui venaient en ses eaux chercher un refuge
salutaire.
C'est ainsi, par exemple, qu'en l'année 1950, le radoub
algérois trop petit dut refuser ses service à certains
bâtiments étrangers, et ceci naturellement au détriment
même de notre réputation.
Quelques mètres
manquent à la grande forme
Ce fut le cas du cargo norvégien de 7.000 tonnes de jauge
brute, le S/S " Martha-Kleppe ", qui accusait une longueur
de 130 m. 45.
Le navire italien " Maria-Bibolini " se vit également
refuser l'entrée avec ses 128 m. 86 !
Le même .sort devait être réservé au
" Matelot-Becuwe ", bateau de 7.000 tonnes de la Compagnie
générale transatlantique, mesurant 131 mètres.
La liste des navires ayant étécontraints, faute
de quelques mètres, d'aller se faire radouber dans des
ports nord-méditerranéens, serait malheureusement
trop longue à citer!
Et, fait encore plus grave, même les compagnies, comme la
Transat, assurant une ligne régulière de cargos
touchant Alger, hésitaient à faire caréner
dans nos eaux des
navlres du type de " La-Hague ", de 122 mètres
60 de long, en raison du faible espace disponible dans la forme,
durant les travaux.
Compte tenu qu'Alger est le seul port d'Afrique du Nord à
posséder un bassin de carénage, Bizerte étant
exclusivement réservé à la marine militaire,
la nécessité de sa modernisation et de son agrandissement
ne pouvait donc être mise en doute,
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ALGER, premier port c|'Afrique
AU MOIS DE SEPTEMBRE
le grand bassin de radoub carénera des bateaux de 10.000
tonnes
LORSQUE les travaux seront terminés (l'entreprise
Sçhneider a un délai d'exécution de sept
mois à partir du 11 janvier), le port d'Alger aura la possibilité
de caréner des bâtiments de 10.000 tonnes de jauge
brute, de la classe des " Liberty Ship ", dont le type
est de plus en plus répandu dans les marines marchandes
du monde.
Ceci permettra certainement à notre radoub d'effectuer
des réparations navales qui étaient jusqu'ici effectuées
ailleurs.
Modification de la tête
amont
L'allongement de la forme actuelle sera possible par la modification
de la tète amont, c'est-à-dire à partir du
côté terre-plein.
Les écluses, ou bateau-porte, se trouvant en effet dans
le prolongement du quai, il n'était pas permis de toucher
au côté mer.
Les deux portes étanches du radoub ne seront pas modifiées
puisque la largeur actuelle du bassin qui est de 18 m 60, est
suffisante pour les types " Liberty "
La forme elle-même sera allongée de 6 m 40 au dessus
du niveau de la fosse aux teins,. partie prévue pour soutenir
le bateau à sec, avec des poutrelles ou épontilles,
au niveau du terre-plein.
38 navires réparés
en 1950
Si l'on se base sur le trafic actuel du port, 350 à, 400
entrées de cargos ou paquebots par mois, on peut affirmer
que cette forme, dans ses nouvelles dimensions, fonctionnera à
plein rendement.
Dès les mois d'août ou de septembre, notre bassin
de carénage connaitra donc une activité à
laquelle il n'avait jamais été habitué.
Durant l'année 1950, la grande forme, en effet, n'avait
été occupée que durant 120 jours par 38 navires,
représentant une jauge totale nette de 32.635 tonneaux.
Les plus gros bâtiments ayant pu être admis furent
le " Roubaisien " et l'" Alsacien ", de la
Société anonyme de gérance et d'armement.
Cependant, l'exploitation de l'ensemble avait rapporté
cette année-là à la Chambre de commerce 4.162.590
francs de bénéfices nets.
Les statistiques de 1951 ne paraîtront officiellement, que
fin mai, début juin. Toutefois, d'ores et déjà,
on peut dire que le nombre de bâtiments réparés
tut sensiblement le même.
Alger, qui est, en effet. le deuxième port de voyageurs
français, après, Marseille, et le quatrième
au point de vue tonnage se devait d'avoir un bassin de radoub
à son échelle.
Il nous faut maintenant pénétrer dans le royaume
des chaudronniers et des riveteurs, parler des délicates
opérations de l'échouage et du déséchouage
dans la forme. de l'étayage, de la station de pompage,
des méthodes spéciales des ouvriers techniciens
marteleurs de coque, du fonctionnement des écluses. Des
multiples réparations effectuées sur les navires
à nu, de l'affolement des poissons qui, emprisonnés
dans le bassin. sentent leur univers se dérober sur eux,
en un mot des mille et un détails qui constituent l'ambiance
régnant dans ce monde que forme la grande famille des redoubeurs.
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