Le centenaire de la naissance de Camille
Saint-Saëns
Plusieurs cérémonies se sont déroulées à
Alger et à la Pointe-Pescade à l'occasion du centenaire
de la naissance de Camille Saint-Saëns.
A la Cathédrale, une messe fut célébrée, qui
était présidée par Mgr Leynaud, qui prononça
une fort belle allocution dont nous tirons les passages suivants :
" Vous souvenez-vous, Messieurs, des funérailles vraiment
triomphales du Maître, en décembre 1921, dans cette même
cathédrale ?
Je n'y ai jamais vu foule pareille : la mort de Saint-Saëns avait
provoqué, dans notre Alger qu'il aimait tant, la plus vive émotion,
et toute la ville avait voulu s'empresser autour de son cercueil pour
faire monter vers Dieu une prière et prendre part au deuil de sa
famille, de la musique française et de la France elle-même,
dont il était l'une des gloires. A côté de M. Steeg,
gouverneur général, se pressaient toutes les autorités
civiles et militaires, tous les consuls et les représentants de
tous les corps élus.
J'entends encore résonner, sous ces voûtes, les accords,
tour à tour poignants et sublimes, de la " Marche héroïque
" et, au sortir de la cathédrale jusqu'au port, où
nous l'accompagnâmes, je vois la foule, dans le plus respectueux
silence, saluer celui qui était Algérien par le cur.
Quatorze ans se sont écoulés et le souvenir du grand musicien
vit toujours parmi nous ! "
L'après-midi, une nouvelle cérémonie en l'honneur
de l'illustre Maître se déroulait à la Pointe-Pescade,
où avait lieu l'inauguration d'une plaque de marbre sur le mur
de la villa Xuéreb, où Saint-Saëns composa en partie
ou du moins conçut " Ascanio ".
A ce propos, il est bon de faire remarquer que c'est grâce à
notre ami et collaborateur H. Klein, président du Vieil Alger,
qu'on a pu déterminer exactement la demeure dans laquelle avaient
été jetées sur les papiers les premières notes
de cet opéra. C'est une maison mauresque, transformée depuis,
mais conservant toujours son cachet primitif, une maison pleine d'ombre,
de mystère et de silence. Elle se dresse presque en bordure de
la route, face à la place et à la mer, au pied de la montagne.
Saint-Saëns vint pour la première fois à Alger en 1873.
Depuis, il ne s'écoula pas un hiver sans qu'il y retourna, attiré
qu'il était par la douceur de notre climat. Il trouvait chez nous
et la santé et l'inspiration devant ce paysage fait, semble-t-il,
pour les dieux. Certes, il fit également de longs séjours
dans notre ville, à Hammam-Rhira et dans d'autres localités
de l'intérieur; mais la Pointe-Pescade avait sa-préférence.
Il pouvait y travailler en paix, dans le silence des gens et des choses.
C'est le souvenir de ce séjour qu'on a voulu rappeler par l'inauguration
de cette plaque. Elle porte ces mots :
Camille Saint-Saëns vécut dans cette maison de 1889 à
1892 et y conçut " Ascanio ".
St-Eugène, le 21 juillet 1935.
La cérémonie se déroula autour du buste du grand
maître. Nous sommes heureux de signaler que ce buste est l'uvre
d'un bel artiste trop ignoré. Il s'agit de M. Saechi dont nous
avons publié, ici-même, des photographies de ses uvres.
N'ayant à sa disposition qu'une documentation tout à fait
réduite, M. Saechi a cependant réalisé un buste très
beau. Nous l'en félicitons bien sincèrement.
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