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16 x 24.- 30 pages

Alger, le palais d'été du Gouverneur
résidence du gouverneur général de l'Algérie
Historique, plans, visite, commentaires
sur site, le 23-1-2010

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HISTORIQUE

Vue du Palais d'Été et de la Douéra
Vue du Palais d'Été et de la Douéra
Placée sur les coteaux de Mustapha Supérieur, la résidence du Gouverneur Général de l'Algérie est une des plus belles que l'on puisse rêver. La beauté de la nature, une vue incomparable sur la courbe majestueuse de la baie d'Alger, donnent à cette habitation une allure étonnante.

Il a fallu de nombreux travaux et aménagements pour transformer en un si riche palais la villa mauresque qui, avant la conquête, appartenait au ministre des haras du Dey : villa simple de construction et charmante par sa situation et ses jardins. Elle comprenait un bâtiment à deux étages avec une petite cour de marbre entourée d'un élégant portique; " au delà d'un vestibule soutenu par quatre colonnes ", disent les archives du Génie, on trouvait aussi " une cour dallée en marbre avec vingt-quatre colonnes torses en pierre et une galerie à carreaux vernis très usés ". De ces deux corps de bâtiments, le duc d'Aumale fit une demeure aménagée à l'européenne; et y ayant ajouté une série de dépendances, il décida d'y transporter sa résidence. Mais les inconvénients étaient nombreux : il était en particulier regrettable que les pièces fussent si exiguës et qu'il devînt à peu près impossible de séparer les appartements privés des bureaux du cabinet civil.

En 1903, lors du voyage du président Loubet, on se rendit compte d'un autre grave inconvénient : dans cette villa agrandie il n'existait aucune salle de réception digne de ce nom; on construisit en toute hâte un baraquement en bois couvert de toile, et ce fut la salle des fêtes.

Plusieurs années s'écoulèrent cependant avant qu'on eût l'idée de donner aux appartements d'apparat la place qui leur revenait et que certains Gouverneurs Généraux de l'Algérie estimaient essentielle. En 1913, M. Lutaud demanda à l'architecte Darbéda un plan de reconstruction de sa résidence d'été. Alors commencèrent de nouveaux travaux qui donnèrent au Palais d'Eté une physionomie toute différente; le pavillon central fut démoli : il fut remplacé par une salle des banquets au rez-de-chaussée et une salle des fêtes au premier étage; de quelques dépendances on fit les appartements réservés au Président de la République; l'ancienne sale à manger devint le vestibule d'honneur, que l'on fit communiquer avec le rez-de- chaussée par un grand escalier de marbre blanc.

La disposition qu'a donnée M. Gabriel Darbéda à cet ensemble de pièces d'apparat n'a rien que de simple; l'architecture en est heureuse et la décoration élégante; l'artiste a su faire œuvre originale tout en empruntant de nombreuxéléments à des formes d'art diverses. De légères colonnes torses,un plafond à stalactites, sont les éléments essentiels du salon d'attente présidentiel d'où la vue s'étend à la fois sur l'ancienne cour mauresque et sur le magnifique ensemble des coteaux de Mustapha, de la baie d'Alger et des montagnes de Kabylie. C'est une des parties les plus agréables et les mieux conçues du Palais.

Dans l'immense salle des fêtes, des colonnes d'onyx massives et trapues supportent une série d'arcs en fer à cheval, d'un beau dessin qui frappe par son ampleur; la matière de ces arcs marquetés de mosaïques est riche et précieuse; l'architecte, séduit au cours d'un de ses voyages en Italie par la somptuosité de la Chapelle Palatine de Palerme, s'en est souvenu ici; l'important pour lui était de ne pas détruire, par l'abondance des décors multicolores, l'impression générale de simplicité; il a heureusement réalisé son dessein, créant ainsi une œuvre qui s'impose à la fois par sa belle ligne architecturale et sa valeur décorative. Dans la grande galerie qui longe cette salle des fêtes et donne sur les arbres admirablement élancés du parc, M. Gabriel Darbéda s'est rappelé les conceptions vénitiennes. Mais les réminiscences sont discrètes; l'unité de la masse architecturale n'en souffre pas; les salles du premier étage ont en particulier un air de grandeur qui répond entièrement au caractère qu'on a voulu leur donner.

