Les transports maritimes à Alger, en Algérie
LE "NOTRE-DAME d'AFRIQUE"
envoi de Guy Simon-Laborde
sur site : août 2013

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Ci-dessous un document qui ne se trouve pas sur le net :

Ce document est extrait d’un petit livret écrit par un pied-noir, Pierre GRIFFE capitaine au long cours qui relate ses souvenirs qui sont des témoignages d’une période révolue couvrant un demi-siècle d’histoire de la Marine Marchande Française (1918-1972). Il m’a été aimablement prêté par un autre CLC Pierre ROVERE, Président de l’association des anciens élève de
l’école de Navigation d’Alger, dont je fais partie.
Le livre se nomme : « Sur les routes du large 1918-1972 ». Trois autres écrits avant :
-La Ballade des Galets : récit d’un voyage mémorable à l’ile de la Réunion
(1925-1927)
- Histoire maritime de l’Aéropostale (1927-1934)
- Le long calvaire de l’Optimiste, vapeur de sauvetage (1942-1946)
Que l’on peut trouver sur le net (j’ai vérifié).
(Guy Simon-Laborde)

ANNEXE
A cette suite de récits succincts de voyages que je viens d'évoquer, je voudrais citer, pour clôturer ce petit livre, un autre bateau à bord duquel j'ai eu, également, mon sac (Durant trois années (1952-1955), à la fois comme capitaine et professeur.). Il est insignifiant, peut-être, mais je crois qu'il mérite d'être mentionné ici pour plusieurs raisons. D'abord par sa durée en service vraiment exceptionnelle : 72 années ! qui en avaient fait le 'doyen" de toute la flotte de mer française ; ensuite, en qualité de pionnier d'une petite navigation originale, non-conformiste, laquelle, en disparaissant, lui permit de devenir bâtiment-école d'établissements d'apprentissage maritime.

Il s'agit du petit cargo la Notre-Dame-d'Afrique - la "vraie", car il y en eut d'autres - familièrement connue en Méditerranée sous l'appellation de "la Vieille Basilique", comme je l'ai déjà présentée par ailleurs.

Construite à Bowling, près de Glasgow, en 1891, elle avait été offerte à Monsieur Charles Schiaffino lors de son mariage avec Mademoiselle Rose Achaque, par son beau-père, lui-même armateur. Ce fut le point de départ, pourrait-on dire, de l'Armement Schiaffino, du port d'Alger, lequel confiné d'abord en Méditerranée, devait, à partir de 1920 sous la direction de Monsieur Laurent Schiaffino, à la mort de son père, prendre une importance qui en fit, avec sa flotte de cargos modernes et particulièrement bien compris, l'une des plus belles dans son genre de notre Marine Marchande.

Mais la Notre-Daine-d'Afrique, quant à elle, dès sa mise en service, fut au travail sur tout le littoral algérien, ravitaillant les villages de la côte, où, connue comme le "bateau-épicerie", elle rendait les plus grands services aux populations, y compris les services de "paquebot-poste".

Une navigation exemplaire fut la sienne, jamais on n'entendit parler à son sujet d'avaries ou même d'incidents, jusqu'à la guerre de 1914. C'est en 1916 qu'elle faillit mourir. En chargement de bidons d'essence, au môle de l'Agha, destinés à l'Aviation maritime à Oran, un incendie se déclara à son bord qui prit tout de suite des proportions alarmantes ; par chance, et c'est ce qui la sauva, la Herse, dragueur de mines, la coula à coups de canon. La coque fut ainsi sauvée, le navire fut rapidement renfloué, réparé et remis en service.

Plus tard, vers 1935, Monsieur Schiaffino remplaça la machine à vapeur de 172 chevaux par un moteur, ce qui modifia un peu sa silhouette.

Armée d'un 75 mm à l'avant, comme patrouilleur, lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle partit en Corse, dès 1943 à la libération de l'île,
qu'elle ravitailla au cours de ses nombreux voyages sur le continent, jusqu'en 1946, époque où les compagnies de navigation reprirent leurs activités normales.

C'est à son retour à Alger, après sa remise en état - le cabotage algérien, remplacé par les camions, ayant disparu -, que Monsieur Schiaffino mit la Notre-Darne-d'Afrique, tout en l'armant et la gérant à son compte, à la disposition de l'Administration générale des Affaires maritimes en Algérie

Le navire-amiral Charles-Schiallino, construit en 1930 au Chantier du Trait, sur les bords de a Seine, et démoli à Bilbao en 1973 après 43 ans de service pour l'instruction théorique et pratique des cinq écoles du pays (Alger,
Oran, Nemours, Bougie et Bône).

Désormais, sa frêle silhouette était rencontrée sur tout le littoral de l'Algérie, de la frontière du Maroc à celle de la Tunisie, avec toujours l'une des écoles à son bord, qui en assurait l'armement. Bien connue des nombreux paquebots et cargos français qui la rencontraient à la mer, elle était toujours saluée, bien respectueusement, du pavillon !

Le ler juillet 1962, ce fut le commencement de la fin ! Quoique toujours en excellent état, elle resta dans l'expectative et un an plus tard, Monsieur Zacharie, adjoint au capitaine d'armement de la Compagnie Schiaffino, la conduisit directement à La Spezia où, après avoir descendu le pavillon qui y flottait depuis 72 ans, la remit aux ferrailleurs italiens qui entamèrent aussitôt sa démolition.

Elle n'avait pas pu survivre à l'abandon de l'Algérie !