LE PALAIS DE JUSTICE
est aujourd'hui trop petit
A l'époque de son
inauguration, le nouveau palais de justice d'Alger était considéré
comme un des plus beaux bâtiments de la cité.
M. Gion, architecte de talent, avait donné à cet édifice
un style néo grec.
Ainsi la façade de la rue Colonna-d'Ornano présentait
dans son avant-corps et sa partie centrale une
grande pureté de lignes. Le bâtisseur s'était attaché
a l'élégance du vestibule et de 1'entrée des magistrats
et avait donné un ordre dorique a la salle des pas perdus du
rez-de-chaussée. L'escalier qui conduit au premier étage
avec ses murailles en stuc et ses belles balustrades ajourées,
les colonnes et les pilastres, les riches ornements des plafonds dont
quelques-uns ornés de caissons octogones, tout cela était
accueilli par des critiques favorables.
Cependant déjà, des restrictions avaient été
imposées. L'édifice avait été élevé
sur un emplacement
moins vaste que celui primitivement choisi, et pendant que M. Gion était
ainsi contraint de réduire les proportions de son uvre,
de nouveaux services s'ajoutaient à ceux prévus.
Le personnel de la cour s'augmentait d'un président de chambre,
d'un avocat général, d'un substitut, d'un interprète
et d'auxiliaires ; celui du tribunal d'un juge d'instruction et de deux
suppléants.
Il fallait trouver dans le monument restreint des installations plus
nombreuses.
Ce problème, jugé d'abord impossible, était résolu
par MM. Derotrie, ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées, et Rattier, architecte chargés des détails
d'exécution.
Ainsi, une partie des sous-sols était utilisée, une des
ailes du deuxième étage entièrement transformée.
Les besoins de l'administration judiciaire de l'époque étaient
satisfaits non sans mal.
La décoration et
l'ameublement
La décoration et l'ameublement retenaient l'attention des réalisateurs.
Ils s'inspiraient pour cela des travaux exécutés à
l'époque au tribunal de la Seine et s'efforçaient de
doter le nouveau palais d'accessoires en parfaite harmonie avec le caractère
de l'édifice. Deux magistrats contribuaient dans une large mesure
à l'installation des services et apportaient le concours de leur
expérience.
M. Puech, président de chambre à la cour, secondait puissamment
MM. Derotrie et Rattier dans l'aménagement et la décoration
du palais, et dans l'ameublement de la cour, M. de Maisonseul juge de
première instance, avait une action décisive sur tout
ce qui concernait le mobilier.
Le nouveau palais devient
trop petit
En peu de temps le nouveau palais devenait trop petit pour tous les
services qu'il abritait et actuellement nos magistrats souhaitent qu'un
édifice plus vaste et mieux doté soit érigé.
Cependant ne faut-il pas voir dans cette courte histoire du palais de
justice, que nous avons succinctement évoquée ici, toute
l'évolution des institutions françaises en Algérie
?
Ce qui hier paraissait grand et suffisamment. vaste pour durer des siècles,
est devenu désuet. Les hommes de bonne volonté qui ont
posé la première pierre ne s'en doutaient certainement
pas.