LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
RAPIDE SURVOL DES COMMUNES DE LA MITIDJA

OUED-EL-ALLEUG

Georges Bouchet

mise sur site le 1-6-2011

129 Ko
retour
 

OUED-EL-ALLEUG

OUED-EL-ALLEUG

 

Origine du nom : arabe. Nom parfois orthographié Oued-el-Alleig jadis.

Origine du centre : française et assez tardive car jusqu'à la soumission des Hadjoutes en 1842 la région était trop dangereuse pour que des colons s'y installent. En effet, contrairement à Boufarik tout proche où un camp français avait été installé dès 1835, il n'existait pas d'implantation militaire dans cette région. La raison en est que Boufarik était sur la grande route Alger-Blida et que la zone du futur village d'Oued-el-Alleug était à l'écart des zones sécurisées par les garnisons françaises. On se souvient du drame du 21 novembre 1839 : une unité française durant la période du djihad lancé par Abd el-Kader, était tombée dans une embuscade et avait perdu 105 hommes. Les Hadjoutes avaient emporté 98 têtes.

Le premier français à se risquer là est un dénommé Lescanne qui y avait acheté des terres aux indigènes en 1846. Il y avait créé un vaste domaine consacré à l'élevage de bœufs et de moutons grâce aux fourrages naturels de ces terres humides. Ces bêtes étaient vendues sur les marchés de Boufarik, Blida et Mouzaïaville.

En 1850 un Inspecteur de la colonisation était venu en tournée d'inspection et avait visité le domaine. Il avait été si satisfait de ce qu'il avait vu qu'il jugea opportun de créer en ce lieu, un village à mi-chemin entre Blida et Koléa. Ses démarches à Paris aboutirent en décembre 1851 quand Louis Napoléon signa le décret de création, dans le cadre de la commune de Blida.
Oued-el-Alleug fut promu CPE en 1861.

Le territoire communal partage avec Boufarik le malheur d'être situé dans la zone la plus marécageuse et la plus paludéenne de la Mitidja. Dans les années 1850 quand on déposait un cercueil au cimetière, c'était dans une fosse remplie d'eau. L'eau était partout. Bien sûr des travaux de drainage furent menés avec succès : il en reste des traces multiples sur la carte, surtout dans sa moitié nord, la plus basse (15m à la ferme Charnaux). Au nord, en limite avec la commune de Koléa, poussaient des forêts inondables qui furent des terrains de chasse privilégiés. En 1850 on y trouvait encore, paraît-il, des panthères ! Ces bois étaient domaniaux.

Aucune route majeure ne traverse la commune, mais six routes secondaires se croisent au village d'Oued-el-Alleug ; à savoir les routes de Blida à Koléa (RD 10), de Boufarik à Mouzaïaville (RN 4A) et de Beni-Mered à Attatba (RD 60).

Les activités étaient purement agricoles ; avec la même évolution qu'à Boufarik : fourrages pour les chevaux de l'armée, puis blé et orge, puis vignobles et tabac, puis agrumes, et tout à la fin quelques rizières dans la zone restée très humide au nord. Avant 1900 on avait aussi essayé le lin et le maïs.

Un seul centre : le village d'Oued-el-Alleug, inscrit dans le carré parfait des fortifications d'origine démantelées après 1914. Comme il n'y avait pas de pierres à proximité, les premières maisons furent des sortes de grands gourbis en torchis, puis des bâtiments plus classiques en briques. Les rues furent ombragées dès le début ou presque ; mais les arbres ont pu changer : micocouliers, faux poivriers, eucalyptus ou platanes.

Le village n'était desservi que par les autobus de la société des Transports Mory.

Particularité : les puits artésiens.
Ils ont été forés sous le second Empire. La pression de l'eau s'explique par le fait que la nappe est alimentée par des eaux venues de Blida où elles s'infiltrent dans les sédiments grossiers du cône de déjections de l'oued Kebir, à une altitude de plus de 200m, quand la zone des Ben Salah, où sont les puits, est à 45m.

Population en 1954 : 8 829 dont 767 non musulmans (soit 8,69%).
Population agglomérée en 1948 : 763. Donc un village modeste.