Pour la première fois
en Algérie, et peut-être même pour la première
fois en Europe, une suceuse flottante est employée pour
dévaser un barrage.
Cette expérience qui est actuellement tentée au
bassin de compensation des Portes de Fer, dans le périmètre
irrigable d'Orléansville / Oued-Fodda, est due à
l'initiative du Service central des études générales
et des grands travaux du Service de la Colonisation et de l'Hydraulique.
Un barrage est fait pour un siècle
L'envasement des barrages, parfois rapide, est un problème
bien connu en Algérie. Les services techniques ne cessent
d'y songer, d'étudier des solutions, afin de retarder la
mort de ces constructions si coûteuses, mais indispensables.
Un barrage est, en principe, édifié pour durer un
siècle. On estime qu'alors l'envasement sera total,mais
qu'il aura largement rempli ses fonctions et amorti ses frais
de financement. Cette définition ne se réalise pas
toujours en Algérie.
Nous citerons l'exemple du barrage Steeg, mieux connu sous le
nom d'Oued-Fodda. L'envasement y est plus considérable
du fait que la vanne de fond n'a pratiquement jamais fonctionné.
On estime que, chaçue année, les apports de vase
sont de l'ordre de 4 à 5 millions de mètres cubes.
Le réservoir a une capacité de 225 millions de mètres
cubes, et il a coûté, avant-guerre, 150 millions
de francs !
Les Portes de Fer
Ce barrage est un ouvrage de régularisation dont la retenue,
initiale, était de 300.000 m3 environ, formant un réservoir
de mise en charge situé à l'origine d'un réseau
de grosses conduites forcées d'irrigation.
Son rôle est d'assurer, par le jeu d'un volant d'eau, la
continuité des débits d'irrigation pendant les arrêts
journaliers de l'usine hydroélectrique d'Oued-Foclda, placée
en amont, qui utilise 6 m3 seconde d'eau. Pour l'irrigation, le
réservoir débite en permanence 3 m3 seconde.
Actuellement, l'ouvrage des Portes de Fer a une capacité
évaluée entre 80 et 100.000 m3. Ce qui est nettement
insuffisant. Le bassin est, en effet, rapidement envasé
par des apports de matières solides provenant de petits
oueds : Khannous, Tlah et Hassana, qui viennent s'y déverser
par temps de pluie.
Pourtant l'ouvrage était doté de vannes levantes
permettant des chasses de dévasement partiel. Le résultat
a été insuffisant. D'où l'urgente nécessité
de faire appel à un autre moyen mécanique.
La suceuse « Espérance
»
Le Service central de la Colonisation et de l'Hydraulique chargea
la Cie des Dragages d'Oran d'expérimenter une suceuse commandée
en Italie, à Venise. Cet engin ne peut être employé
que pour des petits barrages, ou bassins de compensation, d'une
profondeur ne dépassant pas dix mètres.
La suceuse, baptisée « Espérance »,
fut livrée à Oran en juillet dernier. Le montage,
à pied d'oeuvre, commença fin septembre. Ce ne fut
pas une mince affaire. La coque se divise en quatre morceaux.
plus l' "élinde" . Huit wagons amenèrent
l' " Espérance » d'Oran à Oued-Fodda.
Là, le personnel et vingt camions gros porteurs de la Sté
Campenon-Bernard transportèrent la suceuse sur
les rives doucement inclinées du bassin des Portes de Fer.
Le montage
Le montage propre demanda alors vingt-cinq jours.
Auparavant, MM. Giraudet et Devez, ingénieur et adjoint
technique du Service des Irrigations, firent construire un «
bâtard d'eau » dans lequel fut coulée une plate-forme
en ciment. La forme obtenue ainsi fut vidée de son eau
et un chemin d'arrivée et de départ permit aux camions
de décharger les pièces sur les lieux mêmes
du montage.
M. Carduzi, ingénieur de la Cie des Dragages d'Oran et
son équipe s'occupèrent alors de l'assemblement
de la coque.
Caractéristiques
L' "Espérance » mesure 15 mètres de long
sur 6 mètres de large. Elle est équipée de
deux moteurs. L'un de
156 chevaux actionnant la pompe à " boue ". L'autre,
d'une puissance de 60 chevaux, actionne les treuils de papillonage
et d'avancement, la montée et la descente de l'élinde,
ainsi que le désagrégateur qui brasse la vase.
L' "Espérance » peut produire six cents mètres
cubes heure de mélange. Elle peut arriver à évacuer
cent m3 de solide.
Sa pompe à boue lui permet de refouler l'eau mélangée
à cinq cents mètres, tout en atteignant dix mètres
de hauteur.
La suceuse est entrée en fonction depuis novembre. Pour
l'instant, elle est en pleine période d'essais. Des modifications
pratiques sont faites par l'équipage.
D'autre part, l' "Espérance » a été
victime d'incidents légers, telle que la succion d'une
pierre de gavions qui alla se loger dans la pompe à boue.
AUTOMOBILISTES
Ne vous arrêtez jamais en deuxième position
La circulation serait embouteillée à cause de vous
.
(voir les articles.)
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