Musée Savorgnan de Brazza
La translation des restes de Savorgnan de Brazza
Afrique du nord illustrée du 2-10-1919 - Transmis par Francis Rambert
déc.2020

Un peu plus de cent ans après son décès et à la demande de ses descendants, les corps de l’explorateur français, de son épouse et de leurs quatre enfants, ont été exhumés, le 1er octobre 2006, du cimetière chrétien des Brus, dans le quartier d’El Madania sur les hauteurs d’Alger, où ils reposaient[11], pour être transférés vers Brazzaville.
https://www.wikiwand.com/fr/Pierre_Savorgnan_de_Brazza
500 Ko
retour
 

TEXTE reproduit sous les "images".

La translation des restes de Savorgnan de Brazza--------

La translation des restes de Savorgnan de Brazza

La Translation des Restes de Savorgnan de Brazza

Avant de mourir, le grand explorateur Savorgnan de Brazza avait dit sa volonté d'être inhumé à Alger, au cimetière de Mustapha. Déférant à ce désir suprême, la veuve du défunt fit construire un monument à Mustapha, sur l'emplacement offert par la Ville, et ordonna la translation des cendres qui a eu lieu le 22 décembre avec un apparat officiel.

Arrivée la veille, la dépouille mortelle de Savorgnan de Brazza était exposée dans une chapelle ardente que le commandant du Félix Touache avait fait dresser à son bord. Mme veuve de Brazza, le comte de Chambrun, député de la Lozère, beau-frère de l'explorateur, accompagnaient le cercueil.

Les autorités civiles et militaires vinrent s'incliner respectueusement devant les restes de l'ancien Gouverneur général du Congo, puis commença l'imposante cérémonie décrite par les instantanés de nos photographes.

Le défunt étant commandeur de la Légion d'honneur, les honneurs militaires étaient rendus par un bataillon de zouaves, avec le drapeau et la musique, commandés par le colonel Gard, du 1er zouaves, un piquet de marins sans armes escortait la prolonge d'artillerie drapée de pavillons tricolores et ornée de palmes vertes.

Parmi les notabilités présentes on remarquait : MM. Varnier, secrétaire général, représentant le Gouverneur général de l'Algérie, en France ; Verne, préfet d'Alger, représentant le Gouvernement ; le général Bailloud, commandant le XIXème Corps d'armée : les généraux Bertrand du Grancey, Drude ; les commandants Drogue et Grandconseil, le lieutenant de vaisseau Laffont, de la maison militaire du Gouverneur général.
MM. Salmon et Moreau, secrétaires généraux de la Préfecture ; Aynard, directeur du cabinet ; David, Merciecca, Luciani, conseillers de Gouvernement ; Démontés, adjoint au Maire, représentant M. Savignon ; Serre, docteur Fuster, Jamar, Pamart, Rozier, conseillers municipaux : le contre-amiral Arago, commandant la Marine en Algérie ; Vacher, premier président de la Cour d'Appel ; Lacanaud, directeur, et Lys du Pac, rédacteur en chef de la Dépêche Algérienne : Boutier, directeur de l'Agence Africaine ; Moucheront, directeur des Douanes ; Jourdan, président du Tribunal de Commerce : Day, directeur du P.-L.-M. algérien ; Rouzaud, directeur des chemins de fer algériens de l'Etat ; Dousseau, chef de cabinet du Préfet ; Huré, chef de cabinet de M. Varnier ; commandant Chaylard ; Dollin du Fresnel, agent commercial du P.-L.-M. ; Willot, inspecteur général des Postes et Télégraphes: Armand Mesplé, président de la Société de Géographie; Pelleport, vice-président, et une délégation des membres de la Société ; de Samboeuf et une délégation des membres de la Ligue Nationale ; Cherfils et une délégation de la Ligue Maritime : Coudray, directeur de la Compagnie de Navigation Mixte ; Petit, architecte ; Mélia, consul du Pérou ; Burke, consul du Portugal : l'agha Lakdar : Ali Chérif, conseiller général ; les représentants des Consulats généraux à Alger; des délégations d'officiers de tous les corps de la garnison et de la Défense mobile, etc.

Salué par l'exécution de la Marche funèbre, de Chopin, le cercueil fut placé sur la prolonge et les personnages officiels prirent place au centre du carré formé par les troupes pour entendre les discours.

