LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
RAPIDE SURVOL DES COMMUNES DE LA MITIDJA

FONDOUK (ou FONDOUCK ou LE FONDOUK)
Et depuis 1974 Khemis el-Khechna

suivi de SIDI-SALEM

Georges Bouchet

mise sur site le 16-5-2011

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FONDOUK (ou FONDOUCK ou LE FONDOUK)
Et depuis 1974 Khemis el-Khechna


La partie nord de la commune est dans la plaine de la Mitidja


La partie sud de la commune est dans la montagne

Origine du nom : arabe. Un fondouk est un établissement qui offrait aux voyageurs le gîte et le couvert pour les gens et leurs montures. On pouvait y trouver aussi une sorte d'entrepôt où abriter pour un temps des marchandises.

Origine du centre : française. Mais les implantations françaises, camp militaire en 1835 (qui tint bon en 1839), et village en 1845, ont pris la suite d'un souk du jeudi (khemis) existant avant 1830 et fréquenté surtout par des Kabyles qui venaient y vendre de l'huile d'olive et du petit bétail.

Le territoire communal est à 80% situé en plaine. A cet endroit la Mitidja est à peu près à l'abri des inondations, sauf le long de l'oued Hamiz qui traverse la commune en son milieu, et surtout le long de l'oued Smar à l'ouest du hameau de Hamedi. Cette plaine est incluse dans le périmètre irrigable grâce aux eaux du barrage du Hamiz proche.

Un peu au-dessus de la plaine et juste derrière le village (99m à la mairie) se trouvent quelques collines culminant à 299m et dominant à l'est la vallée du Hamiz appelée ici Arbatache.

Il y a deux centres de peuplement européen : Fondouk et Hamedi.

     Fondouk est un grand village (plus de 1 600hab. en 1848) au plan en damier caractéristique des villages de colonisation. Il est près de l'oued Hamiz, mais à une distance suffisante pour n'être pas inondable en cas de crue.

      Hamedi est un petit hameau à mi-chemin entre Fondouk et la gare de Maison-Blanche, au bon endroit où prévoir une halte au temps des diligences, et à un carrefour de pistes. Des Mahonnais y avaient bâti des maisons basses et blanchies à la chaux.

Fondouk est traversé par la RN 29 (Blida-Palestro). Fondouk et Hamedi sont reliés à Alger par la RD 16. Fondouk est relié à la côte par la RD 9. La plage la plus proche, pour les gens de Fondouk, était Alma-Marine.

Fondouk et Hamedi étaient desservis par 2 sociétés de transports routiers : Auto-Traction de l'Afrique du nord dont les cars reliaient Alger à Bou-Saâda, et Messaoui Ali dont les cars desservaient Maréchal Foch et Keddara sur la route du col du Bou Zegza.

Les activités sont essentiellement agricoles. La vigne domine, mais la possibilité d'irriguer (malgré l'inconvénient d'avoir à payer l'eau du barrage) a permis, plus qu'ailleurs, d'étendre les vergers (les pêches de Fondouk étaient réputées) et les cultures de primeurs. Pour autant le blé et l'orge n'avaient pas disparu. Il faut noter que la présence de fermes dans les collines (4 sur la carte) même si, bien évidemment c'est en plaine qu'elles sont les plus nombreuses.

Particularité : Fondouk fut, dans les années de la conquête le principal verrou interdisant aux Kabyles du Bou Zegza et de la haute vallée de l'Isser, l'accès à la Mitidja par la vallée du Hamiz. Outre un camp militaire installé à l'emplacement du futur village, il y avait deux points fortifiés au sud du village : le camp militaire de Kara Mustapha et le blockhaus de la cote 149 un peu plus au sud. Ce blockhaus domine directement la vallée de l'oued Arbatache. Ce verrou a tenu bon durant le djihad de 1839 grâce, il est vrai, à des renforts venus de Maison-Carrée.

Population en 1954 : 12 699 dont 1 091 non musulmans (soit 8,59%).
Population agglomérée au village en 1848 : 1 606.

Grain de sel de B.Venis : sur ce site, quelques cartes postales d Fondouk : clic

 

SIDI-SALEM

Sidi-Salem est le nom donné à un très grand domaine agricole situé sur les communes de Rivet et de Fondouk, dans la plaine de la Mitidja orientale, au pied de l'Atlas tellien.

SA PHOTO D'ABORD

SIDI-SALEM

 

On aperçoit au premier plan les principaux bâtiments de la ferme qui sont situés au nord de la RN 29 qui reliait Blida à Palestro. Et au sud de la RN 29 la villa du Directeur Général surnommée pompeusement " le château ".

Plus loin apparaissent les derniers champs de la Mitidja et les premières rides de l'Atlas tellien à l'est du djebel Zérouéla.

La photo a été prise du nord vers le sud.

SA DISPOSITION SUR LA CARTE ENSUITE

On aperçoit sur cet extrait de la carte au 1/50 000 les limites (approximatives) des champs appartenant au domaine de Sidi-Salem, de part et d'autre de la RN 29. Ces champs sont hachurés et grisés.

Les bâtiments sont tous dans la commune de Fondouk. Les champs sont, pour une petite part, dans la commune de Rivet. Rivet est à 4,750km du bâtiment principal (le rond jaune) ; et Fondouk à 6km.

La couleur rose indique l'emplacement des vignobles vers 1935.

