HISTORIQUE
Vue du Palais d'Été et de la Douéra
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Placée sur les coteaux de Mustapha Supérieur,
la résidence du Gouverneur Général de l'Algérie
est une des plus belles que l'on puisse rêver. La beauté de
la nature, une vue incomparable sur la courbe majestueuse de la baie d'Alger,
donnent à cette habitation une allure étonnante.
Il a fallu de nombreux travaux et aménagements pour transformer en
un si riche palais la villa mauresque qui, avant la conquête, appartenait
au ministre des haras du Dey : villa simple de construction et charmante
par sa situation et ses jardins. Elle comprenait un bâtiment à
deux étages avec une petite cour de marbre entourée d'un élégant
portique; " au delà d'un vestibule soutenu par quatre colonnes
", disent les archives du Génie, on trouvait aussi " une
cour dallée en marbre avec vingt-quatre colonnes torses en pierre
et une galerie à carreaux vernis très usés ".
De ces deux corps de bâtiments, le duc d'Aumale fit une demeure aménagée
à l'européenne; et y ayant ajouté une série
de dépendances, il décida d'y transporter sa résidence.
Mais les inconvénients étaient nombreux : il était
en particulier regrettable que les pièces fussent si exiguës
et qu'il devînt à peu près impossible de séparer
les appartements privés des bureaux du cabinet civil.
En 1903, lors du voyage du président Loubet, on se rendit compte
d'un autre grave inconvénient : dans cette villa agrandie il n'existait
aucune salle de réception digne de ce nom; on construisit en toute
hâte un baraquement en bois couvert de toile, et ce fut la salle des
fêtes.
Plusieurs années s'écoulèrent cependant avant qu'on
eût l'idée de donner aux appartements d'apparat la place qui
leur revenait et que certains Gouverneurs Généraux de l'Algérie
estimaient essentielle. En 1913, M. Lutaud demanda à l'architecte
Darbéda un plan de reconstruction de sa résidence d'été.
Alors commencèrent de nouveaux travaux qui donnèrent au Palais
d'Eté une physionomie toute différente; le pavillon central
fut démoli : il fut remplacé par une salle des banquets au
rez-de-chaussée et une salle des fêtes au premier étage;
de quelques dépendances on fit les appartements réservés
au Président de la République; l'ancienne sale à manger
devint le vestibule d'honneur, que l'on fit communiquer avec le rez-de-
chaussée par un grand escalier de marbre blanc.
La disposition qu'a donnée M. Gabriel Darbéda à cet
ensemble de pièces d'apparat n'a rien que de simple; l'architecture
en est heureuse et la décoration élégante; l'artiste
a su faire uvre originale tout en empruntant de nombreuxéléments
à des formes d'art diverses. De légères colonnes torses,un
plafond à stalactites, sont les éléments essentiels
du salon d'attente présidentiel d'où la vue s'étend
à la fois sur l'ancienne cour mauresque et sur le magnifique ensemble
des coteaux de Mustapha, de la baie d'Alger et des montagnes de Kabylie.
C'est une des parties les plus agréables et les mieux conçues
du Palais.
Dans l'immense salle des fêtes, des colonnes d'onyx massives et trapues
supportent une série d'arcs en fer à cheval, d'un beau dessin
qui frappe par son ampleur; la matière de ces arcs marquetés
de mosaïques est riche et précieuse; l'architecte, séduit
au cours d'un de ses voyages en Italie par la somptuosité de la Chapelle
Palatine de Palerme, s'en est souvenu ici; l'important pour lui était
de ne pas détruire, par l'abondance des décors multicolores,
l'impression générale de simplicité; il a heureusement
réalisé son dessein, créant ainsi une uvre qui
s'impose à la fois par sa belle ligne architecturale et sa valeur
décorative. Dans la grande galerie qui longe cette salle des fêtes
et donne sur les arbres admirablement élancés du parc, M.
Gabriel Darbéda s'est rappelé les conceptions vénitiennes.
Mais les réminiscences sont discrètes; l'unité de la
masse architecturale n'en souffre pas; les salles du premier étage
ont en particulier un air de grandeur qui répond entièrement
au caractère qu'on a voulu leur donner.
Lorsque furent édifiés les nouveaux bâtiments, on eut
l'idée d'enrichir certaines pièces d'un cycle de fresques.