M. Varnier prit le premier la parole :
" Je ne veux pas ici, dit-il. retracer la carrière de M. de Brazza et mettre en lumière les services qu'il a rendus à la Patrie : une voix plus autorisée que la mienne s'est acquittée de cette tache.
" Je viens saluer, au nom du Gouvernement de la République, la dépouille mortelle de de Brazza à son arrivée dans cette deuxième France et redire encore bien haut la reconnaissance de la Mère-Patrie. Je veux aussi dire, au nom de l'Algérie, combien elle est heureuse d'avoir été élue pour garder le précieux dépôt que nous allons aujourd'hui confier à son sol ; quelle émotion et quelle fierté nous avons ressenties en apprenant que la digne compagne du grand homme nous remettait le soin de veiller sur son précieux trésor.
". Nous déposons aux pieds de Mme de Brazza nos hommages respectueux, l'expression des remerciements de toute la population algérienne. "
Définissant la carrière de Savorgnan de Brazza, l'orateur poursuit :
" Lui, le conquérant pacifique, l'homme si bon. si désintéressé, suivait d'un œil particulièrement attentif la politique du Gouvernement envers les indigènes. Il appréciait les idées de justice et de bonté qui sont les bases de cette politique. Justice d'abord : pour faire respecter notre domination, nous ne voulons user qu'avec une stricte équité de la force dont nous sommes dépositaires ; bonté aussi : pour faire aimer cette domination, et non pas cette bonté dédaigneuse qui se borne à atténuer les souffrances physiques, à améliorer les conditions d'existence matérielle, mais bonté affectueuse, telle que l'éducateur la ressent pour ses enfants : bonté faite surtout de confiance dans l'avenir de la race au profit de laquelle elle s'exerce. Nous voulons, nous espérons fermement rapprocher de nous nos sujets musulmans en les faisant participer à nos connaissances et à notre idéal..."

Et M. Varnier terminait en ces termes : " Nous chercherons ici notre réconfort, nous tournerons nos regards vers le coteau de Mustapha où repose le bon Français qui n'a jamais désespéré, qui a, malgré tout, toujours persévéré et avec un courage si simple, une abnégation si complète, à su mener à bien la grande tache qu'il s'était tracée : ouvrir de nouvelles et vastes surfaces à la civilisation el rendre la France plus grande et plus glorieuse. "

D'autres discours furent prononcés : par M. Verne, au nom du Gouvernement ; par M. Démontés, au nom de la Municipalité ; le général Bailloud, au nom de l'Armée, et M. Pelleport, au nom de la Société de Géographie.

Après les discours, le carré lut rompu et, devant le corps, devant Mme de Brazza, le comte de Chambrun et le comte de Richement, représentant la famille, le bataillon de zouaves défila au son de la marche de Sambre-et-Meuse.

Le cortège s'ébranla ensuite. Immédiatement après le cercueil venait un sous-officier de zouaves portant, sur un coussin, les décorations du défunt.
Le deuil était conduit par la veuve de l'explorateur, son frère, M. de Richemont et M. Brunache, administrateur de commune mixte, ancien compagnon de mission de Savorgnan de Brazza.

L'absoute fut donnée à la chapelle Sainte-Marie, étincelante de lumière et drapée de noir. Puis le cortège se dirigea, par le boulevard Bru. vers le cimetière de Mustapha.

En présence des autorités le cercueil fut placé dans le caveau de famille où les restes de Savorgnan de Brazza dormiront du dernier sommeil dans cette terre africaine à laquelle il donna sa vie et qui gardera ses cendres.


Transfert de la dépouille de l’explorateur

Un peu plus de cent ans après son décès et à la demande de ses descendants, les corps de l’explorateur français, de son épouse et de leurs quatre enfants, ont été exhumés, le 1er octobre 2006, du cimetière chrétien des Brus, dans le quartier d’El Madania sur les hauteurs d’Alger, où ils reposaient[11], pour être transférés vers Brazzaville.

Trois membres de la famille de l’explorateur, Niccolò di Brazzà, Roberto Pirzio-Biroli et Pietro di Serego Alighieri, ainsi qu’un membre de la famille de sa femme, Pierre-Antoine de Chambrun, assistaient à l’exhumation des corps.

L’ambassadeur du Congo, Jean-Baptiste Dzangue, et le consul de France en Algérie, Francis Heude, les ambassadeurs de France, Hubert Colin de Verdière, du Sénégal Saïdou Nourou Ba, d’Italie, Battista Verderame, et un représentant du ministère algérien des Affaires étrangères, étaient également présents. Le cercueil de Savorgnan de Brazza était recouvert du drapeau français.

Les restes ont ensuite été embarqués à bord d’un avion cargo spécialement affrété par le Congo, à destination de Franceville puis de Brazzaville, où ils ont été réinhumés le 3 octobre 2006, en présence des présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, centrafricain, François Bozizé, et gabonais, Omar Bongo Ondimba, du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et du successeur du roi Makoko Ilo qui avait signé le traité avec Brazza, Auguste Nguempio, accompagné par la cour royale. Les représentants des Teké ont été invités à la cérémonie à la demande de la plupart des descendants de l’explorateur, qui sont liés aux Teké par un lien de sang.

Le caveau familial de Savorgnan de Brazza à Alger, monument le plus élevé du cimetière, était surmonté d’un buste de bronze de l’explorateur. Situé près de la Mairie Centrale, le mausolée qui a reçu ses cendres à Brazzaville n’est pas moins imposant. Constitué d’une coupole en acier et verre, recouvert de 500 tonnes de marbre blanc de Carrare, il est décoré à l’intérieur par une grande fresque représentant les grands moments de la vie de l’explorateur, réalisée par des artistes de l’école de peinture de Poto-Poto. Le buste de bronze d’Alger, restauré, va accompagner les restes de Brazza dans son nouveau mausolée.