Les deux territoires du domaine étaient séparés par la propriété Laville.

Et à l'est du domaine se trouvait la propriété Ben Turki.

L'oued Barek, qui traverse le domaine, est un affluent de l'oued Smar.

Le rond jaune précise l'emplacement du bâtiment en U ; et le demi cercle orange l'emplacement de la villa du Directeur. Le demi cercle jaune est une ferme annexe.

UN EXPOSE EXPLICATIF ENFIN.

Cette ferme de Sidi-Salem n'est pas du tout représentative de la colonisation de peuplement telle que prévue par le plan Guyot de 1842 qui conseillait la distribution de concessions de 2 à 12 hectares. Ce n'est pas non plus un domaine appartenant à une famille de colons qui aurait réussi à agrandir la concession d'origine ; les héritiers continuant à résider sur ces terres pour exploiter le patrimoine familial.

C'est un exemple de colonisation capitaliste stricto sensu, dont les propriétaires, nombreux, ne sont que des actionnaires d'une société agricole. Aucun d'entre eux ne résidait sur le domaine, et sans doute pas davantage dans l'un des villages voisins ; peut-être quelques uns à Alger et la majorité plus vraisemblablement en métropole. Les cadres français présents sur le domaine sont des employés appelés à changer de patron et de résidence un jour ou l'autre.

Superficie cultivable : entre 500 et 600 hectares.

Une grande partie de ces terres étaient irrigables. L'eau était fournie par le barrage du Hamiz et distribuée par un maillage de canalisations à ciel ouvert. Les règles d'utilisation étaient très strictes : il y avait des jours et des heures à respecter.

L'eau n'était pas gratuite : il fallait la payer. C'était l'affaire de la comptabilité d'évaluer l'avantage ou l'inconvénient de remplacer la vigne, non irriguée, par des arbres fruitiers qui devaient être abondamment irrigués, tels que les agrumes. Il fallait tenir compte aussi de la nécessité de recruter des travailleurs saisonniers compétents pour des travaux parfois délicats (la taille) et pour les récoltes.

Gestion du domaine par des salariés :
                    un Directeur Général
                    un Gérant pour la direction des travaux agricoles
                    quelques Adjoints spécialisés.

Dans les années 1930 le Directeur était Gustave Pélégri, ingénieur agronome de formation.

     

Il avait créé un arboretum peuplé d'essences rapportées de ses nombreux voyages. Cet arboretum fut saccagé après l'indépendance.
Son neveu Jean Pélégri est l'auteur du livre " les oliviers de la justice "qui a inspiré un film paru en 1989.

En 1946 le Directeur s'appelait Gérard d'Ortho. Il est resté en poste jusqu'à la mise en autogestion du domaine, au tout début 1964.

Dans les années 1950

     le chef-comptable s'appelait Boyer.
Le responsable de la forge s'appelait Perez
Le chef de l'atelier de mécanique générale et agricole s'appelait Sébastien
Les responsables des stages étaient Monsieur et Madame Baldo. Le domaine recevait en effet, pour de longs séjours, des stagiaires venus de métropole.

En 1945 le domaine utilisait de nombreux chevaux et mulets pour les travaux de labours et de charrois. En 1962 ces attelages avaient disparu, remplacés par des tracteurs. La substitution avait été réalisée progressivement, sans doute favorisée à partir de 1948 par l'aide du plan Marshall.
Il existait donc, jusqu'au début des années 1950, de vastes écuries.

Les ouvriers saisonniers étaient nombreux pour les vendanges, les récoltes diverses et la taille. Il y avait alors entre 300 et 350 ouvriers que l'on payait, en espèces, chaque samedi.

Les cultures


Entre les deux guerres, après 1919, c'est la vigne qui occupait presque tous les champs, avec dans les parcelles les plus humides la récolte du foin. Le vin produit était de la qualité la plus courante et était entièrement destiné à l'exportation vers la métropole ; comme vin de table ou, parfois, de coupage. Le foin était consommé sur place par les chevaux et mulets du domaine. L'irrigation permettait de planter un peu de maïs pour le même usage.

Après 1945 les aliments du cheptel ont été moins utiles. Et le vignoble, déjà excédentaire avec les problèmes de surproduction et de mévente dès les années 1930, a vu ses surfaces régresser.

Ce sont des vergers irrigués qui ont remplacé la vigne : notamment des agrumes (orangers, mandariniers et pomelos), des pêchers, des poiriers. Pour protéger les jeunes plants contre les vents, on planta des haies de casuarinas, arbres à croissance rapide.

Je dois mentionner aussi du raisin de table livré à la Maison de la datte, rue Charras, à Alger ; et de vastes champs de melons et de pastèques destinés aux marchés de l'Algérois. Et, pour la consommation locale, notamment par le personnel du domaine, des cultures vivrières.

Les bâtiments

Les bâtiments


N° 1 Bâtiment principal en U : Ecuries, garage, forge, mécanique, menuiserie
                                             Et quelques appartements de fonction
N° 2 Villa du Gérant
N° 3 Bureaux de la comptabilité
N° 4 La cave d'une capacité de 30 000hectolitres
N° 5 Hangar extérieur ; et derrière ce hangar un vaste poulailler, avec des pintades
N° 6 Le " château ", résidence du Directeur
N° 7 Sous un toit de tôles, la scierie pour le bois de chauffage
Et quelque part un puits pour l'alimentation en eau potable, que je ne sais pas situer.