Il y avait de grands espaces nus dans la salle des fêtes; l'occasion
était belle pour l'école de peinture qu'on appelle volontiers
" orientaliste " d'exprimer son originalité. M. Jonnart
sut la saisir et, sur l'initiative de M. Gabriel Darbéda, confia
la décoration picturale du Palais à des artistes qui, pendant
de longs séjours faits en Algérie, avaient pu pénétrer
profondément le caractère des murs et des horizons africains.
Il fallait éviter cet orientalisme factice, sans vigueur, ni sincérité,
qui a été de mode pendant si longtemps. Au cours du XIXe siècle,
de nombreux artistes ont peint des scènes algériennes avec
le clinquant superficiel et vide qui finit par rendre monotone ce qui devrait
être si coloré. Cette tradition malheureuse s'est peu à
peu perdue et on en est revenu aux notations précises et vécues
qui sont le charme et la beauté du carnet marocain de Delacroix.
Jean ALAZARD.
(Art et Décoration).
Plan initial
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Plan intermédiaire
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Plan final
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VISITE DU PALAIS D'ÉTÉ
L'entrée principale du Palais d'Eté
se trouve sur une placette traversée par la rue Michelet. De chaque
côté de l'hémicycle de la porte d'entrée du
parc, se trouvent placés les bustes des anciens Gouverneurs Généraux
et en face de l'entrée de l'autre côté de la rue,
la statue du Maréchal de Mac-Mahon.
On entre directement dans les jardins après avoir laissé
à droite le pavillon du portier et à gauche celui du corps
de garde. L'allée centrale est bordée à gauche par
de magnifiques yucca et à droite par des lataniers.
Une gigantesque corbeille de plantes exotiques et de fleurs de saisons
a été aménagée devant la façade principale
du Palais.
Autour d'une cour centrale pavée de marbre avec bassin hexagonal
et jet d'eau de marbre se placent, à droite les appartements présidentiels
et, reliant ces deux bâtiments, les salles de réception.
L'entrée d'honneur du Palais d'Eté est située du
côté des appartements présidentiels. Du porche on
passe dans un vestibule qui donne accès à la salle d'attente.
Cette salle est une reproduction du vestibule des anciennes maisons mauresques.
Son plafond en voûtes d'arêtes retombe sur des colonnettes
torsadées et jumelées, en marbre blanc. La base de ces colonnettes
repose sur un bahut en maçonnerie et servant de siège.
Les murs jusqu'à hauteur de la voûte sont revêtus de
faïences anciennes et modernes.
En quittant le vestibule on trouve la galerie de la salle des banquets.
Cette galerie se termine à ses extrémités par deux
larges escaliers en marbre blanc donnant accès, l'un à droite,
l'autre à gauche, à la galerie de la salle des fêtes
du premier étage.
L'escalier de droite ou escalier d'honneur est moderne; son départ
comprend deux volées s'ouvrant de chaque côté d'une
porte centrale pour aboutir à la galerie du premier étage
par une seule travée. Les murs de cet escalier sont revêtus
de faïences modernes; ces faïences d'une belle facture, qui
imitent les faïences persanes à reflets métalliques,
sortent des ateliers du céramiste Delduc.
L'escalier de gauche est celui de l'ancienne résidence. Cette partie
du bâtiment n'a pas été modifiée. Les jours
de réception, les invités accèdent à la galerie
de la salle des fêtes par l'ancien escalier et redescendent par
l'escalier d'honneur à la galerie de la salle des banquets.
La salle des banquets est divisée en 3 travées par des colonnes
polygonales en marbre de Carrare; les chapiteaux sont décorés
de pommes de pin. Les plafonds sont en bois de cèdre rehaussés
de filets d'or. Les poutres sont sculptées sur leurs 3 faces d'ornements
hispano-mauresques.
Les colonnes sont réunies par des arceaux en maçonneries
décorées de plâtres ajourés. Les trumeaux devaient
être tendus de cuir de Cordoue.
La salle des banquets est éclairée de grandes baies fermées
de boiseries en cèdre vernies et vitrées par des glaces
sans tain.