Lorsque furent édifiés les nouveaux bâtiments, on eut l'idée d'enrichir certaines pièces d'un cycle de fresques. Il y avait de grands espaces nus dans la salle des fêtes; l'occasion était belle pour l'école de peinture qu'on appelle volontiers " orientaliste " d'exprimer son originalité. M. Jonnart sut la saisir et, sur l'initiative de M. Gabriel Darbéda, confia la décoration picturale du Palais à des artistes qui, pendant de longs séjours faits en Algérie, avaient pu pénétrer profondément le caractère des mœurs et des horizons africains.

Il fallait éviter cet orientalisme factice, sans vigueur, ni sincérité, qui a été de mode pendant si longtemps. Au cours du XIXe siècle, de nombreux artistes ont peint des scènes algériennes avec le clinquant superficiel et vide qui finit par rendre monotone ce qui devrait être si coloré. Cette tradition malheureuse s'est peu à peu perdue et on en est revenu aux notations précises et vécues qui sont le charme et la beauté du carnet marocain de Delacroix.

Jean ALAZARD.
(Art et Décoration).

Plan initial
Plan initial
Plan intermédiaire
Plan intermédiaire
Plan final
Plan final

VISITE DU PALAIS D'ÉTÉ

L'entrée principale du Palais d'Eté se trouve sur une placette traversée par la rue Michelet. De chaque côté de l'hémicycle de la porte d'entrée du parc, se trouvent placés les bustes des anciens Gouverneurs Généraux et en face de l'entrée de l'autre côté de la rue, la statue du Maréchal de Mac-Mahon.

On entre directement dans les jardins après avoir laissé à droite le pavillon du portier et à gauche celui du corps de garde. L'allée centrale est bordée à gauche par de magnifiques yucca et à droite par des lataniers.

Une gigantesque corbeille de plantes exotiques et de fleurs de saisons a été aménagée devant la façade principale du Palais.

Autour d'une cour centrale pavée de marbre avec bassin hexagonal et jet d'eau de marbre se placent, à droite les appartements présidentiels et, reliant ces deux bâtiments, les salles de réception.

L'entrée d'honneur du Palais d'Eté est située du côté des appartements présidentiels. Du porche on passe dans un vestibule qui donne accès à la salle d'attente. Cette salle est une reproduction du vestibule des anciennes maisons mauresques. Son plafond en voûtes d'arêtes retombe sur des colonnettes torsadées et jumelées, en marbre blanc. La base de ces colonnettes repose sur un bahut en maçonnerie et servant de siège.

Les murs jusqu'à hauteur de la voûte sont revêtus de faïences anciennes et modernes.

En quittant le vestibule on trouve la galerie de la salle des banquets. Cette galerie se termine à ses extrémités par deux larges escaliers en marbre blanc donnant accès, l'un à droite, l'autre à gauche, à la galerie de la salle des fêtes du premier étage.

L'escalier de droite ou escalier d'honneur est moderne; son départ comprend deux volées s'ouvrant de chaque côté d'une porte centrale pour aboutir à la galerie du premier étage par une seule travée. Les murs de cet escalier sont revêtus de faïences modernes; ces faïences d'une belle facture, qui imitent les faïences persanes à reflets métalliques, sortent des ateliers du céramiste Delduc.

L'escalier de gauche est celui de l'ancienne résidence. Cette partie du bâtiment n'a pas été modifiée. Les jours de réception, les invités accèdent à la galerie de la salle des fêtes par l'ancien escalier et redescendent par l'escalier d'honneur à la galerie de la salle des banquets.

La salle des banquets est divisée en 3 travées par des colonnes polygonales en marbre de Carrare; les chapiteaux sont décorés de pommes de pin. Les plafonds sont en bois de cèdre rehaussés de filets d'or. Les poutres sont sculptées sur leurs 3 faces d'ornements hispano-mauresques.

Les colonnes sont réunies par des arceaux en maçonneries décorées de plâtres ajourés. Les trumeaux devaient être tendus de cuir de Cordoue.

