le
musée maréchal Franchet d'Espérey
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-------Il
est presque inconnu des Algérois et c'est pourtant celui dont la
visite procure le plus d'émotion, car il gît au coeur de la
Casbah et c'est à cette place que se sont décidées
les destinées de l'Algérie française. Pour y monter,
traversez à pied ce vieux quartier qui a hérité du
nom de la citadelle des Deys : c'est la transition nécessaire et,
si nous pouvons dire, sentimentale entre l'Alger moderne européannisé
et le vieil Alger encore tout plein d'un mystère qui se laisse difficilement
pénétrer. Au sortir du labyrinthe des rues étroites
et sombres s'offre tout à coup à vos yeux la masse énorme
de la citadelle se dressant sur un piédestal de terrains vagues où
pousse une végétation pauvre et que hante une étonnante
population. -------C'est par ici, en 1830, après la prise du Fort l'Empereur et la capitulation de la ville qu'entra le Maréchal de Bourmont, suivi de l'État-Major du Corps expéditionnaire et des premières troupes françaises. Du haut des remparts encore garnis de leurs lourds canons de bronze, évoquez un moment, devant la rade largement ouverte, les épisodes et la désastreuse expédition de Charles-Quint, du bombardement de Duquesne et de Lord Exmouth et, enfin, en 1830, le défilé de la flotte française de l'Amiral Duperré avant le débarquement de Sidi-Ferruch, et les yeux et l'esprit pleins d'images et de souvenirs, pénétrez dans l'ancienne Mosquée et dans la poudrière où est installé le Musée. Vous trouverez matérialisés, à portée de votre main, ces vestiges et ces souvenirs glorieux par quoi tout un passé ressuscite soudain. -------C'est à l'occasion du Centenaire que la création du Musée fut décidée, grâce aux efforts persévérants de quelques personnalités algériennes " d'origine ou de coeur ". Inauguré le 12 avril 1930, il devait être le " Musée Historique de l'Algérie ". Le colonel Doury, à qui fut confiée la tâche de l'organiser, s'inspira de trois pensées directrices : d'abord glorifier l'oeuvre de la conquête et de la pacification accomplie par l'Armée, puis rendre un hommage mérité aux efforts dépensés pour la mise en valeur du pays. Enfin, il était légitime et généreux d'exalter lesmanifestations de loyalisme que, sous l'impulsion des grandes familles les plus éclairées, la population indigène n'a cessé de multiplier. -------On accédait autrefois à la Mosquée du Dey par deux escaliers dont les portes à auvent sont encore munies toutes deux d'une inscripion rappelant que la mosquée a été construite par le Dey Hussein en 1818-1819. -------Dans l'escalier de droite, une porte donnait accès aux appartements de l'Imam. -------Légèrement modifiée par des ouvertures que nous avons fait pratiquer dans les murs et par des transformations successives, cette Mosquée garde pourtant intacte son élégante salle carrée ornée tout autour d'un rang de colonnes en marbre supportant un dôme octogonal. Une de ses quatre portes s'ouvrait sur un couloir permettant au Dey de se rendre directement de ses appartements à la Mosquée. -------En 1830, elle fut affectée au casernement des troupes. Un peu avant 1914, elle devint magasin d'habillement. Après la guerre, et jusqu'en 1930, elle était la salle de spectacle des zouaves. Aujourd'hui, elle est affectée aux souvenirs du Corps expéditionnaire de 1830. Au centre, des mannequins revêtus d'anciens uniformes représentent toutes les unités, comme au jour de l'occupation. Sur les murs, un vaste panneau historique où chacun des événements de la Conquête est évoqué par un document - et dans l'ancien Mihrab, des souvenirs du Maréchal Bugeaud. -------Dans les
vitrines, des objets chargés de souvenirs : les déco-rations
du colonel Boutin, la croix du matelot Beunon, un des trois marins qui
plantèrent le premier drapeau français sur la tour de Sidi-Ferruch,
les clefs de la Ville d'Alger, des objets provenant de la Mission Flatters
et des souvenirs du Maréchal Franchet-d'Espérey. G.S.MERCIER |