Cette salle est décorée à ses deux extrémités,
à droite par un panneau de faïences d'un très beau
style et à gauche par une cheminée monumentale en faïences
de style oriental; le panneau et la cheminée ont été
exécutés par les ateliers du céramiste Delduc. Toutes
les salles du rez-de-chaussée sont pavées de dalles en marbre
blanc.
Premier étage. Le plafond de la galerie de la salle des fêtes
est inspiré des plafonds des mosquées d'Orient. Les soubassements
des murs sont revêtus par des faïences et dans la partie haute
de frises décoratives peintes par Cauvy. Malheureusement ces frises
qui sont d'un très beau style et qui convenaient en tous points
à la décoration du pavillon de l'Algérie, à
l'Exposition des Arts Décoratifs, ne sont pas à l'échelle
des détails d'architecture de cette galerie, ni de ceux de l'escalier
d'honneur où on les a également placées.
Cette galerie est éclairée par des baies fermées,
par des boiseries semblables à celles du rez-de-chaussée.
L'ancien escalier à partir du niveau du premier étage est
moderne; un mirador a été ajouté du côté
des jardins. Son plafond comme celui de la galerie est inspiré
de ceux des mosquées d'Orient.
Les murs de la cage d'escalier sont décorés de panneaux
décoratifs de M. Marius de Buzon. L'un représente "
Un cortège " en montagne, l'autre un " Retour de marché
".
Voici ce que dit M. G.-S. Mercier sur l'ensemble de cette décoration
picturale
" Sur un fond montagneux synthétisant toute la Kabylie neigeuse
ou verdoyante, il a fait défiler en théorie pittoresque
les principaux types des habitants de ces régions : paysans rudes
et travailleurs, riches propriétaires néanmoins toujours
modestes dans leurs manières d'être, femmes allant à
la source, ouvriers revenant du travail, marchandes de retour du marché
et gagnant le petit village perché en nid d'aigle, sur un piton
escarpé, etc.
" Le peintre de Buzon a su baigner son uvre dans cette atmosphère
lumineuse, pure et glacée qui règne au printemps sur ces
montagnes. Sur la neige éblouissante ou sur la terre chaudement
colorée les masses des arbres s'opposent en valeurs nettes d'un
vert cru, tandis que les forêts lointaines s'étendent dans
un moutonnement bleuté : c'est d'une vision exacte et très
artiste. Quant aux personnages ils sont campés dans la vérité
même ".
Le plafond de l'ancien escalier est moderne, et orné de staff patiné.
Le plafond de l'escalier d'honneur est en forme de coupole octogonale,
décorée de plâtres ajourés exécutés
sur place par des artisans indigènes d'El-Oued. Cette coupole repose
sur des murs composés d'arceaux en maçonnerie, soutenus,
à leur base par des colonnes de marbre blanc, aux quatre angles
sur des arceaux en pendentif.
Sur le pourtour de la cage d'escalier on remarque une balustrade également
en marbre blanc d'un travail intéressant.
L'escalier est encadré sur ses 3 côtés par un portique.
Le portique qui forme le fond de la galerie s'ouvre par un triptyque sur
le panorama merveilleux des jardins et villas des coteaux de Mustapha
Supérieur.
La galerie est séparée de la salle des fêtes par des
baies cintrées fermées par des boiseries de cèdre
du plus pur mauresque. Les boiseries ont été exécutées
dans les ateliers de M. François Darbéda
Les jours de réception, ces portes s'enlèvent de façon
à réunir la salle des fêtes à la galerie.
La décoration de la salle des fêtes est d'inspiration byzantine.
Ces plafonds sont en bois de cèdre et sont du style de ceux de
la grande mosquée de Tlemcen; ils reposent sur de grands arceaux
et divisent l'ensemble du plafond en plusieurs travées.
Voici ce que dit Alex Charbey sur la décoration de cette salle
: " L'architecture de cette salle joint à une science des
proportions une justesse de vue et d'esthétique peu communes. Les
arceaux mêlent l'audace slave à l'élégance
orientale. Ces arceaux, en nombre considérable, sont soutenus à
leur base par des colonnes d'onyx sombre. Tout le reste, arceaux, claveaux,
douelles d'arceaux, est entièrement cloisonné de mosaïques
dont la tonalité principale est bleu turquoise et or. Les dessus
en sont arabes, hindous, orientaux, persans, égyptiens, dans une
forme décorative de la plus haute richesse et de la plus grande
sobriété de goût et de bon ton. L'auteur est le peintre
Antoni. Le mosaïste est M. Tossut ".