La salle des banquets est éclairée de grandes baies fermées de boiseries en cèdre vernies et vitrées par des glaces sans tain.

Cette salle est décorée à ses deux extrémités, à droite par un panneau de faïences d'un très beau style et à gauche par une cheminée monumentale en faïences de style oriental; le panneau et la cheminée ont été exécutés par les ateliers du céramiste Delduc. Toutes les salles du rez-de-chaussée sont pavées de dalles en marbre blanc.

Premier étage. Le plafond de la galerie de la salle des fêtes est inspiré des plafonds des mosquées d'Orient. Les soubassements des murs sont revêtus par des faïences et dans la partie haute de frises décoratives peintes par Cauvy. Malheureusement ces frises qui sont d'un très beau style et qui convenaient en tous points à la décoration du pavillon de l'Algérie, à l'Exposition des Arts Décoratifs, ne sont pas à l'échelle des détails d'architecture de cette galerie, ni de ceux de l'escalier d'honneur où on les a également placées.

Cette galerie est éclairée par des baies fermées, par des boiseries semblables à celles du rez-de-chaussée. L'ancien escalier à partir du niveau du premier étage est moderne; un mirador a été ajouté du côté des jardins. Son plafond comme celui de la galerie est inspiré de ceux des mosquées d'Orient.

Les murs de la cage d'escalier sont décorés de panneaux décoratifs de M. Marius de Buzon. L'un représente " Un cortège " en montagne, l'autre un " Retour de marché ".

Voici ce que dit M. G.-S. Mercier sur l'ensemble de cette décoration picturale

" Sur un fond montagneux synthétisant toute la Kabylie neigeuse ou verdoyante, il a fait défiler en théorie pittoresque les principaux types des habitants de ces régions : paysans rudes et travailleurs, riches propriétaires néanmoins toujours modestes dans leurs manières d'être, femmes allant à la source, ouvriers revenant du travail, marchandes de retour du marché et gagnant le petit village perché en nid d'aigle, sur un piton escarpé, etc.

" Le peintre de Buzon a su baigner son œuvre dans cette atmosphère lumineuse, pure et glacée qui règne au printemps sur ces montagnes. Sur la neige éblouissante ou sur la terre chaudement colorée les masses des arbres s'opposent en valeurs nettes d'un vert cru, tandis que les forêts lointaines s'étendent dans un moutonnement bleuté : c'est d'une vision exacte et très artiste. Quant aux personnages ils sont campés dans la vérité même ".

Le plafond de l'ancien escalier est moderne, et orné de staff patiné. Le plafond de l'escalier d'honneur est en forme de coupole octogonale, décorée de plâtres ajourés exécutés sur place par des artisans indigènes d'El-Oued. Cette coupole repose sur des murs composés d'arceaux en maçonnerie, soutenus, à leur base par des colonnes de marbre blanc, aux quatre angles sur des arceaux en pendentif.

Sur le pourtour de la cage d'escalier on remarque une balustrade également en marbre blanc d'un travail intéressant.

L'escalier est encadré sur ses 3 côtés par un portique. Le portique qui forme le fond de la galerie s'ouvre par un triptyque sur le panorama merveilleux des jardins et villas des coteaux de Mustapha Supérieur.

La galerie est séparée de la salle des fêtes par des baies cintrées fermées par des boiseries de cèdre du plus pur mauresque. Les boiseries ont été exécutées dans les ateliers de M. François Darbéda

Les jours de réception, ces portes s'enlèvent de façon à réunir la salle des fêtes à la galerie.

La décoration de la salle des fêtes est d'inspiration byzantine. Ces plafonds sont en bois de cèdre et sont du style de ceux de la grande mosquée de Tlemcen; ils reposent sur de grands arceaux et divisent l'ensemble du plafond en plusieurs travées.

