Alger, Notre-Dame d'Afrique
La basilique de Notre-Dame d’Afrique

La basilique de Notre-Dame d’Afrique

Si nous trouvons à l’origine de la basilique de Notre-Dame d’Afrique un pèlerinage à la Sainte Vierge, comme tant de pèlerinages catholiques anciens, encore convient-il, pour mieux comprendre le sens de cette dévotion dans ce pays et la valeur historique de la colline de Saint-Eugène, de remonter jusqu’à l’Église primitive d’Afrique. Il faut donc relire les ouvrages - ou s’en souvenir - des grands docteurs que furent Tertullien, saint Cyprien, saint Augustin et saint Fulgence, reprendre les récits des esclaves chrétiens, méditer sur l’exemple de saint Vincent de Paul ou s’arrêter un instant sur les rapports relatant les faveurs, exceptionnelles obtenues depuis les temps les plus reculés à l’endroit même où s’élève aujourd’hui la basilique.

C’est surtout à partir du moment où fut connue la miraculeuse évasion de la famille Caggioli que l’idée, lancée par deux jeunes filles originaires de Lyon, de créer un pèlerinage, se développa.

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Article de l'Echo d'Alger du 2-7-1953- Transmis par Francis Rambert
mise sur site : juin 2024

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La basilique de Notre-Dame d’Afrique

La basilique de Notre-Dame d’Afrique

Si nous trouvons à l’origine de la basilique de Notre-Dame d’Afrique un pèlerinage à la Sainte Vierge, comme tant de pèlerinages catholiques anciens, encore convient-il, pour mieux comprendre le sens de cette dévotion dans ce pays et la valeur historique de la colline de Saint-Eugène, de remonter jusqu’à l’Église primitive d’Afrique. Il faut donc relire les ouvrages - ou s’en souvenir - des grands docteurs que furent Tertullien, saint Cyprien, saint Augustin et saint Fulgence, reprendre les récits des esclaves chrétiens, méditer sur l’exemple de saint Vincent de Paul ou s’arrêter un instant sur les rapports relatant les faveurs, exceptionnelles obtenues depuis les temps les plus reculés à l’endroit même où s’élève aujourd’hui la basilique.

C’est surtout à partir du moment où fut connue la miraculeuse évasion de la famille Caggioli que l’idée, lancée par deux jeunes filles originaires de Lyon, de créer un pèlerinage, se développa.

La « Notice sur le pèlerinage de Notre-Dame d’Afrique », publiée par le cardinal Lavigerie et complétée par Mgr Leynaud, nous reporte à l’époque où fut livrée la bataille de Lépante (octobre 1571). Cette famille, composée de la mère, de sa fille et de ses deux fils, fut capturée et séparée. La mère se confia à Marie. Douze ans après, vendue à un autre maître, elle retrouva là sa fille, puis - détenu dans un bagne voisin - l’un de ses fils. Ce dernier réussit à s’enfuir et à gagner l’Italie. Il revint avec une embarcation. Au même moment, le maître, atteint d’une grave maladie, mourait dans sa riche villa de la Vallée des Consuls. Sur le plateau de Notre-Dame d’Afrique la famille se
retrouva et put atteindre Naples, après avoir échappé aux poursuites d’un corsaire. Elle fut reçue par le pape Sixte V.

Les deux jeunes filles, inspiratrices du pèlerinage, furent Agarithe Berger et Anna Cinquin. Elles décidèrent Mgr Pavy, alors évêque d’Alger. Les pèlerins furent nombreux et il fallut bientôt songer à construire une chapelle.

Celle-ci fut inaugurée et bénite le 20 septembre 1857. Devant la foula sans cesse croissante, un projet de basilique fut étudié. Mgr Pavy ne reçut aucun secours des autorités civiles ; il s’adressa aux chrétiens du monde entier et, en France notamment, il fit une série de prédications pour obtenir quelques subsides. Pour la construction de l’édifice il prit lui-même la pelle et la pioche. Avec ses séminaristes et leurs maîtres, il ouvrit le chantier de la basilique, dont le style byzantin a été choisi « comme pour renouer la jeune Église à l’Église primitive ».

Commencés le 3 février 1858, les travaux de fondations furent terminés la 25 mai. De belles pierres de taille extraites des carrières de Kouba vinrent s’aligner et le 31 mai 1866, six mois avant sa mort, Mgr Pavy bénit la grande croix qui était fixée au-dessus de la coupole. Le cardinal Lavigerie continua l’œuvre de son prédécesseur. Retenons entre autres faits la consécration du sanctuaire qui eut lieu le 2 juillet 1872 et la cérémonie du 30 avril 1876, date à laquelle l’église prit le titre de basilique. A l’issue de cette cérémonie, deux épées : celle du maréchal Pélissier et celle du général Yusuf, furent offertes par les veuves des deux illustres chefs militaires.

Au chapitre des souvenirs, ajoutons que la basilique possède une cloche et une croix (celle du campanile) ramenées de Sébastopol, dons du maréchal Pélissier ; la canne légendaire du général Lamoricière, la médaille miraculeuse que portait à son cou le maréchal Bugeaud, la statue de bronze offerte par les élèves du pensionnat du Sacré-Cœur de Lyon à Mgr Dupuch, un bas-relief figurant la scène de la Présentation aux Mages de l’Enfant-Jésus (ouvrage du IVe siècle découvert à Carthage), une magnifique fresque qui domine la maître-autel et des milliers d’ex-voto qui témoignent des grâces extraordinaires obtenues.

S.Ex. Mgr Leynaud continue d’apporter tous ses soins à cette basilique, qui n’est pas complètement achevée et dont la garde est confiée aux Pères Blancs (R.P. Cazaunau, recteur ).

Précisons que le corps de Mgr Pavy et celui d’Anna Cinquin reposent dans la basilique. Agarithe Berger est enterrée dans l’ancienne chapelle.

En terminant notre courte étude sur les sanctuaires de la ville d’Alger, nous voudrions écrire quelques mots sur cette chapelle provisoire, située derrière la basilique et utilisée actuellement pour les cérémonies à caractère paroissial. Le mouvement religieux qui s’est développé autour de la basilique et les besoins du quartier ont décidé, en effet, Mgr Leynaud à fonder, en 1931, la paroisse de Notre-Dame d’Afrique.

L’ancienne chapelle, aux murs tapis sés d’ex-voto, garde tout son cachet historique, car c’est de là que partirent les premiers apôtres de la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), fondée à Alger en 1868 par le cardinal Lavigerie, qui présida ces émouvantes cérémonies.