LA PLAINE DE LA MITIDJA
AVANT 1962
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ET POUR FINIR
CINQ TOUT PETITS ETABLISSEMENTS FRANCAIS Ce ne sont pas des chefs-lieux de commune. Ce sont des
dépendances de communes du Sahel. Administrativement ces centres font partie du Sahel, mais géographiquement ils font partie de la Mitidja. Ils ont donc leur place, bien que marginale, dans ma description de la Mitidja. Là s'arrêtent les points communs car trois d'entre eux sont à l'ouest de la trouée de l'Harrach et les deux autres à l'ouest de la trouée du Mazafran. : ce qui permet de les classer en deux ensembles que voici :
Sur la carte j'ai indiqué le nom des chefs-lieux
de communes. La ferme-modèle est le tout premier établissement français de la Mitidja. Dès 1830 le maréchal Clauzel, Commandant en chef, s'était intéressé à ce fortin turc, mais des difficultés liées à l'insécurité et au paludisme entraînèrent l'abandon du projet. Le fortin et les 1000ha (environ) de terres de culture associées furent rendues aux Koulouglis. Le général Théophile Voirol, nouveau Commandant en chef, nommé en juillet 1833, reprit le projet, aussitôt débarqué à Alger. C'est le 21 juillet qu'il envoya des soldats expulser les Koulouglis qui tenaient encore le poste et les terres de culture environnantes de la vallée de l'Harrach. Il dota ce petit fort d'une solide garnison et essaya d'attirer des colons sur une exploitation de 290ha qualifiée d'expérimentale. Il obtint satisfaction et fit planter cannes à sucre, cotonniers et indigotiers : sans aucun succès. Néanmoins, à l'automne 1839 cette ferme expérimentale fut très utile en offrant un refuge sûr aux colons menacés par les Hadjoutes soulevés lors du djihad proclamé par Abd el-Kader. Le nom officiel de ferme expérimentale ne fut pas retenu par les contemporains qui lui substituèrent le nom de ferme-modèle, même si cette ferme-modèle fut rarement un modèle de ferme dans ses débuts. L'Etat s'en désintéressa vite et la vendit à des particuliers. Ses deux derniers propriétaires français furent les familles De Keroulis, puis Germain (un nom de famille déjà rencontré).
La gare de Gué de Constantine (ou Mechra al Kasentina)
Elle a été bâtie et ouverte au trafic le 25 octobre 1862. Elle est la première gare après celle de Maison-Carrée, sur la ligne d'Alger à Blida, la toute première voie ferrée d'Algérie. Assez vite des industries chimiques ont été installées pour des produits destinés à l'agriculture : soufre, sulfates et engrais. Une route reliait alors cette gare à Kouba. Avant 1940 Il fallait l'emprunter pour aller à Maison-Carrée en tournant à droite aux 4 chemins. Les cars des Messageries Africaines qui allaient à Rovigo, y avaient un arrêt. La gare de Baba-Ali Ensuite, lorsque l'exploitation des champs d'alfa des hautes-plaines fut bien rodée, une grosse usine de production de cartons et de papier de qualité fut mise en production. Elle produisait du papier exporté jusqu'au Royaume-Uni et des résidus dont le parfum se faisait sentir jusqu'à l'embouchure en embaumant au passage les quartiers bas de Maison-Carrée. A l'époque on ne pensait pas à traiter les déchets d'usine.