Voici ce que dit Alex Charbey sur la décoration de cette salle : " L'architecture de cette salle joint à une science des proportions une justesse de vue et d'esthétique peu communes. Les arceaux mêlent l'audace slave à l'élégance orientale. Ces arceaux, en nombre considérable, sont soutenus à leur base par des colonnes d'onyx sombre. Tout le reste, arceaux, claveaux, douelles d'arceaux, est entièrement cloisonné de mosaïques dont la tonalité principale est bleu turquoise et or. Les dessus en sont arabes, hindous, orientaux, persans, égyptiens, dans une forme décorative de la plus haute richesse et de la plus grande sobriété de goût et de bon ton. L'auteur est le peintre Antoni. Le mosaïste est M. Tossut ".

Les fonds de cette salle s'ornent d'une coupole dont le dôme figure un paon aux ailes déployées d'une stylisation vigoureuse et puissante. Les murs latéraux sont illustrés de peintures murales d'Antoni. L'ensemble de cette salle des fêtes est comme une merveille des " Mille et une nuits ".
Les soubassements des murs sont en marbre de Sienne à dessins très curieux, les plinthes en marbre de Vérono. Les colonnettes des baies géminées sont en albâtre de Pise. Les lustres en cuivre ont été exécutés suivant les dessins de l'architecte, dans les ateliers de Zagha en Syrie et de Petit-Monsigny à Alger.

Le pavement de cette salle, qui est en mosaïques de marbre d'une très heureuse composition, a été dessiné par M. Gabriel Darbéda et exécuté par le mosaïste Tossut. Cette salle communique, par de grandes baies cintrées semblables à celles de la galerie, à un portique s'ouvrant sur les jardins.

Pour accéder de la galerie des fêtes au salon présidentiel, on descend un perron de plusieurs marches, en marbre blanc; le plafond en staff est inspiré de l'art hispano-mauresque, les soubassements sont en faïences de style persan.

Sur les murs, des peintures décoratives de l'artiste éminent Léon Carré. Voici ce que dit Alex Charbey de ces panneaux décoratifs.
" Sous les dentelles du plafond les parois de ce salon sont revêtues de cinq panneaux représentant tout ce qui a trait à l'évocation de ce pays grandiose et charmeur qu'est l'Algérie. Depuis les " corsaires " dans leur nef audacieuse dont les voiles se mirent dans la mer chantante, jusqu'aux confins du désert, le pinceau de Léon-Georges Carré enchante oeil du visiteur ".

Le panneau principal qui mesure six mètres sur trois représente la " Vie musulmane ". C'est dans le site édénique de la campagne d'Alger, dans les jardins d'une villa mauresque, une scène de touchante douceur.

Sous un figuier d'or, un vieillard arabe pensif, rêve, cependant que parmi les roses, une mauresque hiératique contemple une de ses compagnes dont la main donne à un mouton sa pâture. Le tout est empreint d'une paix et d'une sérénité qui dépeignent admirablement la grandeur de la vie patriarcale de notre Orient.

Les " Corsaires ", " Sahara ", les " Cavaliers ", les " Gazelles " et une délicieuse " Pastorale " aux ocres et aux bleus d'idéal, représentant un berger - quasi romain dans son symbolique méditerranéen - sont les témoignages de la vérité du talent énorme et divers de Léon-Georges Carré qui est un très grand artiste, et un maître.

Ce salon est éclairé sur ses faces latérales par de grandes baies cintrées, fermées par des boiseries semblables à celles de la salle des fêtes; on remarque une frise en mosaïques dont le dessin représente des bases de bégonias en fleurs de couleurs délicieuses. Le pavement de la salle est en mosaïques de marbre, composé de dessins géométriques et d'entrelacs.

Du salon présidentiel on pénètre dans le cabinet de travail du Président, cette salle de forme carrée dont le plafond est décoré en staff patiné est de style oriental.

Les panneaux qui décorent les murs sont de Jouve qui illustra le livre de la Jungle de Kipling.

Les soubassements des murs sont en boiserie de cèdre. A droite de cette salle se trouve une salle de bains, dont les murs sont décorés, dans leur partie basse, de faïences hispano- mauresques à reflets métalliques.

A gauche s'ouvre la chambre à coucher présidentielle.

Cette pièce a été décorée de frises de Cauvy, provenant de l'Exposition des Arts Décoratifs. Comme les frises de la galerie, ces peintures n'ont pas été exécutées pour la décoration de ces salles.

