-----Sous-Préfecture
dans le département d'Oran, à environ une centaine de kmde
la côte, Palikao se trouve à une altitude de 500 m dans la
plaine de Ternifine et à une vingtaine de km de Mascara. Le village
est construit sur le versant méridional d'une colline qui forme
un des contreforts des montagnes du massif des Benichougran.
-----La région est complantée
principalement en vigne. Les vins y sont renommés et atteignent
souvent 1415°, sans que cela nuise à leur qualité.
-----En 1962, la commune compte 15 000 habitants
et est dotée d'une excellente infrastructure administrative et
économique : Commissariat, Justice de Paix, Ponts et Chaussées,
Maison de l'Agriculture, Sté agricole de Prévoyance, Coopérative
agricole, Huilerie, Distillerie de plantes aromatiques, Contributions
diverses, 2 pharmacies, des médecins, une Mahakma, un Dar-El-Askri,
des écoles, hôtels etc... tout ce qui fait la vie d'une sous-préfecture
florissante.
HISTOIRE
-----En 1858, le
douar se nomme Ternif, il est entouré à la fois de marécages,
de deux petits lacs, de sable, de broussailles. Il se trouve au milieu
de la tribu des Hachem-Cheraga, berceau de l'Emir Abd-El-Kader, dans la
belle et immense plaine d'Ighriss où il occupe une bien petite
place.
-----Aucune colonisation à cette date.
-----Mais pourquoi lui avoir donné
ce curieux nom chinois de Palikao ?
-----En septembre 1860, le Général
Cousin-Montauban, Commandant du Corps Expéditionnaire franco-anglais
balaie l'armée chinoise entre Tien-Tsin et Pekin, s'empare du pont
de Pa-Li-Kiao et du Palais d'été de l'Empereur, ouvrant
ainsi la route de la capitale du Céleste Empire.
-----Cette victoire vaut au Général
le titre de Comte de Palikao, attribué par l'Empereur Napoléon
III.
-----Son grand-père, de Launay, a
été le dernier Gouverneur de la Bastille et lui-même
a fait une très belle carrière : en 1845 il commande le
2è Régiment de Spahis, puis le 2è Régiment
de Chasseurs d'Afrique. Enfin, il est présent lorsque l'Emir Abd-El-Kader
fait le 23/12/1847 sa soumission au Général Lamoricière
et au Duc d'Aumale.
-----En 1855, 56, 57, il commande la Division
d'Oran.
-----Plus tard pour lui rendre hommage, on
changera le nom de Ternif en celui de Palikao.
PEUPLEMENT
-----"C'est
par décret du 28/01/1870 que Palikao est créé pour
50 feux avec un territoire de 1 253 hectares. A cette date les concessions
étaient vendues à prix fixe. Là comme partout où
ce système a été appliqué, le développement
n'a pas été rapide. En 1874, on agrandit le village de 20
feux et 67 hectares, avec obligation de résidence pour les nouveaux
attributaires. Le village de Palikao ne compte alors que 13 maisons bâties.
Trois ans après, la population de 93 âmes passe à
193.
-----Le 5 mars 1880, Palikao est érigé
en commune de plein exercice et au recensement de 1886 on compte 880 habitants.
On se demande comment on a pu attendre jusqu'en 1870 pour implanter la
colonisation dans une contrée aussi fertile, qui se prêtait
bien à la colonisation européenne.
-----Il a fallu l'aveuglement ou le parti
pris de l'autorité militaire pendant 40 ans pour n'avoir pas couvert
plus tôt de centres forts et bien constitués cette plaine
si riche entre toutes".
-----Parmi les pionniers, les familles Balavoine
(Monsieur Balavoine est le premier Maire du village), Canasin, puis viennent
les Charrin, Font, Combes, Tordjman, Tourvielle, Morales, Bensadoun, Serres,
sa, Honorat... (Extrait de d'Oran du Jeudi 30 Mai 1889)
-----Au 1er février 1899, le Maire
est Monsieur Gérard.
-----En 1878 à la demande des habitants
on divise une partie du Communal en 58 lots de vignes attribués
ou vendus aux habitants du village . En créant un centre aux portes
de Mascara on n'avait pas encore songé que la première chose
à faire dans ce pays qui est celui de la vigne par excellence était
de ménager des lots propres à cette culture.
-----Très bonne terre, bonne situation,
eaux abondantes, mais ces eaux qui alimentaient Palikao sourdent de cuvettes
situées en amont du village en formant le grand lac et le petit
lac.
-----Or, ces deux lacs se sont transformés
en générateurs d'effluves pestilentiels, d'où moustiques
et fièvres. Le "Réveil de Mascara"dans un numéro
de 1886 nous apprend qu'il y a eu en trois mois 30 décès.
-----La Direction de l'Hygiène propose
de combler les lacs. Les habitants refusent, car ils considèrent
que le remède est pire que le mal, la conséquence étant
d'aveugler les sources ou au moins de diminuer leur débit.De ce
fait : plus d'irrigation, plus d'élevage dans ce centre qui compte
déjà à cette époque 1 000 têtes de gros
bétail et 2 000 moutons.
-----Les Ponts et Chaussées proposent
le curage des lacs et la construction d'un barrage. Ce projet a le mérite
d'être moins onéreux et plus efficace.
