LA PLAINE DE LA MITIDJA
AVANT 1962
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195
Ko
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BOURKIKA
Origine du nom
: arabe. C'est le nom de l'oued près duquel a été
bâti le village. Cet oued Bourkika, qui sert de limite à
la commune, est un affluent de l'oued Nador. BOURKIKA VILLAGE DE COLONISATION Vers 1900 Voici la photo d'un village de colonisation exemplaire prise vers 1900. Cette datation au jugé est étayée par l'absence totale de voiture et par la présence d'un train des CFRA (chemins de fer sur route d'Algérie). Comme son nom l'indique, cette société posait ses rails sur le bas-côté des routes Les trains traversaient les villages en restant sur la route qui devenait le rue principale du village Il n'y avait pas de gare, mais une halte comme pour un tramway. Ici le train est à l'arrêt devant la terrasse d'un café. C'est un endroit bien choisi pour les voyageurs assoifés. Il n'y avait de vraies gares qu'aux terminus : El-Affroun à l'ouest et, à l'est, Marengo (en1894), puis Cherchell (en 1909). Il s'agissait d'une voie étroite de 1,055m. La gare de Cherchell a été fermée dans les années 1930, et celle de Marengo après 1945. Bourkika a donc été desservi par des trains mixtes de 1894 à 1930 ; et par des trains de marchandises jusqu'après la guerre.
Les maisons basses sont d'origine (1851) ; elles sont parfois qualifiées de " mahonnaises ". Mais il y a déjà un bâtiment plus haut. La rue, comme il était de règle dans ces villages, est bordée de trottoirs plantés d'arbres. La voie du train est séparée de la rue par une bordure de trottoir : c'est une disposition de prudence assez rare. Le nom de Bourkika (le père de la maigre) évoquerait le drame d'un ermite du temps jadis qui aurait eu une fille anorexique ! C'est d'abord le nom de l'oued le plus proche. Le village est sur la RN 42 qui va de Blida à Desaix. Il est à mi-chemin entre Blida et Cherchell : 33km de chaque côté. Le centre européen le plus proche était Marengo à 6km Le villa a été construit dans la plaine, mais très près du piémont de l'Atlas blidéen Après 1945
L'architecture de l'église, avec son haut fronton échancré et son clocher en forme de tour, est très originale. Ce n'est sûrement pas l'église de 1851. En 1948 ce village n'avait que 472 habitants. BOURKIKA VILLAGE DE REGROUPEMENT
Toutefois la nature de l'urbanisme, avec ses petites maisons à cour fermée familiale, avait été conçue pour pouvoir durer un " certain temps ". Ce n'était pas un village de tentes, même s'il semble y en avoir quelques unes en périphérie, mais un village en dur. Ceci étant, ce devait être tout de même, ne serait-ce qu'à cause de la promiscuité, un vrai bouleversement des conditions de vie en plus de la perte de toute les ressources traditionnelles de la culture et de l'élevage. Ce village est très officiellement un village de regroupement de piémont situé tout près de la plaine de la Mitidja, dont on aperçoit à gauche quelques rangées de vigne. Il a été établi à l'écart des terrains de culture trop chers à exproprier ; et sur un petit plateau. C'est un site d'oppidum sans les solides fortifications qui l'accompagnent généralement. Il faut dire que son aménagement a dû prendre quelques semaines tout au plus : cette hâte est due à des préoccupations militaires. Les alignements ont une rigueur toute militaire. Les cours intérieures sont justifiées par le désir de ne pas trop perturber les fellahs qui avaient dû laisser dans la montagne leur maison, leurs champs et peut-être leur bétail. Mais c'était le prix à payer pour éviter les menaces et les exactions des rebelles ; voire la mort par égorgement. La maison couvre 20m2 (deux pièces et un coin cuisine) et avec la cour 50m2. J'ai compté 156 maisons semblables, de quoi loger entre 600 et 800 réfugiés. Le village est entouré d'une protection légère ; des rouleaux de barbelés vite posés, je suppose. Il y a aussi deux tours : mirador ou château d'eau ? Un mirador est plus vite et plus facile à construire. J'imagine que les bâtiments blancs à droite de la photo regroupent quelques commodités collectives et d'abord les bureaux du responsable militaire, chef de la SAS (section administrative spécialisée) ; et de quoi loger l'officier, un lieutenant le plus souvent, et ses adjoints. Le village est traversé par une bonne piste aménagée tout exprès.
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