Il y eut enfin, vers 1957, une ballastière qui extrayait et concassait les cailloux du lit majeur de l'Harrach, pour en tirer des graviers de toutes tailles. Elle employait une trentaine d'ouvriers. Cette exploitation avait au moins deux avantages : fournir des matériaux de construction et diminuer le risque des crues en facilitant l'écoulement. D'ailleurs le service français de l'hydraulique avait prévu, en 1961, des travaux de rectification et de calibrage du lit de l'oued. Il y avait aussi une briqueterie et un moulin sur l'oued Baba-Ali. La gare de Baba-Ali est sur une route secondaire qui relie la RN 1 (Alger-Blida) à la RN 29 (Blida-Palestro). Elle est à 500m de la RN 1 et à 9km de Birkhadem. LES DEUX HAMEAUX DE LA COMMUNE DE KOLEA
Lorsque la France dessina la carte administrative de la région, en 1851, elle accorda à cette ville du Sahel une vaste commune qui débordait largement sur le nord de la Mitidja. Elle englobe la basse vallée du Mazafran et la rive gauche de son affluent l'oued Djer. Les deux hameaux sont Tekteka et Berbessa. Ils sont situés à la limite des collines du Sahel vers 50m d'altitude, quand la confluence des oueds Mazafran et Djer est à 18m. C'est une zone de forêts hygrophiles avec un fouillis de frênes, d'ormes, de trembles et de lianes de vigne sauvage grimpante. Ils sont tous deux sur la même route départementale, la 7, qui relie la RN 1 à Marengo. Ils étaient desservis par les autobus de la société Mory. Ils sont tous deux ignorés des guides bleu et Michelin. Pourtant ma grand-mère y est née !
Ses maisons sont disposées près de la RD 7 et plus encore, un peu plus haut, de part et d'autre du chemin secondaire qui grimpe vers les coteaux du Sahel. La carte de 1935 permet de souligner que les vignobles
sont surtout des vignobles de coteaux accrochés aux pentes du versant
qui descend vers la Mitidja. Il y en a aussi dans la plaine, mais moins.
Ils partagent l'espace avec des pâturages, des restes de marécages
et des forêts hygrophiles inondées l'hiver. Les vins de coteaux
sont les meilleurs. Il y a 5 hameaux suisses ainsi appelés parce que les premiers colons (mais pas les plus nombreux au final) furent suisses : suisses francophones originaires des environs de la ville de Sion dans la canton du Valais situé dans la vallée du Rhône. Sur cette émigration suisse valaisanne les jugements français et suisse divergent tant que je ne puis proposer d'arbitrage : je les résume.
Ce qui est sûr c'est que les terres n'avaient pas
été défrichées, ni les maisons construites.
Ce qui est sûr également, c'est que les colons suisses n'avaient
prévu ni le harcèlement des moustiques ni les fièvres
paludéennes. Si bien qu'une partie des 44 colons suisses, arrivés
en juin et octobre 1851 repartirent dans leur village dès 1852.
Ils y furent très mal reçus, car une loi récente
sur la mendicité, celle du 29 septembre 1850, permettait de "
placer par voie judiciaire les rapatriés démunis chez leurs
parents aisés ". On devine l'ambiance des repas de famille.
Une telle situation ne pouvait durer. Les parents aisés choisirent
de financer un second viatique pour que leurs cousins aillent se faire
voir ailleurs. Certains retournèrent en Algérie (mais pas
à Berbessa), d'autres en Argentine. A Berbessa ils seront remplacés
par des Alsaciens et des Francs-Comtois arrivés souvent parmi les
trente nouvelles familles installées en 1856. Ces péripéties n'empêchèrent pas les colons restés , suisses ou pas, de prospérer suffisamment pour qu'un rapport d'un inspecteur de la colonisation (Learrez) , en 1862, les couvre d'éloges pour la belle allure de leurs vergers, de leurs cultures, et de leurs constructions : maisons, hangars et écuries ou étables. De ces 5 " hameaux suisses " Berbessa est le seul situé dans la Mitidja et non sur les coteaux du Sahel comme les 4 autres. Tout comme à Tekteka, les maisons sont en majorité dispersées le long de la route en lacets serrés qui monte à Chaïba (d'en haut). Les activités agricoles (il n'y en eut jamais d'autres, pas même une briqueterie ou un moulin) ont connu les mêmes évolutions que dans tous les centres de colonisation en zone humide : fourrages et céréales, puis vignes (la cave coopérative est de 1927) et agrumes avec cultures d'hiver intercalaires dans les vignes, et enfin après 1954 et la perte de l'Indochine, des rizières dans la zone proche des forêts hygrophiles. Il y en aurait eu 400ha en 1962 en continuité avec la zone rizicole d'Oued el-Alleug. |