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Ses origines
Dès le lendemain du débarquement de 1830,
les indigènes reprochaient aux Français leur infériorité
dans la connaissance et le respect de Dieu. Ces amers reproches et la
crainte de conséquences politiques qu'une semblable opinion pouvait
entraîner, décidèrent le Gouvernement à envoyer
en Algérie, le clergé catholique et à y constituer
un évêché.
Monseigneur DUPUCH, originaire du diocèse de Bordeaux, fut désigné
pour occuper ce nouveau Siège dont l'autorité s'étendait
sur toute l'Algérie. Il devint le ler Elfe-que d'ALGER.
Il vint en 1839 quêter pour son diocèse, dans les maisons
duSacré Coeur de Madeleine Sophie BARAT, (avant son épiscopat,
il avait été aumônier des soeurs du Sacré
Coeur à Bordeaux) il s'arrêta à Lyon à la
Ferrandière, il y demanda une belle statue de la Vierge pour
sa cathédrale d'ALGER. Les religieuses s'engagèrent au
nom des Enfants de Marie de cette ville, de lui faire ce présent
et elles le prièrent de choisir à Paris, la statue désirée.
Arrivé à Paris, dans la maison du Sacré Coeur de
la rue de Varenne, le prélat fut frappé à la vue
d'une statue qu'on venait de placer sur une colonne ; il fut ravi et
désira avoir la pareille. Son désir fut communiqué
à Lyon. Ce fut une grande joie pour les Enfants de Marie de faire
reproduire ce modèle; c'est cette reproduction qu'elles offrirent
au zélé Pontife, le 5 mai 1840. D'ou venait cette statue
de la rue de Varenne ? Monseigneur de QUELEN, archevêque de Paris,
ne cessait de prier pour la conversion du Prince de TALLEYRAND. Il promit
à Notre Dame de la Délivrance (Calvados) - son pèlerinage
très aimé depuis son enfance - d'offrir une statue de
la Sainte Vierge, s'il obtenait cette conversion.
La grâce ayant été obtenue le 17 mai 1838, Monseigneur
fit exécuter une statue en bronze (sur le modèle de la
" Vierge de Bouchardon " ; il en fit exécuter une deuxième,
semblable à la première. Sur le socle des deux statues,
il fit graver ces mots " VIRGO FIDELIS ". La première
fut bénite et inaugurée à la Délivrance
le 8 septembre 1938. La deuxième fut offerte par Monseigneur
de QUELEN, au couvent du Sacré Coeur de la rue de Varenne à
Paris, en reconnaissance de l'hospitalité qu'il avait reçue,
lors de son expulsion de l'archevêché.
Tribulations de la statue " VIRGO FIDELIS
" offerte le 5 mai 1840 à Monseigneur DUPUCH ?
En la donnant à Monseigneur DUPUCH, les Enfants de Marie de Lyon
demandèrent (la Cathédrale étant en construction)
que la statue soit placée sur la terrasse de l'évêché
bien en vue des passants. Monseigneur DUPUCH voulut faire mieux : il
cherche à la placer sur le minaret d'une ancienne mosquée
qu'il venait de transformer en église sur le haut de la ville
sous le nom de Sainte Croix.
Ni cette pensée, ne celle des Enfants de Marie, n'ayant pu s'exécuter,
les donatrices demandèrent qu'elle fut confiée aux Soeurs
du Sacré Coeur de Mustapha d'ALGER. Il n'en fut rien, la statue
fut laissée dans un coin.
Lorsque en 1843, les Trappistes prirent possession de leur monastère
à STAOUÉLI, Monseigneur DUPUCH offrit la statue au Père
Régis, abbé de LA TRAPPE, qui la plaça au dessus
de la porte du monastère avec cette inscription " Posuerunt
me dustodem ".
" ILS M'ONT CHOISIE POUR GARDIENNE ".
Ame pure et confiante, ne soupçonnant jamais le mal, acculé
à de nombreuses difficultés, trompé par d'indignes
manoeuvres, abusé par des promesses qui ne devaient pas être
tenues, ayant des rapports très tendus avec le Gouverneur BUGEAUD,
Monseigneur DUPUCH regagne la France le 3 août 1841 et démissionne
en 1846.
Il est remplacé par Monseigneur PAVY, originaire de Lyon. Visitant
les Trappistes à STAOUELI, le Prélat passa souvent devant
la statue sans que personne lui en révéla l'origine ou
la destination.
Une lettre de Lyon en 1855, vint l'en instruire. Les dames du Sacré
Coeur, apprenant que l'Evêque se proposait d'élever un
sanctuaire de la Vierge Marie, lui dirent combien elles seraient heureuses
d'y voir honorée la Vierge offerte à son prédécesseur
en 1840. Monseigneur ignorait tout de cette statue !
Aucune hésitation n'était permise. Monseigneur PAVY se
rendit à STAOUELI, il s'adressa aux Trappistes " Vous avez
fait de cette madone la gardienne de votre maison, je viens vous la
demander pour en faire la Reine de l'Afrique ".
Les Pères lui répondirent que la statue lui appartenait,
mais ils déclarèrent qu'ils ne feraient pas à leur
Mère, l'injure de la descendre eux-mêmes de la place où
ils l'avaient mise. Monseigneur PAVY se chargea de l'opération.
Le lendemain, un chariot l'amenait à ALGER. En attendant l'achèvement
du grand sanctuaire marial entrepris par Monseigneur PAVY, une chapelle
provisoire avait été construite, elle venait d'être
achevée. Monseigneur vint Monseigneur PAVY, Deuxième évèque
d'Alger Fondateur de la basilique le 20 septembre 1857 y célébrer
la première messe. Il installa la statue de la "VIERGE FIDELE
" de la chapelle provisoire au nouveau sanctuaire. Marie était
ainsi désormais en possession de son église définitive
. En 1876, Monseigneur LAVIGERIE demande à Pie IX la faveur du
couronnement de la statue et l'érection de l'église en
Basilique. Le SAINT PERE agréa la requête. La cérémonie
fut fixée au 30 avril 1876, elle se déroula au milieu
d'une pompe incomparable.
A dater de ce jour, l'église prit le titre de Basilique de Notre
Dame d'Afrique. Chaque année, se célébrait la fête
de Notre Dame d'Afrique.
Documents consultés :
Archives : des Soeurs du Sacré Coeur de Poitiers, des Soeurs
du Sacré Coeur de Lyon (1840), des Enfants de Marie de Lyon (1840),
Vie de Mgr DUPUCH par Pionneau,
Vie de Mgr de QUELEN par Limouzin - Lamothe 2 vol.
Vie de Mgr PAVY par C. Pavy vie gén. d'Alger, Vie de Catherine
Labouré par Laurentin, La Vierge du Sourire par Fiat.
Texte remis par
Mme Huguette CHARVIER