Les fonds de cette salle s'ornent d'une coupole dont le dôme figure
un paon aux ailes déployées d'une stylisation vigoureuse
et puissante. Les murs latéraux sont illustrés de peintures
murales d'Antoni. L'ensemble de cette salle des fêtes est comme
une merveille des " Mille et une nuits ".
Les soubassements des murs sont en marbre de Sienne à dessins très
curieux, les plinthes en marbre de Vérono. Les colonnettes des
baies géminées sont en albâtre de Pise. Les lustres
en cuivre ont été exécutés suivant les dessins
de l'architecte, dans les ateliers de Zagha en Syrie et de Petit-Monsigny
à Alger.
Le pavement de cette salle, qui est en mosaïques de marbre d'une
très heureuse composition, a été dessiné par
M. Gabriel Darbéda et exécuté par le mosaïste
Tossut. Cette salle communique, par de grandes baies cintrées semblables
à celles de la galerie, à un portique s'ouvrant sur les
jardins.
Pour accéder de la galerie des fêtes au salon présidentiel,
on descend un perron de plusieurs marches, en marbre blanc; le plafond
en staff est inspiré de l'art hispano-mauresque, les soubassements
sont en faïences de style persan.
Sur les murs, des peintures décoratives de l'artiste éminent
Léon Carré. Voici ce que dit Alex Charbey de ces panneaux
décoratifs.
" Sous les dentelles du plafond les parois de ce salon sont revêtues
de cinq panneaux représentant tout ce qui a trait à l'évocation
de ce pays grandiose et charmeur qu'est l'Algérie. Depuis les "
corsaires " dans leur nef audacieuse dont les voiles se mirent dans
la mer chantante, jusqu'aux confins du désert, le pinceau de Léon-Georges
Carré enchante oeil du visiteur ".
Le panneau principal qui mesure six mètres sur trois représente
la " Vie musulmane ". C'est dans le site édénique
de la campagne d'Alger, dans les jardins d'une villa mauresque, une scène
de touchante douceur.
Sous un figuier d'or, un vieillard arabe pensif, rêve, cependant
que parmi les roses, une mauresque hiératique contemple une de
ses compagnes dont la main donne à un mouton sa pâture. Le
tout est empreint d'une paix et d'une sérénité qui
dépeignent admirablement la grandeur de la vie patriarcale de notre
Orient.
Les " Corsaires ", " Sahara ", les " Cavaliers
", les " Gazelles " et une délicieuse " Pastorale
" aux ocres et aux bleus d'idéal, représentant un berger
- quasi romain dans son symbolique méditerranéen - sont
les témoignages de la vérité du talent énorme
et divers de Léon-Georges Carré qui est un très grand
artiste, et un maître.
Ce salon est éclairé sur ses faces latérales par
de grandes baies cintrées, fermées par des boiseries semblables
à celles de la salle des fêtes; on remarque une frise en
mosaïques dont le dessin représente des bases de bégonias
en fleurs de couleurs délicieuses. Le pavement de la salle est
en mosaïques de marbre, composé de dessins géométriques
et d'entrelacs.
Du salon présidentiel on pénètre dans le cabinet
de travail du Président, cette salle de forme carrée dont
le plafond est décoré en staff patiné est de style
oriental.
Les panneaux qui décorent les murs sont de Jouve qui illustra le
livre de la Jungle de Kipling.
Les soubassements des murs sont en boiserie de cèdre. A droite
de cette salle se trouve une salle de bains, dont les murs sont décorés,
dans leur partie basse, de faïences hispano- mauresques à
reflets métalliques.
A gauche s'ouvre la chambre à coucher présidentielle.
Cette pièce a été décorée de frises
de Cauvy, provenant de l'Exposition des Arts Décoratifs. Comme
les frises de la galerie, ces peintures n'ont pas été exécutées
pour la décoration de ces salles.
Pour se rendre dans les appartements privés il faut suivre le portique
qui longe le salon présidentiel et remonter dans la galerie de
la salle des fêtes.
Près de l'escalier d'honneur se trouve l'entrée de ces appartements.
