ORAN

L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN

L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN

Jeudi soir, à huit heures et demie, a eu lieu l'inauguration officielle du Théâtre municipal d'Oran. Le Maire et ses dévoués collaborateurs, heureux de donner à cette solennité artistique tout l'éclat et toute l'ampleur désirables, n'avaient rien négligé. Admirablement secondés par MM. Portal et Grazi, les sympathiques directeurs, qui surent composer un programme des mieux choisis, grâce aussi à des artistes de réelle valeur qui prêtèrent si gracieusement leur concours et qui nous promettent une saison que nous envieront certainement beaucoup de grandes scènes de la Métropole, la Municipalité d'Oran a atteint pleinement son but en démontrant qu'elle avait enfin doté la ville d'un théâtre digne de son importance.

Des huit heures et demie, sur la place d'Armes illuminée à giorno par les hardies ampoules électriques qui dessinent de gracieux festons de feu, embrasant le monument de Sidi-Brahim, une foule compacte se presse, témoignant ainsi que la population ne demeure pas indifférente à cette grandiose manifestation. Ceux qui sont là, attendant le passage des plus privilégiés, ont fort bien compris que les places du théâtre sont comptées et qu'il a été impossible de donner satisfaction à tout le monde. Aussi, pour que la joie soit générale, les trois sociétés de musique, toujours dévouées et qui ne manquent jamais l'occasion de se prodiguer, donneront-elles, durant les entractes, des auditions justement ovationnées.

D'ailleurs, la population est dignement représentée à la cérémonie par les autorités, les chefs de service des administrations et services publics, les bureaux des syndicats, sociétés et amicales conviés au gala. Par une délicate attention aussi, les ouvriers qui prirent part à l'édification du monument ont été invités et sont heureux et fiers d'assister à la consécration de leur œuvre. Le Théâtre est brillamment pavoisé et ses lignes gracieuses, adoucies encore par la lumière teintée de mauve que déversent les grands arcs électriques, se profilent dans un ciel qui semble nous montrer lui aussi de nouvelles étoiles.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1908. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.

Extrait de l'Echo d'Alger du 7-11-1908 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site: nov.2021

800 ko
retour
 

L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN
L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN
L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN


L'INAUGURATION OFFICIELLE DU THÉÂTRE MUNICIPAL D'ORAN

Jeudi soir, à huit heures et demie, a eu lieu l'inauguration officielle du Théâtre municipal d'Oran. Le Maire et ses dévoués collaborateurs, heureux de donner à cette solennité artistique tout l'éclat et toute l'ampleur désirables, n'avaient rien négligé. Admirablement secondés par MM. Portal et Grazi, les sympathiques directeurs, qui surent composer un programme des mieux choisis, grâce aussi à des artistes de réelle valeur qui prêtèrent si gracieusement leur concours et qui nous promettent une saison que nous envieront certainement beaucoup de grandes scènes de la Métropole, la Municipalité d'Oran a atteint pleinement son but en démontrant qu'elle avait enfin doté la ville d'un théâtre digne de son importance.

Des huit heures et demie, sur la place d'Armes illuminée à giorno par les hardies ampoules électriques qui dessinent de gracieux festons de feu, embrasant le monument de Sidi-Brahim, une foule compacte se presse, témoignant ainsi que la population ne demeure pas indifférente à cette grandiose manifestation. Ceux qui sont là, attendant le passage des plus privilégiés, ont fort bien compris que les places du théâtre sont comptées et qu'il a été impossible de donner satisfaction à tout le monde. Aussi, pour que la joie soit générale, les trois sociétés de musique, toujours dévouées et qui ne manquent jamais l'occasion de se prodiguer, donneront-elles, durant les entractes, des auditions justement ovationnées.

D'ailleurs, la population est dignement représentée à la cérémonie par les autorités, les chefs de service des administrations et services publics, les bureaux des syndicats, sociétés et amicales conviés au gala. Par une délicate attention aussi, les ouvriers qui prirent part à l'édification du monument ont été invités et sont heureux et fiers d'assister à la consécration de leur œuvre. Le Théâtre est brillamment pavoisé et ses lignes gracieuses, adoucies encore par la lumière teintée de mauve que déversent les grands arcs électriques, se profilent dans un ciel qui semble nous montrer lui aussi de nouvelles étoiles.

La Musique civile, l'Association Artistique, la Fanfare des Sapeurs-Pompiers et les Trompettes Oranaises arrivent aux sons de leurs marches entraînantes, conduites par leurs habiles chefs. Puis, les trois premières, groupées sous la magistrale baguette de M. Damaré, accueillent, aux accents joyeux de la Marseillaise, M. César Trouin, député; M. le Préfet, les généraux Lyautey, Wetzel, Espinasse et Vigy, le capitaine de frégate Conrat Bruat, commandant la défense mobile, arrivent successivement.