Pour se rendre dans les appartements privés il faut suivre le portique qui longe le salon présidentiel et remonter dans la galerie de la salle des fêtes.
Près de l'escalier d'honneur se trouve l'entrée de ces appartements. Le public n'est pas admis à les visiter. On redescend par l'escalier d'honneur et l'on sort par la porte centrale située sous l'escalier d'honneur; on suit un dégagement voûté précédé de quelques marches et on sort sur la façade N.-0. du Palais. Cette façade est de pur style mauresque.

Elle a été surchargée en 1929 par un placage adossé au bâtiment de la salle des fêtes, pour l'installation d'un office au cas où le Gouverneur Général donnerait un banquet dans la salle des fêtes.

En continuant vers l'ouest on découvre l'esplanade en hémicycle établie devant la façade postérieure du Palais. Cette façade est inspirée du style de celle du Palais des Doges à Venise et surtout de celle de la Ca d'Oro.

Les arbres du parc composés de pins parasols, d'arbres de Judée et autres essences font un cadre merveilleux à cette élégante façade.

En poursuivant notre promenade vers le S.-E., nous découvrons une façade de style mauresque dont la partie centrale est ancienne; les 2 ailes avec leur mirador sont modernes.

Dans cette partie du parc les ficus sont aussi beaux que ceux du jardin d'essai du Hamma.

Il ne nous reste plus à visiter que la " Douéra ", pavillon composé d'un salon avec sur le devant une petite cour mauresque, entourée de portiques sur 3 côtés. De cette cour le visiteur découvre le splendide panorama de la baie de Mustapha, et au premier plan le Bardo avec ses murs blancs ornés de bougainvilliers violets.

En quittant la " Douéra " on reprend la grande allée centrale pour gagner la sortie.

COMMENTAIRES SUR LE PALAIS D'ÉTÉ

De M. Pierre BERCH
(Extrait du journal L'Afrique du Nord Illustrée).

Sur les coteaux de Mustapha Supérieur, au milieu d'un parc luxuriant, en face d'une mer enchanteresse, le Palais d'Eté, résidence du Gouverneur Général de l'Algérie, dresse sa blanche façade. Des bougainvilliers en fleurs font à ses portes mauresques une parure mauve et le soleil, frappant de biais ses murs éclatants, étire démesurément l'ombre svelte de ses colonnades.

C'est là une des plus belles demeures de la ville moderne. Ancienne villa d'un chef indigène, elle groupe, autour d'une charmante cour, les appartements privés du Gouverneur. A gauche et à droite elle a subi des agrandissements notables qui conçus dans le même style par un excellent architecte, homme de goût, M. Gabriel Darbéda, ont sauvegardé son charme exotique et, sans rien détruire de son harmonie, lui prêtent une certaine grandeur.

Rien n'a été ménagé d'ailleurs de tout ce qui pouvait concourir à sa beauté. Remarquables sont les salons du premier étage. On s'extasie devant la pureté lumineuse des marbres de Carrare.

Des colonnes d'onyx ornent la grande salle des fêtes qui est, à elle seule, une merveille, avec ses arceaux surbaissés où des mosaïques multicolores font agréablement papilloter aux yeux le somptueux kaléidoscope de leurs couleurs, sous un plafond de bois travaillé, minutieusement décoré comme en certaines mosquées de Tlemcen, et d'où pendent, immobiles et lourds, des lustres de cuivre ouvragé qui évoquent le lointain souvenir de Sainte-Sophie à Constantinople.

De M. X...
(Extrait du journal L'Illustration).

Durant son bref séjour à Alger, le président de la République a été logé, sur les coteaux de Mustapha Supérieur, dans le beau Palais d'Eté qui est devenu, depuis quelques années, la résidence du Gouverneur Général de l'Algérie. C'est en décembre 1913 que, sur l'initiative de M. Lutaud, on eut l'idée d'élever cette demeure, qui est une des plus belles de la ville moderne. C'est une ancienne habitation ; on en modifia à peine la structure générale pour installer les appartements privés du Gouverneur, qui se groupent ainsi autour d'une charmante cour mauresque.

