IDA DONEDDU vit
un rêve que la précipitation des événements
rend encore pita chimérique. Pourtant, elle se souvient bien
qu'il y a deux semaines à peine, elle se trouvait sur la
scène de l'Opéra de Paris, face à l'immense
gouffre de la salle or et rouge, devant un impressionnant aréopage,
auditionnant dans la « Flûte enchantée »
de Mozart. Elle y fut conviée parce qu'à Lyon, où
elle triomphait, M. Henry Malherbe, directeur de la musique à
l'Opéra-comique, était là, parce qu'elle était
le « coloratura » allant jusqu'ou contre-sol dièse
dont l'Académie nationale de musique avait le plus pressant
besoin.
Oui, il faut l'avouer, même
l'Italie manque de ces voix
exceptionnelles pour le grand répertoire où brillèrent
la Malibran, Adelina Patti et c'est la plupart du temps transposés
que ces rôles sont actuellement chantés.
L'histoire de notre gracieuse concitoyenne est toute simple. Elle
nous l'a contée alors qu'elle venait de regagner Alger pour
quelques jours seulement. Ida Doneddu a fait ses études au
Conservatoire d'Alger. Elle y a obtenu successivement les premiers
prix de comédie, de piano, d'harmonie et le grand prix de
chant dans la classe de M. Besserve. Elue fée des ondes en
1937, elle ne tardait pas a être remarquée par M. Carné
et entrait à l'Opéra. Elle rend hommage à ses
maitres, à M. et Mme Riva qui lui ont fait travailler son
répertoire, à M. Dieudonné, pour la mise en
scène et, livrée à son sûr instinct,
se soumettant à des efforts persévérants, elle
était devenue l'enfant gâtée des Algérois
et remportait, la saison dernière, à Casablanca, un
brillant succès.
Elle a pu, cette année seulement, aborder la métropole
non sans quelque angoisse, car Ida Doneddu avait su ne pas être
grisée par sa rapide réussite, attendant le jugement
des publics difficiles...
(suite dans l'article)
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