Les travaux d'agrandissement du port
d'Alger
Le Gouverneur Général les visite le 2 Août
Nous avons donné
dans notre numéro du 3 août dernier, deux vues du port
d'Alger, prises respectivement en 1895 et en 1929. Elles sont à
retenir pour que, à titre de haute curiosité, on puisse
les rapprocher, un jour, de celle dont le tableau se prépare
pour 1932.
C'est à ce rapprochement virtuel qu'a procédé,
le 2 août dernier, M. le Gouverneur général, en
effectuant la visite des travaux poursuivis par la Société
Schneider et Cie, pour la construction du bassin de Mustapha, nouvelle
étape des travaux d'agrandissement projetés, en vue de
doter l'Algérie d'un port digne de sa prospérité
et de ses destinées.
Les dépenses engagées atteindront 200 millions ; elles
correspondent à la construction des éléments énumérés
ci-après :
Un terre-plein de raccordement avec ceux du bassin de l'Agha avec une
bordure de quai de 350 mètres ;
Une digne de 1.200 mètres, orientée de la jetée
de l'Agha vers l'Est ;
Un môle et des terre-pleins ayant 1.280 mètres de quai
;
Une digue de 840 mètres, protégeant le bassin vers l'Est.
En général, la construction d'un port constitue un travail
aride, qui ne commence à intéresser que lorsqu'il est
terminé. Aussi pourrait-on s'en tenir à la mention d'un
simple fait divers, si, dans l'effort prodigieux fait à côté
de nous, par un monde de collaborateurs acharnés à la
poursuite du but, il n'y avait lieu de relever certaines manifestations
du génie français, qui méritent de retenir l'attention.
Trois faits sont à signaler, dans cet ordre d'idées :
Pour obtenir les matériaux nécessaires, la Société
a dû créer, à l'Ouest du Cap Matifou. une importante
exploitation qui a entraîné la construction d'un quai imposant
et d'un tunnel de 460 mètres de longueur.
Si l'extraction et le transport des matériaux destinés
à être utilisés à terre ne présentent
aucun caractère à retenir, il n'en est pas de même
de la méthode employée pour constituer les enrochements
devant servir de bases aux digues ; celle opération échappe
à la banalité : un navire Le Morse, convenablement chargé,
vient stationner au point désigné pour recevoir sa cargaison
et, sur un signal, en quelques secondes, les 800 tonnes qu'il contient
vont prendre leur place au fond de la mer.
Le 2ème point qui fixe l'attention est la méthode employée
pour transporter du chantier au poste d'embarquement, les blocs de 450
tonnes, destinés à former la superstructure des digues
Ce transport s'effectue par un " bardeur " électrique
dont l'utilisation est indiquée par la photo ci-contre. Lorsque
le bloc est mis en suspension. un " transbordeur électrique
" recueille l'ensemble (900 tonnes) et le mène à
proximité d'un chaland sur lequel le bloc est déposé.
Enfin, lorsque le chaland a reçu son chargement, il est remorqué
jusqu'au " portique flottant " dont on voit la photo ci-contre
et qui, avec la même aisance laisse négligemment tomber
son fardeau au point précis qui lui est affecté.
Ces photos sont dues à notre très obligeant confrère
Les Chantiers.