Au haut de l'escalier d'honneur, le Maire, entouré de ses adjoints, reçoit les invités. Puis. Mme et le docteur Colombani font les honneurs de la loge municipale, décorée luxueusement.

Y prennent place : M. César Trouin, député; le Préfet, Mme et Mlles de Malherbe ; le général Lyautev, accompagné de son officier d'ordonnance le capitaine Poéymireau ; le Président du Tribunal de Commerce et Mme Navarre ; le Président du Tribunal civil et Mme Royère.
Messieurs les Adjoints recevaient également dans leur loge
M. Vurret, 1er adjoint : le Général Wetzel, le Secrétaire général de la Préfecture et Mme Garobv.
M. Bartibas, 2ème adjoint : le Général Espinasse, le Secrétaire général de la Préfecture attaché aux affaires indigènes et Mme Pognon.
M. Béranger, 3ème adjoint : le Capitaine de frégate frégate Contat Bruat ; M. Etiennot, directeur des Postes et Télégraphes ; M. Stephanopoli, vice-président du Conseil de Préfecture.
M. Fraizet, 4ème adjoint : M. Leloutre, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées ; M. le Directeur des Domaines.

Les loges et fauteuils sont réservés aux autorités consulaires, civiles et militaires. L'aspect de la salle est féerique : les superbes toilettes de nos élégantes donnent à cette soirée comme une note de vernissage.

Après l'ouverture par la Musique civile qui exécute correctement une fantaisie sur Faust, la toute gracieuse Mlle Barroud, 1ère chanteuse légère, 1er prix du Conservatoire, lit, avec une diction et un sentiment qui font impression, cet exquis à-propos en vers d'une forme et d'une inspiration remarquables du jeune poète oranais Eugène Cruck, l'auteur si apprécié du Jardin des Chrysanthèmes, dont la renommée a déjà franchi la Méditerranée.
C'est un appel touchant aux musiciens et poètes épris du beau et aux muses leurs inspiratrices : l'appel sera certainement entendu, Mlle Barroud ayant eu des accents sublimes.

De nombreux applaudissements ont récompensé l'interprète et l'auteur ; celui-ci, réclamé par l'assistance, a dû se présenter sur la scène. Tout ému, il remercie Mlle Barroud, à qui une gerbe de fleurs est offerte, puis il va recevoir les félicitations de M. Trouin, député, du Préfet et du Maire.

M. Wirth, deuxième ténor, se fait ensuite entendre dans la romance de Mignon et l'on peut ainsi apprécier la souplesse de l'organe de l'artiste qui incarnera tour à tour Des Grieux, Werther, Wilhelm Meister.

Saint-Mars, de Gounod, chanté par Mlle Kintzler, deuxième dugazon, est un succès pour cette artiste qui parait allier aux meilleurs dons de cantatrice les qualités d'une parfaite musicienne.

M. Garrus, baryton d'opéra-comique, se fait entendre dans Benvenuto Cellini, où son organe chaud et coloré se trouve à son aise.

Le Fabliau de Manon fournit à Mlle Barroud l'occasion de faire apprécier de nouveau sa méthode sûre et son exquis timbre de voix.
Après l'exécution du Pays du Rêve, par l'Association Artistique, M. Cateyssous, fort ténor, interprète un passage de Sigurd, qui convenait parfaitement à ses moyens vocaux.

M. Malherbe, excellent dans Le Cor, de Flégier; puis, Mme Rambly-Malherbe, non moins bonne dans le grand air de la Reine du Saba, terminent la deuxième partie.
L'excellente fanfare des Sapeurs-Pompiers, très applaudie dans une fantaisie sur la Dame Blanche, ouvre la troisième partie, qui se continue par l'audition de Mlle Billault, 1ère dugazon, dans un air de Cavalleria Rusticana, dont elle traduit avec un bel élan de passion, la fougue amoureuse et l'expression artistique.
M. Mangane. basse chantante, fait preuve de qualités sérieuses dans Pensée d'Automne, et son partenaire, M. Rocca, ténor léger de l'Opéra-Comique, montre, en chantant un air de la Tosca, que sa réputation n'est nullement usurpée.

L'interprétation des œuvres inscrites au programme fut parfaite, les artistes ont eu les honneurs du bis. Le piano était tenu, avec maestria, par le sous-chef d'orchestre, M. Suès.

Durant les entractes, les œuvres du peintre Cortès, panneaux et fresques, et celles du sculpteur Fulconis, " La Source ", étaient très entourées et admirées.
La cérémonie terminée, les invités, après avoir manifesté leur satisfaction et remercié chaleureusement la Municipalité de ce régal artistique, se retirent et le flot s'écoule lentement, comme à regret, malgré les accents guerriers de Sambre-et-Meuse exécutée par les sociétés réunies.