Notre Dame d'Afrique
Unies pour l'occasion, l'Algérie et la France ont jugé que l'heure a sonné d'entreprendre les indispensables travaux de restauration de l'une des dernières églises du pays.
Extrait de " Aux échos d'Alger"- journal des villes et villages d'Algérie-n°98-sept.2007
19-10-2007

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Les Parisiens ont le Sacré Coeur de Montmartre, les Marseillais Notre Dame de la Garde, les Lyonnais Notre Dame de Fourvière. Mais nous, nous avions mieux. Nous avions Notre Dame d'Afrique que nous n'aurions échangés contre aucune des magnifiques cathédrales de l'ancienne Métropole.

Nous, les affreux colonialistes aux dires de certains qui n'avaient jamais posé un seul pied chez nous, nous n'hésitions pas à nous recueillir devant la Vierge noire. A une époque où l'on ne parlait pas d'oecuménisme, où beaucoup ignoraient le sens de ce mot, en nous agenouillant devant ELLE, nous demandions : «Priez pour nous et pour les Musulmans » qui, parmi les braillards nous traînant dans la boue aurait osé prononcer cette supplique ? Et Notre Dame d'Afrique veillait sur ALGER. Elle veillait sur l'Algérie. Elle veillait sur
l'Afrique.

Voilà bien longtemps que nous ne sommes pas " montés " à Notre Dame d'Afrique. 15 août, communion des enfants, remerciement pour un voeu exaucé, autant d'occasions de monter à Notre Dame d'Afrique. Mais on y montait aussi sans autre raison qu'avoir le plaisir de la saluer et, dominant la ville et la baie d'Alger, l'une des plus belles
du monde, d'admirer un panorama que nous n'oublierons jamais.

Il y a bientôt 150 ans, le cardinal LAVIGERIE consacrait cette basilique qu'il avait tenu à faire édifier sur ce promontoire sur lequel, depuis 1858, elle se dresse fière et accueillante dans un ciel toujours bleu.

150 ans, un bel âge penseront certains alors que notre chère basilique n'est encore qu'une adolescente aux côtés de ses aînées de Métropole. Pourtant le temps qui passe ne l'a pas davantage épargnée que les secousses provoquées par les tremblements de terre qui sporadiquement s'en prennent à l'Algérie.

Depuis 45 ans, depuis l'exode de 1962, la basilique de Notre Dame d'Afrique n'a pas reçu tous les soins dont elle aurait du faire l'objet. Reconnaissons-le sans intention de ne blesser personne .

Mais voilà qui va être réparé. Unies pour l'occasion, l'Algérie et la France ont jugé que l'heure a sonné d'entreprendre les indispensables travaux de restauration de l'une des dernières églises du pays. Prévus pour se prolonger durant 3 années, ces travaux, sous la responsabilité de Xavier David, architecte de la rénovation de Notre Dame de la Garde à Marseille qui, de loin en surveillera l'exécution, sont évalués à 5 millions d'euros.

Pour le financement de cette dépense, chacun a tenu à apporter sa contribution : l'Algérie, la France (Ministère des Affaires Etrangères, Région PACA, Conseil Général des Bouches du Rhône, Ville de Marseille) et aussi l'Union Européenne ainsi que des entreprises privées (Total et Sonatrach, Suez, Razel, Vinci, Ingerop). C'est dire que Notre Dame d'Afrique ne laisse personne indifférent.

Ce chantier, placé sous la protection de la Vierge Marie, dont la maîtrise d'ouvrage est assurée par la wilaya (Préfecture) d'Alger, tandis que l'entreprise française GIRARD a été choisie pour mener les travaux, se caractérise par une coopération étroite entre les deux pays. En outre, venus de Provence, des Compagnons du Devoir s'emploieront à former des Algériens à la taille de la pierre et à la restauration des monuments historiques au sein du chantier - école.

Ce n'est pas souvent que l'occasion nous est donnée de nous faire l'écho d'une information aussi positive en provenance de notre terre natale. Alors ne boudons pas notre plaisir.