Le public n'est pas admis à les visiter. On redescend par l'escalier
d'honneur et l'on sort par la porte centrale située sous l'escalier
d'honneur; on suit un dégagement voûté précédé
de quelques marches et on sort sur la façade N.-0. du Palais. Cette
façade est de pur style mauresque.
Elle a été surchargée en 1929 par un placage adossé
au bâtiment de la salle des fêtes, pour l'installation d'un
office au cas où le Gouverneur Général donnerait
un banquet dans la salle des fêtes.
En continuant vers l'ouest on découvre l'esplanade en hémicycle
établie devant la façade postérieure du Palais. Cette
façade est inspirée du style de celle du Palais des Doges
à Venise et surtout de celle de la Ca d'Oro.
Les arbres du parc composés de pins parasols, d'arbres de Judée
et autres essences font un cadre merveilleux à cette élégante
façade.
En poursuivant notre promenade vers le S.-E., nous découvrons une
façade de style mauresque dont la partie centrale est ancienne;
les 2 ailes avec leur mirador sont modernes.
Dans cette partie du parc les ficus sont aussi beaux que ceux du jardin
d'essai du Hamma.
Il ne nous reste plus à visiter que la " Douéra ",
pavillon composé d'un salon avec sur le devant une petite cour
mauresque, entourée de portiques sur 3 côtés. De cette
cour le visiteur découvre le splendide panorama de la baie de Mustapha,
et au premier plan le Bardo avec ses murs blancs ornés de bougainvilliers
violets.
En quittant la " Douéra " on reprend la grande allée
centrale pour gagner la sortie.
COMMENTAIRES SUR
LE PALAIS D'ÉTÉ
De M. Pierre BERCH
(Extrait du journal L'Afrique du Nord Illustrée).
Sur les coteaux de Mustapha Supérieur,
au milieu d'un parc luxuriant, en face d'une mer enchanteresse, le Palais
d'Eté, résidence du Gouverneur Général de
l'Algérie, dresse sa blanche façade. Des bougainvilliers
en fleurs font à ses portes mauresques une parure mauve et le soleil,
frappant de biais ses murs éclatants, étire démesurément
l'ombre svelte de ses colonnades.
C'est là une des plus belles demeures de la ville moderne. Ancienne
villa d'un chef indigène, elle groupe, autour d'une charmante cour,
les appartements privés du Gouverneur. A gauche et à droite
elle a subi des agrandissements notables qui conçus dans le même
style par un excellent architecte, homme de goût, M. Gabriel Darbéda,
ont sauvegardé son charme exotique et, sans rien détruire
de son harmonie, lui prêtent une certaine grandeur.
Rien n'a été ménagé d'ailleurs de tout ce
qui pouvait concourir à sa beauté. Remarquables sont les
salons du premier étage. On s'extasie devant la pureté lumineuse
des marbres de Carrare.
Des colonnes d'onyx ornent la grande salle des fêtes qui est, à
elle seule, une merveille, avec ses arceaux surbaissés où
des mosaïques multicolores font agréablement papilloter aux
yeux le somptueux kaléidoscope de leurs couleurs, sous un plafond
de bois travaillé, minutieusement décoré comme en
certaines mosquées de Tlemcen, et d'où pendent, immobiles
et lourds, des lustres de cuivre ouvragé qui évoquent le
lointain souvenir de Sainte-Sophie à Constantinople.
De M. X...
(Extrait du journal L'Illustration).
Durant son bref séjour à Alger,
le président de la République a été logé,
sur les coteaux de Mustapha Supérieur, dans le beau Palais d'Eté
qui est devenu, depuis quelques années, la résidence du
Gouverneur Général de l'Algérie. C'est en décembre
1913 que, sur l'initiative de M. Lutaud, on eut l'idée d'élever
cette demeure, qui est une des plus belles de la ville moderne. C'est
une ancienne habitation ; on en modifia à peine la structure générale
pour installer les appartements privés du Gouverneur, qui se groupent
ainsi autour d'une charmante cour mauresque.
