La pêche à Alger
La pêche ne vaut
pas à notre port une animation bien visible.
Auprès du môle qui lui est affecté, quelques petites
barques se balancent mollement ! Aucun chalutier n'est amarré
au quai ! le terre-plein est couvert de fûts de vin ! Vision surprenante.
Un aimable armateur nous éclaire :
" Les petites embarcations affectées à la pèche
en rade n'apportent guère que ce que l'on pourrait appeler de
la " Poussière de Marée ".
Le gros ravitaillement est plutôt assuré par les 21 chalutiers
à vapeur, inscrits au port. Ils ne chôment pas ,c'est pourquoi
on les voit très rarement amarrés, de jour, au quai.
Leurs commandants ont toute liberté d'allures, en vue d'obtenir
le rendement maximum. Ils vont à l'Est ou à l'Ouest, il
s'éloignent de la côte, ils poussent même jusqu'au
Maroc, en toute indépendance, sous la seule condition de faire
escale dans le port le plus voisin, pour débarquer la pèche,
qui est ensuite dirigée rapidement sur Alger, par voie ferrée
ou camion.
La cargaison normale varie de 600 à 1.000 kilogrammes par unité,
suivant la grandeur de celle-ci... Nos équipages aiment leur
métier. La mer leur est douce. Ils jouissent d'ailleurs du repos
hebdomadaire et le travail à bord est intermittent.
Quoiqu'il en soit, la flotte de pèche est actuellement insuffisante.
D'autre part, les armateurs ne sont pas outillés : il conviendrait
que nous ayons la jouissance d'aménagements spéciaux sur
le terre-plein, pour y organiser notre dépôt de matériel
et nos glacières.
Enfin, il serait indispensable que le projet de construction d'une halle
au poisson à proximité soit réalisé au plus
loi, la pêcherie actuelle étant nettement insuffisante.
"
Qui ne connaît notre " Pêcherie " caduque, d'accès
difficile, exiguë, sombre..., peu honorable, après tout.
Nous allons en causer à la Chambre de Commerce.
Le voile se lève l'aménagement du môle serait bien,
mais il faudrait que les armateurs consentent quelques sacrifices.
En attendant l'entente à réaliser, comme le terre-plein
doit produire des ressources, il est loué ainsi que toute autre
partie du port.
D'autre part, la construction de la Halle au Poisson relève de
la Mairie à qui la Chambre de Commerce ne peut que louer le terrain
nécessaire, la gestion de l'entreprise envisagée ne lui
appartenant pas.
A l'Hôtel-de-Ville, ces déclarations nous sont confirmées.
Le contrat de location du terrain destiné à la Halle au
poisson est établi ; il va être signé incessamment,
après quoi le Conseil municipal s'occupera de la construction
à édifier.
En résumé, la pêche pratiquée par le port
d'Alger et les arrivages des autres ports assurent, pour le moment,
le ravitaillement de la ville, mais elle sera bientôt insuffisante.
D'autre part, il appartient aux amateurs de consentir les sacrifices
nécessaires pour que le môle soit aménagé
convenablement à leur usage.
Enfin, le projet relatif à la construction de la halle est en
bonne voie.
En somme, question d'argent, simplement ! Grave problème dont
la solution épineuse doit obséder souvent l'esprit de
nos édiles.
Un vieil ami indigène nous souffla à l'oreille : "
qu'Allah les inspire ! "
Et nous souhaitons que ce vu se réalise pour le bien de
la population algéroise, et de sa santé.
A l'occasion du récent congrès de la Pêche, tenu
en France, les avantages de l'alimentation par les produits de la mer
ont été. une fois de plus, signalés et prouvés
comme il convient.
De même que la fonction crée l'organe, l'offre assure le
développement de la demande.
La population d'Alger est prête à faire aux dons de Neptune,
un accueil de plus en plus flatteur, pourvu qu'ils soient abondants.