-----En attendant, les pionniers ont la tâche
difficile : il faut arracher les palmiers nains à la main, labourer,
ensemencer, planter. Les outils font défaut, les maisons sont plus
que rustiques ; les lacs sont toujours infestés de moustiques et
la malaria sévit.Les maigres récoltes sont ramassées
avec le fusil à la bretelle. Chaque nuit on met en place un tour
de garde Les femmes font un travail d'homme, les gens plus âgés
ne sont pas épargnés. C'est ainsi qu'un membre de la famille
Charrin, Claude se tue accidentellement. En allant aux champs porter leur
repas à ses fils, sa carriole verse sur une souche de palmier nain
et il est éjecté, se fracassant le crâne.
MAOUSSA, l'OEUVRE de
JOSEPH
-----Joseph Charrin,
(arrière grand-père d'Yves Mathieu-Saint-Laurent), arrivé
en Algérie avec l'armée s'installe à Mascara. Devenu
notable et voulant faire prospérer la région il fait venir
toute sa famille : ses frères, soeurs, neveux, originaires d'un
village de l'Ain.
-----En 1874 à sa demande, on bâtit
un village entre Palikao et Mascara. Les nouveaux habitants veulent l'appeler
Charinville, mais Joseph demande modestement que ce soit Maoussa, (nom
local).
-----Les premiers résidents en sont
bien sûr les Charrin. En 1876 le premier né au village est
un de ses neveux, Jules Charrin. S'y installent également les familles
Fabre, Martin, Font, Dejean, Foyard, Combes, Tourvielle, Vabre..
CACHEROU, le site de
la Smala.
-----Plus tard on
crée la commune de Cacherou entre Maoussa et Palikao. De la vigne
y est également plantée.
-----S'installent les familes Camplo, Font,
Charrin, Cannebotin, Catroux, Batana, Rousseau, Radicich...
-----C'est à proximité de Cacherou,
sur une éminence très boisée que se trouvait un village
construit pour abriter la smalah d'Abd-El-Kader, forte de 23 000 âmes
dont 5 000 combattants.
-----Abd-El-Kader qui est originaire de la
région y trouve ses plus fidèles compagnons. Il est itinérant
mais revient très souvent. Un peu plus loin, pour protéger
ce village, se trouve un ksar sur l'emplacement de ce qui sera la propriété
Saint-Paul. Sous le gouvernorat Naegelen on édifiera à cet
endroit un monument à la mémoire d'Abd-El-Kader "Grand
Ami de la France".
-----A Cacherou, le site de la smalah est
superbe, il devient plus tard propriété de l'Etat et est
par la suite attribué à la famille du Maréchal Pélissier,
Duc de Malakoff. Au début du XX, siècle, la Duchesse de
Malakoff y réside avec sa Dame de Compagnie la Marquise de Choiseul.
Elles entretiennent avec les familles du voisinage d'excellentes relations.
-----A leur mort, c'est aux U.S.A.qu'il faudra
rechercher les héritiers du Duc de Malakoff, et la propriété
est alors achetée par Henri Font, fils du Maire de Palikao Antoine
Font.
-----Les ruines des habitations de la smalah
sont à cette époque encore très visibles, les murs
étant partiellement effondrés, ainsi que celles du ksar
dont on distingue très bien les meurtrières.
UN PAYS de DÉCOUVERTES
FONDAMENTALES.
--A la fin du siècle dernier, au cours d'une journée
de chasse dans les marécages, Monsieur Balavoine remarque que l'eau
est huileuse en surface. Supputant l'existance d'une nappe pétrolière,
il achète les terrains. Il avait vu juste car les terres avoisinantes,
prospectées par une Cie, sont exploitées. La Cie y fait
quelques forages mais refuse d'étendre son exploitation qui toutefois
perdurera de nombreuses années.
--Au début du siècle des fouilles sont faites à Palikao.
Ce site est habité depuis la préhistoire par des hommes
venus du Sahara, alors extrêmement fertile, et d'Europe méridionale.
Ce sont des nomades qui vivent dans des grottes autour des lacs.
-----Au cours de ces fouilles on trouve bien
sûr des ossements mais aussi d défenses de mammouth, des
outi des armes...
-----Plus tard en 1955 on découvre
l restes d'un Atlanthrope - 500 000 ans - qui sera baptisé "L'Homme
de Ternifine". II mesure environ 1 m et a des orbites très
saillantes. apporte une nouvelle technique (africaine) des outils bifaces
; le coup poing est remplacé par un casse-tête en amande
à l'arête tranchante, fixé au bout d'un manche et
servant de hache. Son crâne se trouve actuellement au Musée
de l'Homme à Paris.
-----Cette découverte est faite derrière
l'huilerie sur un terrain appartenant à Raoul Charrin, notable
de Palikao qui en fait don à la ville.
-----Une Commission Internationale (France,
U.S.A., Angleterre, Suède, Italie, ...) se déplace pour
examiner l'Atlanthrope et étudier ce site privilégié.
-----Elle est dirigée par le professeur
Arambourg, reçu par la suite à l'Académie des Inscriptions
et Belles Lettres. La mission de cette Commission durera 2 ans. Monsieur
Pimont ancien Directeur d'école à Palikao est nommé
Conservateur des fouilles.
-----Le village de Palikao n'existe plus.
-----Il s'appelle à nouveau Ternif
modernisé en Tighennif.
-----Il compte maintenant environ 40 000
habitants. Les vignes ont été arrachées et la prospérité
comme la progression économique ont été remplacées
par la disette et la paupérisation jusqu'à ce jour irréversibles.
Nelly MONI née
Cannebotin-Charrin
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