A droite et à gauche de cette modeste villa, on voulut construire toute une série de salons de réception et en particulier une salle des fêtes et une salle des banquets. Un excellent architecte, M. Gabriel Darbéda, fut chargé de l'exécution du programme. Il conçut, dans an style mauresque, une grande et magnifique habitation qui détache sa blancheur sur un parc à la végétation luxuriante, comme il s'en trouve peu aux environs d'Alger. De la salle à manger, décorée de belles tentures aux fines broderies, on a une vue très étendue sur ces jardins, aujourd'hui si fleuris, où dominent les arbres de Judée et les pins parasols.

Tel est l'ensemble de l'oeuvre qui, commencée sous le gouvernement de M. Lutaud et continuée sous celui de M. Jonnart vient d'être à peine achevée sous M. Steeg. Lorsque ce Palais, où l'on jouit d'un des plus beaux points de vue de la Méditerranée, sera entièrement décoré à
l'intérieur, il représentera un sérieux effort artistique, qui méritera d'être connu et estimé.

De M. H. KLEIN
(à la suite d'une visite du Comité du Vieil Alger au Palais d'Eté)

Dans la grande cour de marbre, M. de Galland, président, après avoir exprimé au Gouverneur la reconnaissance du Comité, rappela l'histoire de l'ancienne villa qui, après avoir appartenu au ministre des Haras du Dey, fut transformée par le duc d'Aumale en Palais Gubernatorial. De la résidence primitive, démolie en 1913, il ne subsiste maintenant qu'une petite maison à jet d'eau " la cousine pauvre, dit M. de Galland, du somptueux monument d'aujourd'hui "; pauvre, mais combien délicieuse avec ses parures d'émail et de bois sculpté et avec le sourire de ses fleurs.
Nous visitons les bâtiments nouveaux, œuvre de l'architecte Darbéda, qui, en la circonstance, témoigna d'un large éclectisme.

On vit ainsi le rez-de-chaussée cèdre sculpté et doré, superbe avec ses imposants piliers à pommes de pin, l'escalier décoré d'anciennes faïences la salle des fêtes en mosaïques d'or dont la parole du président souligna les beautés. On donna les noms des artistes qui décorèrent cet intérieur : De Buzon, Antoni, Tossut, Delduc, Carré, Alfonsi, Meki, d'autres encore.

Après un coup œilà la " Douéra ", d'où la vue s'étend sur les villas du voisinage, après une promenade dans le parc, on se rendit à l'esplanade. Là, devant l'élégante loggia vénitienne de la résidence, le président évoqua le souvenir du Palais des Doges, et exprima le souhait que, dans l'avenir, se réalise ici un style consacrant la forme définitive de la maison méditerranéenne.

salon présidentiel
salon présidentiel

De M. DINET, peintre orientaliste
(Lettre du 29 janvier 1925 à M. D...)

L'ensemble produit un effet très imposant et ce Palais aux mille arcades, à la blancheur de neige, aux étages successifs suivant harmonieusement les pentes du paysage, restera un des meilleurs spécimens de l'Art Arabe appliqué à notre civilisation moderne.

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Vue des jardins du Palais d'Eté et de la Douéra
2
Façade principale (Ancien Palais)
3
Cour de marbre (Ancien Palais)
4
Vue d'ensemble.
5
Pergola et façade nord
6
Pergola
7
Plan de l'ancien Palais
8
Plan du Palais d'Eté, rez-de-chaussée
8
Plan du Palais d'Eté, premier étage
9
Façade est
10
Façade sud
13
Portique sur l'esplanade.
13
Cour d'honneur.
14
Salon
15
Galerie du rez-de-chaussée
15
Grand escalier
16
Ancien escalier et galerie du premier étage
19
Mirador de l'ancien escalier
20
Ensemble de l'ancien escalier
20
Salle des fêtes. Ensemble
21
Salle des fêtes, côté de la galerie
22
Salle des fêtes. Détail d'une travée.
22
Salle des fêtes. Mosaïque
23
Salon présidentiel. Vue d'ensemble
24
Salon présidentiel. Plafond
24
Galerie du premier étage
25
Vue de la Douéra
26
Cour mauresque de la Douéra
27