-Alger,
L'exhumation de l'Archevêché

L'exhumation de l'Archevêché
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A Paris, on a heureusement pris la décision de dégager certains de ces monuments, l'Église St-Sernin par exemple. On a été récompensé par la beauté simple et sévère de ces édifices exhumés, enfin réapparus à la lumière. 11 faut se féliciter de voir aussi tomber à Alger ces masures sordides qui depuis deux lustres menaçaient de mort leurs habitants. Le monument de l'Archevêché apparaît enfin - il va apparaître du moins quand on pourra enlever ces ruines de ruines qui sont encore utiles pour épauler le bâtiment.

Mais quelle n'a pas été la stupeur générale quand on apprit que l'on devait aussitôt rétablir un masque devant ce monument historique ; une haute bâtisse, moitié bureau, moitié usine, pour loger toute la mécanique des téléphones du quartier, en façade sur la place du Gouvernement, en écran devant l'Archevêché !

Des protestations fusèrent ; des vœux mesurés et motivés furent présentés notamment par la Fédération des Syndicats d'Initiative et par le Conseil Municipal.


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Afrique illustrée du 1-4-1933 - Transmis par Francis Rambert
sur site :mai 2021

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L'exhumation de l'Archevêché

L'exhumation de l'Archevêché

L'entassement excessif des citadins, en grappes humaines, s'accrochant au même point central, est un mal qui a sévi dans toutes les villes ; quelques-unes en sont mortes. A qui veut s'assurer une cellule à l'endroit convoité, rien n'est sacré. Il existe à Paris, à Lyon, ailleurs, partout, des monuments, des églises surtout, dont les formes extérieures avaient ainsi disparu sous les écailles imbriquées des boutiques de marchands et d'artisans. Le fait s'est produit à Alger ; l'Archevêché, ce beau monument historique, dégagé une première fois par la chute de la Djenina, avait été sur trois façades enrobé d'affreuses bâtisses sans grâce, sans ordre, édifiées en matériaux inconsistants qui devaient bientôt menacer ruine.

A Paris, on a heureusement pris la décision de dégager certains de ces monuments, l'Église St-Sernin par exemple. On a été récompensé par la beauté simple et sévère de ces édifices exhumés, enfin réapparus à la lumière. 11 faut se féliciter de voir aussi tomber à Alger ces masures sordides qui depuis deux lustres menaçaient de mort leurs habitants. Le monument de l'Archevêché apparaît enfin - il va apparaître du moins quand on pourra enlever ces ruines de ruines qui sont encore utiles pour épauler le bâtiment.

Mais quelle n'a pas été la stupeur générale quand on apprit que l'on devait aussitôt rétablir un masque devant ce monument historique ; une haute bâtisse, moitié bureau, moitié usine, pour loger toute la mécanique des téléphones du quartier, en façade sur la place du Gouvernement, en écran devant l'Archevêché !
Des protestations fusèrent ; des vœux mesurés et motivés furent présentés notamment par la Fédération des Syndicats d'Initiative et par le Conseil Municipal.

L'Assemblée Communale demande que lui fut remis l'emplacement des vieilles masures pour lui permettre d'y dessiner un jardin qui dégagerait les plans arrières du monument. Quelques cyprès, des bougainvillées, une vasque de marbre élégante sous un jet d'eau et de fines mosaïques feraient au monument un écrin qui mettrait ses lignes en valeur. On a bien voulu en haut lieu donner immédiatement un avis favorable qui a paru, à certains, une profanation du caractère sacré de l'Administration.

Le Service des P.T.T. intéressé a compris de suite cependant que l'appareillage acoustique peut se loger ailleurs ; il demande justice et la Ville l'offrira volontiers.

Souhaitons vivement que tout s'arrange ainsi, car ce petit projet, si heureux en soi, fait corps avec le grand projet de transformation du quartier de la Marine. Cette petite place avec son jardin se fondra, en effet, avec la Place du Gouvernement qui, elle-même, sera agrandie vers le Nord et vers l'Est jusqu'au double de sa surface actuelle et s'étendra encore sur l'emplacement de la Chambre de Commerce à réédifier à l'intérieur du quartier.

Ainsi sera dessinée une place magnifique ornée de trois beaux monuments historiques arabes : les deux anciennes mosquées d'Abou Tachfin reliées par un beau jardin et l'Archevêché, à l'autre extrémité, le tout encadré de verdure.

Respectons pieusement dans notre vieille ville tout ce qui est respectable.