Marthe Luccioni, enfant d'Alger,
qui fit ses premières études musicales à !a
Société des Beaux-Arts, pensionnaire depuis quelques
années de l'Opéra et de l'Opéra- Comique, vient
de réaliser le .plus beau réve qu'une chanteuse française
puisse faire : celui de chanter à la Scala de Milan.
Comme nous l'avons annoncé, la Scala reprenait, après
quatorze ans, la « Louise » de Gustave Charpentier au
cours de sa saison d'automne. A la veille de la première,
ces jours derniers, l'interprète italienne de l'héroïne
française, Orelia Fineschi, atteinte d'appendicite, ne put
chanter le rôle. Marthe Luccioni avait, en juillet dernier,
avec son camarade Paul Cabanel, de l'Opéra, synchronisé
1 à Rome le film italien sur le " Faust » de Gounod.
Le chef qui la conduisait,"Franco Capuana, était justement
celui qui devait diriger « Louise", " signala le
nom de la cantatrice française à la direction de la
Scala et c'est sur un simple télégramme que notre
charmante concitoyenne fut conviée " dans les vingt-quatre
heures à venir chanter "Louise » à Milan.
Nous avons eu le plaisir d'assister au très beau succès
de Marthe Luccioni, devenue titulaire de ce rôle écrasant
à l'Opéra-Comique. Elle apporta au milieu d'une somptueuse
distribution vocale, une note de finesse et de charme spécifiquement
français, d'autant plus qu'elle chantait le rôle dans
sa langue natale. Sa voix au timbre mélodieux, son jeu intelligent,
le charme de sa personne s'imposèrent au difficile public
italien et la presse milanaise a su souligner leur persuasive attraction,
Nous avons pu rencontrer Marthe Luccioni, radieuse de sa réussite,
et qui nous a conté les faits rapides qui la menèrent
à une si haute consécration. Emue à la pensée
de se produire sur la célèbre serre, elle n'a pourtant
pas connu le ?4trac », et elle toucha du bois pendant qu'elle
nous disait cela, au cours de l'exécution. Son succès
n'a fait que s'affirmer aux autres représentations du chef-d'oeuvre
de Gustave Charpentier.
Marthe Luccioni, que les Algérois art souvent applaudie,
a créé, la saison dernière à Paris,
le «Carrosse du Saint - Sacrement » d'Henri Busser.
Elle est régulièrement Thaïs, Marguerite de «
Faust » à l'Opéra, Manon, Louise, Mimi de «
la Bohème» à l'Opéra-Cormique. Elle est,
par deux fois, engagée cet hiver à Oran et chantera
ensuite en Belgique. Puissions-nous, à son passage en Algérie
et à Alger, où elle vient de faire un court séjour,
l'entendre sur notre première scène.
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