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UN MUSÉE GRÉVIN ALGÉROIS : LE MUSÉE FRANCHET
D'ESPÉREY
Une première reconstitution vient d'être réalisée
par le commandant MARTIN
LE PAVILLON DU COUP D'ÉVENTAIL RESTAURÉ DANS SON AUTHENTICITÉ
U
COUP D'ÉVENTAIL RESTAURÉ
DANS SON AUTHENTICITÉ
La place du Gouvernement
baignée de soleil ; la grande mosquée - mais sans son
horloge - ; les façades éblouissantes des maisons mauresques
et les terrasses escaladant la vieille ville...
De nombreux personnages en jaquette, redingote et hauts de forme, accompagnés
de femmes élégantes aux jupes longues à volants,
aux coiffures emplumées, se sont mêlés à
la foule indigène, beaucoup plus colorée, qui se presse
derrière le cordon du service d'ordre.
Les " lignards " aux uniformes rutilants contiennent, de leurs
larges épaules cet assaut pacifique. Devant eux, sur deux rangs,
les tambours de la Garde et leur majestueux tambour-major à la
tunique barrée des aiguillettes d'or, coiffé d'un immense
shako surmonté d'un opulent plumet tricolore. La jugulaire en
métal doré encadre dans un visage martial, la barbiche
à " l'Impériale " et les grandes moustaches
cirées.
Au centre, des personnages importants et des chefs arabes majestueux
entourent avec respect un maréchal de France : Thomas Robert
Bugeaud de la Piconnerie, duc d'Isly et gouverneur général
de l'Algérie.
Pour un peu on entendrait le roulement des tambours et la sonnerie des
cuivres...
Mais que font donc ces personnages figés dans une scène
qui semble marquer un moment solennel ?
Nous sommes en septembre 1844 : le président de la-Société
agricole de l'Algérie remet en grande pompe au " Père
Bugeaud " une épée d'honneur portant sur sa garde
la devise célèbre du maréchal : " Ense et
aratro "... par la charrue et par l'épée.
Mais revenons à la réalité... Ne sommes-nous pas
devant la première reconstitution, en Algérie, d'une scène
historique avec des personnages de cire habillés comme au musée
Grévin de Paris ? Elle est l'uvre du commandant Martin
dans une des salles du musée Franchet d'Espérey qu'il
dirige avec autant de compétence que d'amour de traditions de
l'armée d'Afrique.
En regardant de plus près, on voit que seuls quelques personnages
ont été réalisés en cire, grandeur naturelle
et habillés de vêtements d'époque. La foule et le
décor ont été obtenus par l'artifice d'un très
beau diorama dû au talent de M. Raoul Vincent.
Projets d'extension
C'est là un coup d'essai qui vaut un coup de maître et
nous ne saurions assez féliciter leurs auteurs.
Mais nous avons appris, au cours de notre visite, que le commandant
Martin entend bien ne pas en rester là.. Il a bien voulu nous
indiquer quelques-uns de ses projets.
Citons. entre autres : la reconstitution d'un bivouac de tirailleurs
et celle d'une scène fastueuse au cours de laquelle, à
Versailles, Napoléon III et l'impératrice Eugénie
reçurent, l'émir Abd-el-Kader. nouvellement promu commandeur
de la Légion d'honneur.
D'autres " tableaux " sont envisagés, nous dit le commandant,
mais leur mise en chantier ne sera décidée qu'après
un séjour que je dois faire à. Paris et au cours duquel
je tacherai de me procurer les personnages de cire dont j'ai besoin.
Le pavillon du " coup
d'éventail " est restauré
En sortant du musée. nous eûmes la surprise de constater
que le pavillon du " coup d'éventail " venait, lui
aussi, d'être exactement reconstitué par M. Christofle,
architecte du Gouvernement général, suivant les plans
de M. Georges Marçais, membre de l'Institut, dont la science
en matière d'histoire et d'art musulman est universellement reconnue.
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" Mais alors, mon commandant, l'ancien pavillon n'était
donc pas d'origine ? " demandons-nous au commandant Martin.
" L'ancien pavillon, nous répond notre guide, avait été
restauré à l'occasion des fêtes du centenaire de
l'Algérie, mais comportait de nombreuses erreurs. "
Voilà. donc qui est fait - et bien fait - et nous ne saurions
mieux conclure que par cette invitation à nos concitoyens et
aux nombreux touristes :
" Algérois retournez voir le musée Franchet-d'Espérey
vous ne le reconnaîtrez plus et il vous procurera la satisfaction
de vous replonger pour quelques instants, dans le souvenir très
émouvant d'un passé algérien lourd d'histoire et
de gloire.