A droite et à gauche de cette modeste villa, on voulut construire
toute une série de salons de réception et en particulier
une salle des fêtes et une salle des banquets. Un excellent architecte,
M. Gabriel Darbéda, fut chargé de l'exécution du
programme. Il conçut, dans an style mauresque, une grande et magnifique
habitation qui détache sa blancheur sur un parc à la végétation
luxuriante, comme il s'en trouve peu aux environs d'Alger. De la salle
à manger, décorée de belles tentures aux fines broderies,
on a une vue très étendue sur ces jardins, aujourd'hui si
fleuris, où dominent les arbres de Judée et les pins parasols.
Tel est l'ensemble de l'oeuvre qui, commencée sous le gouvernement
de M. Lutaud et continuée sous celui de M. Jonnart vient d'être
à peine achevée sous M. Steeg. Lorsque ce Palais, où
l'on jouit d'un des plus beaux points de vue de la Méditerranée,
sera entièrement décoré à l'intérieur,
il représentera un sérieux effort artistique, qui méritera
d'être connu et estimé.
De M. H. KLEIN
(à la suite d'une visite du Comité du Vieil Alger au Palais
d'Eté)
Dans la grande cour de marbre, M. de Galland, président,
après avoir exprimé au Gouverneur la reconnaissance du Comité,
rappela l'histoire de l'ancienne villa qui, après avoir appartenu
au ministre des Haras du Dey, fut transformée par le duc d'Aumale
en Palais Gubernatorial. De la résidence primitive, démolie
en 1913, il ne subsiste maintenant qu'une petite maison à jet d'eau
" la cousine pauvre, dit M. de Galland, du somptueux monument d'aujourd'hui
"; pauvre, mais combien délicieuse avec ses parures d'émail
et de bois sculpté et avec le sourire de ses fleurs.
Nous visitons les bâtiments nouveaux, uvre de l'architecte
Darbéda, qui, en la circonstance, témoigna d'un large éclectisme.
On vit ainsi le rez-de-chaussée cèdre sculpté et
doré, superbe avec ses imposants piliers à pommes de pin,
l'escalier décoré d'anciennes faïences la salle des
fêtes en mosaïques d'or dont la parole du président
souligna les beautés. On donna les noms des artistes qui décorèrent
cet intérieur : De Buzon, Antoni, Tossut, Delduc, Carré,
Alfonsi, Meki, d'autres encore.
Après un coup ilà la " Douéra ",
d'où la vue s'étend sur les villas du voisinage, après
une promenade dans le parc, on se rendit à l'esplanade. Là,
devant l'élégante loggia vénitienne de la résidence,
le président évoqua le souvenir du Palais des Doges, et
exprima le souhait que, dans l'avenir, se réalise ici un style
consacrant la forme définitive de la maison méditerranéenne.
salon présidentiel
|
De M. DINET, peintre orientaliste
(Lettre du 29 janvier 1925 à M. D...)
L'ensemble produit un effet très imposant et ce
Palais aux mille arcades, à la blancheur de neige, aux étages
successifs suivant harmonieusement les pentes du paysage, restera un des
meilleurs spécimens de l'Art Arabe appliqué à notre
civilisation moderne.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Vue des jardins du Palais d'Eté
et de la Douéra
|
2
|
Façade principale (Ancien Palais)
|
3
|
Cour de marbre (Ancien Palais)
|
4
|
Vue d'ensemble. |
5
|
Pergola et façade nord |
6
|
Pergola |
7
|
Plan de l'ancien Palais |
8
|
Plan du Palais d'Eté,
rez-de-chaussée |
8
|
Plan du Palais d'Eté, premier
étage |
9
|
Façade est |
10
|
Façade sud |
13
|
Portique sur l'esplanade. |
13
|
Cour d'honneur. |
14
|
Salon |
15
|
Galerie du rez-de-chaussée |
15
|
Grand escalier |
16
|
Ancien escalier et galerie du premier
étage |
19
|
Mirador de l'ancien escalier |
20
|
Ensemble de l'ancien escalier |
20
|
Salle des fêtes. Ensemble |
21
|
Salle des fêtes, côté
de la galerie |
22
|
Salle des fêtes. Détail
d'une travée. |
22
|
Salle des fêtes. Mosaïque
|
23
|
Salon présidentiel. Vue d'ensemble
|
24
|
Salon présidentiel. Plafond |
24
|
Galerie du premier étage |
25
|
Vue de la Douéra |
26
|
Cour mauresque de la Douéra |
27
|
|