L'Assunta ou fête du 15 Août
à Notre-Dame-d'Afrique
Chaque année, au
15 août, à l'occasion de la fête de l'Assomption
de la Vierge, la population italienne d'Alger célèbre
avec une grande exubérance, par des chants et des musiques, sous
le nom de " l'Assunta ", une grande cérémonie
en plein air.
Dès l'aube de ce jour de réjouissances, les mortiers et
les bombes éveillent les échos de la colline de la Bouzaréa,
vont se répercutant dans les ravins, annoncer aux habitants l'allégresse
générale. A cette heure matinale, les pèlerins
convaincus et se sacrifiant volontairement, gravissent péniblement,
sous les rayons du soleil, les pentes de la colline. L'air calme du
matin est déchiré par le carillon des cloches de la basilique
; sous les efforts de bras vigoureux les notes vont s'égrenant
dans le ciel pur, comme un divin encouragement aux fidèles matinaux.
Puis un peu plus tard, les autobus de la Maison Barzan, au grand complet
emportent en quelques instants, au but désiré, les moins
courageux ou ceux qui n'ont pu partir assez tôt d'un lointain
habitat.
Sur le parvis de la basilique, d'innombrables pèlerins de toutes
les nationalités se pressent, portant tous des cierges, qui forment
une forêt lumineuse.
Pendant toute la matinée c'est un continuel défilé
de fidèles se succédant sans cesse, se pressant aux pieds
de la Vierge pour implorer sa divine intercession.
L'artiste bien connu des dilettantes de musique sacrée, M. Foucauld,
organiste de l'Agha, fait retentir les voûtes de la basilique
de chants merveilleux. Comme chaque année, des artistes italiens
et français, prêtant un concours bénévole,
interprètent ele superbes morceaux de musique religieuse.
A l'heure du déjeuner, les groupes s'égaillent de ci de
là, cherchant des coins d'ombre. La gaîté règne,
sans que s'élève un seul cri discordant.
Le soleil est déjà aux deux tiers de sa course quand les
Fratelli font leurs préparatifs pour prendre place à la
procession qui est le clou de la fête de l'Assunta. Par suite
de la grande affluence de pèlerins, un autel a été
érigé en plein air. Des tribunes de fortune destinées
au clergé et aux autorités s'élèvent sur
le sol de la colline par le soin des charpentiers de la Marine. Une
statue colossale de la Vierge est auprès de l'autel exposée
à la dévotion des fidèles. Le clergé arrive,
un orateur, l'abbé Costagliola, redit en langue italienne la
mort et l'Assomption de la Vierge et ensuite a lieu la bénédiction
du Saint-Sacrement au bruit des bombes et des mortiers.
Puis commence la procession proprement dite ; des escouades de marins,
munis de longs supports enlèvent la statue de la Vierge et le
cortège, présidé par le Vicaire général
Teullières, représentant M. l'Archevêque absent,
se met en marche. Pendant deux kilomètres la procession parcourt
le quartier dit des Italiens, où des reposoirs, décorés
avec ce que l'on a pu trouver de plus précieux s'élèvent
de place en place. De nouvelles salves de bombes éclatent dans
l'air et signalent la fin de cette partie de la Fête de l'Assunta.
Lorsque soir est venu, l'esplanade s'embrase sous les feux de milliers
de lampes électriques et les sons harmonieux d'un orchestre annoncent
le début du feu d'artifice.
A travers un ciel d'une grande pureté, les fusées tracent
des sillons lumineux rivalisant de grâce avec les constellations
célestes, puis ce sont des soleils tournants, des cascades lumineuses,
des embrasements de toutes sortes, qui illuminent l'atmosphère
de leurs feux de couleur variées. Un bouquet éblouissant
ou se mêlent toutes les teintes d'arc-en-ciel, véritable
merveille de pyrotechnie, nous donne la mesure de la perfection atteinte
par la Maison Ruggieri, qui nous fît passer de si prestigieux
moments pendant les fêtes du Centenaire.
Cette belle fête du 15 Août 1930, se termine aux accents
de " la Marseillaise ", et la foule s'écoule sur les
pentes de Notre-Dame-d'Afrique, pendant que derrière elle l'ombre
prend lentement possession de la colline. Cette journée si réussie,
fait honneur au zèle du Comité d'organisation, auquel
nous apportons toutes nos félicitations.
Henri Murât.
La représenLa de la Madone portée par les pêcheurs
de la Marine,