I.e paquebot Ville-d'Alger de la Compagnie
Générale Transatlantique, qui vient de couler
à son poste d'amarrage, à la Joliette. Photo Besson.
A MARSEILLE
LE PAOUEBOT «VILLE D'ALGER"
COULE A SON POSTE D'AMARRAGE
Dans la nuit du 9 au 10
mai , le paquebot Ville-d'Alger. amarré au môle G. a coulé
vers deux heures du matin à la suite d'une voie d'eau. Le mistral
assez violent depuis quelques jours l'avait drossé contre le
quai et les tôles avaient cédé.
L'arrière disparut sous seize mètres d'eau, tandis que
l'avant, couché sur babord, émergeait jusqu'à hauteur
de la passerelle.
La Ville-d'Alger semblait vouée aux accidents de ce genre.
En septembre 1909. abordée au large de Planier par l'Orléanais
des Transports Maritimes à Vapeur, elle avait pu, par ses propres
moyens, atteindre Marseille et y débarquer ses passagers. Seul
M. Azoulay, secrétaire de M. Cuttoli avait trouvé la mort
dans cette circonstance.
Le personnel avait été vivement félicité,
en particulier celui de la machine, dont le chef était le mécanicien
Fournier qui, plus tard, devait trouver bord du Curthere.
La ville -d'Alger circula longtemps sur les lignes reliant la Metropole
à l'Afrique du Nord; on en avait commencé la démolition
eut 1914. Mais la guerre interrompit ce travail et le vieux paquebot
servit de ponton pour les prisonniers de guerre.
On s'accorde à dire, dans les milieux maritimes. que malgré
la gravité des avaries subies. la Ville d'Alger aurait pu ne
pas couler. Quelques remorqueurs joignant leurs efforts aux secours
immédiats qu'apportèrent le bateau-pompe la Jolietter
et le service des pompiers auraient évité la perte navire.
Il serait à souhaiter que des remorqueurs fussent de service
la nuit.
On ne peut plus songer, désormais, à d'autre opération
qu'à celle du renflouage de l'épave et de sa vente à
la ferraille.
Le Duc-de-Bragance amarré près de la Ville - d'Alger,
courait aussi de très gros risques il sera conduit et amarré
dans le vieux port.
La Ville d'Alger avait été construite à Saint-Nazaire.
C'est le dernier de la série des paquebots rapides qui desservaient
les lignes de l'Afrique du Nord avant la construction des courriers
actuels, tels le Timgad. le Duc-d'Aumale, le Charies-Roux.
Dumême type que la Ville-d'Alger. deux vapeurs sont encore en
activité : le Maréchaltl-Bugeaud et l'Eugène-Péreire.
Le Général-Chanzy se perdit corps et biens en février
1909 dans les parages des iles Baléares.
Enfin, le dernier, le Duc-de-Bragance. désarmé aussi depuis
longtemps. est destiné, ainsi que la 1'Ville -d'Alger. à
la démolition.
C'est une silhouette familière aux vieux Algérois qui
disparait ainsi. Ce paquebot. assez mauvais marcheur mais stable et
confortablement aménagé, était
presque régulièrement attaché à la ligne
Marseille - Alger. et on le recherchait pour !a traversée en
famille au moment de l'exode estival.
Il disparail après une carrière très remplie.